Rhodia à La Rochelle – Projet Coléop’terre : Recycler les ampoules : une idée lumineuse ?

Par Pierre-Marie lemaire

 

L’usine de Chef-de-Baie veut se lancer dans le recyclage des lampes basse tension usagées pour en extraire les terres rares. Les écologistes s’inquiètent.

Nom de code : Coléop’terre. Opérateur : Rhodia. Le projet est actuellement soumis à enquête publique. Le dossier peut être consulté à la préfecture, à la mairie de La Rochelle et à la mairie annexe de Laleu. Il prévoit l’implantation au sein de l’usine de Chef-de-Baie d’une unité de recyclage des ampoules basse tension usagées pour en extraire les terres rares qu’elles contiennent. L’industriel espère obtenir l’autorisation d’exploitation début 2012 pour une mise en production au second semestre.

Les terres rares n’ont de rares que le nom. On les trouve un peu partout dans le sous-sol, principalement en Chine qui détient la moitié des réserves connues et contrôle à 97 % le marché mondial. Leurs applications sont multiples dans la haute technologie, de la dépollution automobile aux téléviseurs, en passant par l’optique et les lampes.

200 tonnes

Le procédé breveté par Rhodia, leader mondial dans la transformation des terres rares, doit lui permettre de gagner (un peu) d’indé- pendance face à ses fournisseurs chinois et d’anticiper une pénurie orchestrée des matières premières liée à la hausse spéculative des cours.

1 000 tonnes de poudres luminophores seront traitées annuellement dans les deux usines Rhodia de Saint-Fons (Rhône) et La Rochelle pour en extraire quelque 200 tonnes de terres rares. C’est peu en regard de la production rochelaise (environ 10 %), « mais il s’agit de terres rares « lourdes », les plus rares et les plus chères », souligne Frédéric Fournet, patron de l’usine de Chef-de-Baie. Investir une dizaine de millions d’euros pour valoriser des déchets jusqu’alors envoyés à la décharge, voilà qui devrait réjouir les écolos. Eh bien non. Dans un communiqué signé Brigitte Desveaux, le groupe local d’Europe écologie-les Verts (EELV) fait la fine bouche. Il s’inquiète d’un procédé de recyclage « dont on ne connaît pas encore les nuisances et risques » et qui met en œuvre « des produits toxiques » comme le « carbonate de zirconium dopé cérium ».

Les rejets de cette nouvelle production « s’ajouteraient aux pollutions déjà excessives » du site, poursuivent les Verts. Ils soulignent que la Dreal (Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement) a jugé « trop succincte » l’étude d’impact sur l’environnement présentée par l’industriel. « Nous avons diminué nos rejets de plus de 60 % en dix ans, rétorque Frédéric Fournet. Ils sont très largement en dessous des normes imposées par l’arrêté préfectoral de décembre 2010. Une étude indépendante de l’Institut Pasteur de Lille vient de démontrer qu’ils n’avaient pas d’impact sur la faune et la flore aquatique. »

Quant au projet Coléop’terre, « il utilise les meilleures technologies disponibles dans le procédé de recyclage et dans le traitement des effluents gazeux et aqueux. » De même, il ne remet pas en cause le plan de prévention des risques technologiques adopté cette année.

« C’est une compétence unique qui a été développée à La Rochelle et qui participe au développement et la pérennité du site. »

Lire l’article dans Sud-Ouest….

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