Envirocat : Une nouvelle usine chimique à La Pallice pour l’industrie des agrocarburants

Par Philippe Baroux

Envirocat : Un avenir pour l’ancien dépôt des essences

La société EnviroCat Atlantique se lance dans la production d’un composé chimique entrant dans la fabrication du biocarburant. Site choisi : l’ancien dépôt des armées.

Au premier plan de cette vue aérienne, l’ancien dépôt des essences des armées que vise EnviroCat Atlantique pour produire du méthylate de sodium. (photo Dominique jullian)


L’énoncé qui figure sur la plaquette de présentation ne va pas par quatre chemins. On peut lire que le « projet EnviroCat Atlantique » est une « contribution au développement durable à La Rochelle ».

Si l’on considère que la production de carburant biodiésel s’inscrit dans une telle perspective, alors « oui », la plaquette dit vrai. Sinon, on se contentera d’observer une communication bien ficelée.

De quoi s’agit-il ? Construire un atelier de production de méthylate de sodium, sur le site des anciens dépôts de carburants des armées, à la Pallice. Le groupe savoyard Alkaline et le Rochelais SISP (filiale de Sica Atlantique) scellent ici leur coopération dans une filiale nommée EnviroCat Atlantique. Les demandes de permis de construire ont été déposées les 7 et 12 décembre derniers (1).

C’est alors qu’un représentant d’un cabinet spécialisé en communication industrielle a pris son bâton de pèlerin pour rencontrer des représentants d’associations de défense (Respire, Nature environnement), du Grand Port maritime, des mairies des Nieul-sur-Mer et de Rivedoux. Manière de tirer des leçons de transparence des épisodes Picoty et Holcim ? L’avenir dira si la démarche a su convaincre.

25 000 tonnes par anMais, quèsaco le méthylate de sodium ? Un composé chimique sans lequel les huiles végétales et (ou) animales ne peuvent être transformées en biocarburant. Le communicant, Emmanuel Beaurepaire a un mot pour le qualifier : c’est un « catalyseur ».

Il souligne que 15 à 17 kilos sont nécessaires pour produire une tonne de biodiésel. Le site sera dimensionné pour une production annuelle de 25 000 tonnes de « catalyseur ». Ce modèle industriel est situé au plus près des producteurs de biodiésel qui sont implantés à Montoir-de-Bretagne (Loire-Atlantique), Chalandray (Vienne), et Bassens (Gironde).

Où EnviroCat se détache nettement du peloton, c’est dans son procédé de fabrication. Il renonce au mercure qu’emploient en Allemagne les deux seules usines existantes en Europe.

Et cela tombe plutôt juste, une courte navigation sur le Net informant d’un échange au Parlement européen sur le sujet. Les députés déploraient l’émission dans l’air et l’eau de 50 kilos de mercure résultant de la production de méthylate de sodium. Au regard de la toxicité de ce métal lourd, le Conseil des ministres de l’Environnement invitait les États membres à considérer les conversions vers des technologies sans mercure. Nous étions en mars dernier. EnviroCat s’inscrit donc dans cette nouvelle logique.

Emmanuel Beaurepaire ajoute : « la sécurité est une priorité absolue dans ce projet. » Les premières habitations de la Pallice sont à 500 mètres et le site est localisé aux franges du quartier les plus proches des installations portuaires de la Repentie. Le risque principal, c’est l’incendie : les installations sont équipées d’un système d’extinction automatique. « Il n’y a pas d’extension significative des zones de dangers existantes. »

Pour produire du méthylate de sodium, que faut-il ? D’abord du sodium métal. C’est la spécialité d’Alkaline, il arrivera de Savoie par la route. Dix camions par jour pour atteindre les besoins du site. L’option transport par le rail n’est pas écartée.

Du méthanol entre aussi dans la recette. Son stockage sur le site réclamera un classement en seuil haut selon la directive Seveso 2. Un produit qui arrivera par cargo et rejoindra le site par le pipeline, qui le reliera au terminal pétrolier du môle d’escale. L’équivalent d’une dizaine de navires par an.

Les opérateurs annoncent aussi la création de 12 emplois directs sur le site, et 20 indirects « confirmés par les transporteurs et les prestataires locaux ». « Nous voulons créer un courant positif autour du projet, souligne Emmanuel Beaurepaire. Sica Atlantique a parfaitement conscience du contexte local, aussi, tout ce qui pouvait être pris en compte par rapport à l’inquiétude et à des remises en cause sur la sécurité l’a été. » Les premiers kilos de méthylate de sodium sont annoncés pour 2013.

(1) La demande de permis de construire de l’atelier précède celle du permis de construire les stockages.

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