Archives de : deuxsevres

  1. “Avec beaucoup d’amour, je peux aller au bout du monde…”

    Lundi soir, Eva Joly était l’invitée de Laurence Ferrari pour la nouvelle émission politique de TF1, « Paroles de candidat », de 22h à 22h45.

    Elle y était interviewée par plusieurs journalistes : François Bachy (TF1), François-Xavier Piétri (TF1), Michel Field (LCI), Françoise Fressoz (Le Monde), Etienne Gernelle (Le Point) ; mais aussi interrogée par 14 citoyens et citoyennes, venuEs poser leurs questions à notre candidate.

    Débattez des propositions d’Eva Joly à l’aide de son projet présidentiel « L’écologie, la solution »

    Voir l’émission

  2. Réponse à la lettre ouverte de Féministes en Mouvement

    Chères, chers, féministes en mouvements,

    Je vous remercie pour votre lettre ouverte et tient dores et déjà à vous rassurer. Si je pense que les droits des femmes ont avancé ces dernières décennies, je suis intimement convaincue que l’égalité n’est en rien acquise entre les femmes et les hommes. Les chiffres, vous les connaissez, je les connais. Ils me révoltent. Oui, les inégalités sont encore criantes et, oui, seule une volonté politique forte pourra les faire disparaître.

    En novembre je me suis rendue aux Halles, à Paris, pour soutenir les femmes de chambre de l’hôtel Novotel qui se sont mises en grève pour dénoncer leurs conditions de travail. Elles symbolisent à mes yeux à la fois la précarité, l’invisibilité dans laquelle les femmes sont trop souvent enfermées, et aussi le manque de valorisation du travail des femmes dans notre système patriarcal. En sortant de l’ombre pour exiger le changement, elles prouvent leur existence et leur détermination, elles symbolisent le combat des femmes, un combat jamais achevé.

    Je suis l’une des très – trop ! – rares femmes candidates à l’élection présidentielle qui s’annonce. Le sexisme ordinaire que vos associations dénoncent avec justesse, je le vis dans la presse et ses commentaires depuis les quelques mois que je rencontre les Françaises et les Français en vue de cette échéance. Même si je pense qu’un autre candidat que moi, issu de l’écologie politique, défendrait avec la même ardeur l’égalité entre les femmes et les hommes, l’expérience de ces inégalités compte.

    Je répondrai à votre courrier de façon très simple. Si je suis élue Présidente de la République, je créerai un Ministère pour l’Egalité entre les femmes et les hommes, j’introduirai une prime salariale pour chaque heure travaillée par un-e employé-e à temps partiel, je créerai 400 000 places en crèches tout en réintroduisant la possibilité de scolariser les enfants dès deux ans. L’augmentation – sensible – du nombre de place d’accueil pour les femmes victimes de violences sera déterminée par un rapport de l’Observatoire national des violences faites aux femmes qui sera mis en place dès 2012. Je lancerai par ailleurs un plan massif d’éducation et de formation afin de lutter contre les stéréotypes de genre, et de favoriser l’émancipation de chacune et de chacun.

    Au-delà de ces engagements, et des nombreux autres que vous retrouverez dans mon projet pour gagner la bataille de l’égalité femmes-hommes, je souhaiterais vous livrer ma vision d’une écologie politique fondatrice d’une transformation féministe de la société.
    Les écologistes ont toujours été porteurs des révolutions citoyennes en germe.
    Et pour porter ce changement et cette vision, c’est donc une approche globale, transversale, compréhensive qu’il faut adopter. Prenant en compte le long terme comme le moyen ou le court terme, l’écologie politique vise à transformer radicalement nos cadres et nos codes. Comme nous le faisons sur l’énergie, l’économie, la biodiversité ou le travail, nous construisons le projet d’une émancipation de chacune et de chacun, sans laquelle la politique d’égalité entre les femmes et les hommes ne sera qu’une addition de mesures dépourvue de projet global.

    Depuis le début des combats des femmes et des féministes, les idéologies de droite comme de la gauche classique n’ont pas su répondre au défi fondamental de l’égalité des sexes et des genres.

