Egalité pour les femmes migrantes

La vie professionnelle, l’accès aux droits sociaux, à la santé et la participation à la vie publique sont toujours plus difficiles pour les femmes que pour les hommes. Or depuis 2008, elles sont majoritaires parmi les migrants installés en France. C’est l’un des constats sur lesquels s’est appuyé le groupe de travail sur l’Egalité pour les femmes migrantes pour concevoir un rapport destiné au Ministère des Droits des Femmes en février dernier sur leur place dans la société française. En voici quelques axes…

Les constats de blocages sociaux à la participation des femmes à la vie économique, sociale et culturelle sont alarmants et sans appel, en particulier dans les quartiers où sévit déjà une forte ségrégation. Le rapport identifie notamment trois freins à l’inclusion des migrantes :

1-      La barrière linguistique

Différentes sources s’accordent à souligner que les femmes ont une moindre maîtrise de la langue française que les hommes à durée de présence en France égale, ce qui induit des difficultés d’accès au droit commun. Ce différentiel est principalement lié à leur plus faible inclusion sur le marché du travail.

2-      La déqualification

L’élévation scolaire des migrants au cours du temps est avérée mais les femmes ont davantage de difficultés à traduire leur certification en place effective sur le marché du travail. Il y a donc une mécanique de déqualification à l’œuvre, alors que 45% d’entre elles sont titulaires d’un équivalent bac  ou plus.

3-      La violence faite aux femmes

Les enquêtes convergent pour montrer que les femmes migrantes sont plus souvent victimes d’agression sexuelles, de vols et de violence au sein du ménage que le reste de la population féminine en France.

Si ces freins sont majeurs et battent en brèche une interprétation culturaliste par trop diffusée dans le débat public, le rapport insiste toutefois sur les ressources détenues par les migrantes, en particulier les célibataires et les pionnières, souvent sous-estimées au profit d’une image dépendante et passive : leur capital expérientiel et leur capacité d’adaptation sont hors du commun. Leur plurilinguisme n’est par ailleurs pas estimé à sa juste valeur. En effet, les langues régionales sub-sahariennes, asiatiques ou arabes ne sont pas valorisées dans les cursus scolaires et dans le monde social en général ; c’est pourtant une ressource indiscutable.

Le bilan de ce groupe de travail propose donc dix recommandations pour favoriser l’égalité pour les femmes migrantes :

–          Construire un parcours d’intégration sur la durée

–          Augmenter le taux de prescription des actions linguistiques pour favoriser l’accueil et la formation

–          Mieux outiller les accompagnants, notamment pendant leur formation initiale

–          Accompagner les victimes de violences

–          Instituer un référent dans les préfectures afin de porter une attention aux démarches des femmes étrangères victimes de violences

–          Simplifier les méthodes d’établissement des attestations de comparabilité des diplômes

–          Impliquer les acteurs économiques pour lutter contre les freins à l’embauche des femmes immigrées

–          Droits sociaux : simplifier les démarches à engager pour l’accès aux droits

–          Encourager la création et l’animation des associations par les femmes, développer les lieux d’accueils enfants/ parents pour soutenir la parentalité

–          Favoriser l’accès à la mobilité

Un rapport à lire d’urgence ici : http://www.ladocumentationfrancaise.fr/var/storage/rapports-publics/144000126/0000.pdf

 

JH

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