    Le libéralisme n’y a pas répondu car il porte en lui la compétition entre toutes et tous, il promeut une vision conservatrice de la division du travail public et privé, il détruit les droits sociaux qui affaiblissent encore davantage les moins favorisé-e-s, et donc les femmes.
    Ca nous le savons et, je crois, nous le partageons.

    Le socialisme aussi a échoué. Construit sur l’invisibilisation des inégalités de sexe derrière les inégalités de classe, il a exercé voire renforcé les pratiques de la domination masculine. Le bon travailleur c’est l’ouvrier à plein temps. Ca ne sera jamais l’aide ménager-e qui cumule huit employeuses ou employeurs dans la semaine avec des chèques emploi-service.

    Par ailleurs, la réalité concrète des citoyennes et des citoyens dans notre société a changé. Les modèles sur lesquels nos politiques ont été conçues, fiscales, familiales, éducatives, sont fondés sur une très forte division sexuée des rôles et des codes entre les femmes et les hommes. Aujourd’hui la société a évolué plus vite que les politiques publiques. Le modèle familial, par exemple, explose : si la famille reste pour beaucoup de femmes un lieu de servitude, de nouveaux modèles familiaux sont le laboratoire de la réorganisation sociale. Les stéréotypes de genre sont interrogés par les citoyen-ne-s eux-mêmes.

    C’est pourquoi j’en appelle à une véritable mutation de la société. A travers la mise en œuvre d’un nouveau contrat social, qui s’appuiera sur la garantie et l’extension des droits conquis des femmes, une lutte déterminée contre les stéréotypes de genre et les codes, la conquête de l’égalité réelle entre les femmes et les hommes.

    C’est ce défi qui doit guider notre réflexion et notre action politique pour ne laisser personne au bord du chemin et parvenir, ensemble, à une véritable égalité des sexes et des genres ancrée dans l’émancipation de toutes et tous.

    Je suis ravie de pouvoir poursuivre avec vous cette discussion le 7 mars prochain et vous adresse mes meilleures salutations.

    Eva Joly

  3. Eva Joly : « Nous sommes tous des Grecs »

    Mesdames, messieurs,

    Ce que j’ai vu à Athènes devrait être vu par tous les dirigeants européens. Pourtant cela fait des mois qu’aucun n’a fait le déplacement pour aller voir sur le terrain les conséquences de la politique d’austérité.

    Aujourd’hui, nous sommes tous des Grecs. Car ce qui passe en Grèce concerne tous les Européens.

    Et ce qui est imposé aujourd’hui est inacceptable.

    Que voulez-vous dire à une mère de famille qui voit son salaire réduit de 22 % alors qu’elle ne parvenait déjà pas à nourrir sa famille ?

    Que voulez-vous dire à un jeune de moins de 25 ans qui est au chômage sans espoir de trouver un emploi comme la moitié de sa génération ?

    Que voulez-vous dire à un retraité qui se trouve sans ressources depuis que les pensions ont étés baissées ?

    Aujourd’hui en Grèce, il y a un sentiment de désespoir et de révolte profonde. Les citoyens craignent une dérive autoritaire. Ils ont l’impression d’avoir été abandonnés par l’ensemble des politiques quelques soient les partis. Ils ont le sentiment qu’il n’y a plus d’espoir, et que quoi qu’il arrive l’État jouera toujours contre eux.

    Ils ont accepté un premier plan d’austérité, sans broncher.

    Ils ont accepté un second plan d’austérité, parce qu’ils savaient toujours que des réformes étaient nécessaires.

    Aujourd’hui, ils en sont au neuvième et la situation ne fait que se détériorer et les conditions sont toujours plus dures et violentes.
    Après le vote du Parlement dimanche de la semaine dernière, ceux qui avaient voté « pour » ont cru au moins que le financement serait débloqué immediatement. À ce jour, les fonds prévus par la Troïka n’ont toujours pas été envoyés.

    Les mesures imposées par la Troïka sont bien connues. Ce sont les mêmes mesures que le FMI a imposé en Afrique, en Argentine ou au Brésil sous le nom de Plan d’Ajustement Structurel. Ces remèdes ne marchent pas, et le remède en devient vite le poison.

    La Troïka obéit à une idéologie néo-libérale plutôt qu’à une logique de développement d’un pays.

    La crise n’est pas uniquement une crise financière. Les conséquences de cette crise sont d’abord sociales et écologiques.

    Sociales, parce que c’est l’injustice qui règne. Tandis que de riches grecs continuent de bénéficier du secret bancaire pour protéger leurs économies en Suisse et que la corruption est très répandue, la majorité des Grecs se trouvent aujourd’hui dans l’exclusion et le dénuement.

    Environnementales, parce que la politique d’austérité touche aussi l’environnement. Tout d’abord, les Grecs se nourrissent chaque jour plus mal avec ce qu’ils trouvent et ce qu’ils peuvent, mettant en danger leur santé. Mais aussi parce que l’orthodoxie libérale amène à sacrifier les principales ressources, notamment en légalisant toutes les constructions illégales sur le littoral, comme l’a dénoncé le directeur du WWF.

    Pourquoi, en tant que candidate à l’élection présidentielle française, me suis-je rendue en Grèce ?

    Parce que ce qui se passe là-bas ne fait que préparer une récession dans toute l’Europe.

    Les premières mesures qu’a subies la Grèce, nous les connaissons déjà : forte hausse de la TVA, recul de l’âge de la retraite, diminution du nombre de fonctionnaires.

    La solution à la crise en Grèce comme en France, c’est l’Europe et l’Écologie.

    L’Europe ne doit pas être le problème, elle est la solution.

    C’est uniquement par une solidarité européenne majeure que nous parviendrons à stopper l’hémmoragie sociale qui touche la Grèce aujourd’hui, mais se répand déjà au Portugal, en Espagne, en Italie, et peut-être demain en France.

    C’est uniquement par un saut fédéral et démocratique que nous pourrons donner un cadre à l’action que nous devons mener dans l’ensemble de ces pays.

    Ceux qui disent agir au nom de l’Europe et agissent en fait aux ordres de Merkel et Sarkozy sont en train de défaire l’Europe, car ils la transforment en menace plutôt qu’en facteur de paix.

    Avec le Groupe des Verts au Parlement Européen, cela fait plus d’un an et demi que nous portons cette parole. Sans la solidarité et la justice, il n’y aura pas de prospérité.

    C’est pourquoi il nous faut un nouveau traité qui vise non pas à rassurer les banques et les financiers de la City et des grandes places européennes, mais qui mette au coeur de leur souci les citoyens, en commençant par les citoyens grecs.

    J’ai baptisé ce traité, « Traité d’Athènes », parce que je pense que l’ensemble des dirigeants européens devrait venir se pencher sur la situation de la Grèce et y apporter les réponses, plutôt que de la regarder de loin comme un fardeau. Nous sommes tous concernés.

    Nous devons mettre en commun nos dettes au niveau européen pour que le fardeau soit partagé, renégocié et n’écrase pas un pays.

    Nous devons imposer une législation qui écrase le secret bancaire et aide à lutter contre les paradis fiscaux, avec une taxe sur les transactions financières, pour qu’il n’y ait pas d’un côté les victimes, et de l’autre les bénéficiaires de cette crise.

    Nous devons remplacer le pacte de stabilité qui est devenu un pacte d’austérité, par un pacte de solidarité.

    Nous devons permettre un grand plan d’investissement écologique au niveau européen, pour qu’en Grèce comme dans le reste de l’Europe, nous puissions prendre la voie de la transition écologique et de la création de nouveaux emplois. C’est ce que les Grecs attendent aujourd’hui.

    Nous devons réussir un fédéralisme budgétaire qui mette en commun un budget européen, un impôt commun et les moyens d’agir.

    Nous devons mettre en place un audit européen des dettes publiques pour que la transparence soit faite sur les conditions dans lesquelles nous sommes arrivés là.

    Le traité proposé par Merkozy nous pousse dans la même impasse que celle proposée par la Troïka en Grèce, parce qu’il poursuit les recettes idéologiques qui ont échoué en Grèce comme ailleurs.

    Nous avons besoin d’un Mécanisme Européen de Solidarité.

    Le Mécanisme de Stabilité tel qu’il est proposé au vote de nos assemblées ces semaines ne répond pas à la crise. Il prévoit des conditions sans préciser lesquelles : pourront-elles être demain un dixième ou un onzième plan d’austérité en Grèce ?

    Le MES n’est pas un Trésor européen qui nous permettrait d’appuyer la Grèce. Le MES tel qu’il nous est proposé n’est pas suffisant, car il est lié à une potion amère qui est inacceptable.

    C’est pourquoi nous refusons le piège de Sarkozy qui voudrait résumer l’Europe à son match avec Marine Le Pen : l’austérité pour tous, ou la sortie de l’euro.

    Ce n’est pas la vocation de l’Europe que d’être l’otage des replis nationaux et des égoïsmes politiques. D’autres solutions existent.

    Ces réformes, elles ne sont pas pour dans six mois ou dans un an, nous pouvons les mettre en place dès maintenant.

    J’ai écrit une lettre il y a quelques mois à l’ensemble des candidats à la présidence de la République , je renouvelle mon appel : mettons-nous tous autour d’une table et allons proposer les véritables solutions au niveau européen. Allons rencontrer l’opposition allemande, qui elle n’a pas choisi la cure d’austérité imposée par Merkel et Sarkozy.

    Je lance un appel à toutes celles et ceux qui croient dans l’Europe. Nous devons sauver la Grèce pour sauver l’Europe. Nous pouvons sauver l’Europe pour sauver l’ensemble des citoyens du péril de la récession.

    L’austérité n’est pas une fatalité.

    La Grèce ne peut pas attendre.

    L’Europe ne peut pas attendre.

    Je vous remercie.

    Eva Joly

  4. L’impasse dramatique du mal-logement : immolation et décès d’une mal logée à St Denis

    La femme qui s’est immolée hier, mercredi 15 février, dans l’enceinte de la mairie de Saint-Denis (93) vient de décéder de ses blessures. Elle vivait seule avec ses six enfants, était hébergée par le 115 et avait peur de se retrouver à la rue à la fin de la trêve hivernale.

    Eva Joly réagit :
    « Je tiens à exprimer toute ma compassion et ma solidarité à la famille de cette femme désespérée, ainsi qu’à toutes celles et ceux qui, partout en France, sont non logés et mal logés.
    Fallait-il en arriver là pour qu’enfin le gouvernement agisse contre la précarité et le mal logement ?
    La situation du mal logement est grave et tout particulièrement dans toutes les communes de l’Est parisien de première couronne, de Saint-Ouen à Montreuil en passant par Saint-Denis et Pantin, avec des files d’attente de milliers de personnes. Ces communes ont pourtant souvent plus de 40 % de logements sociaux, elles accueillent et assument les plus précaires, et se sentent aujourd’hui abandonnées, contraintes de gérer des files d’attente et de trancher entre les situations très urgentes et les cas encore plus dramatiques.

    Les prix des loyers ont augmenté de plus de 50 % en 10 ans, le rapport 2012 de la Fondation Abbé Pierre révèle que 10 millions de personnes sont touchées par la crise du logement. Les familles monoparentales, à 80 % une femme élevant seule ses enfants, sont plus particulièrement touchées. Une véritable politique du logement est nécessaire pour réguler et encadrer les loyers ; construire plus de logements et notamment de logements sociaux partout sur le territoire ; rénover les logements et réhabiliter ceux dégradés et insalubres. »

  5. José Bové et les faucheurs volontaires injustement condamnés !

     

     

    José Bové, député européen EELV et porte-parole d’Eva Joly, a été condamné avec ses compagnons faucheurs volontaires en appel d’une relaxe à leur jugement pour avoir fauché un champs d’OGM en 2008.

    Eva Joly, candidate écologiste à l’élection présidentielle, a tenu à réagir : « Je dénonce ce jugement qui est clairement en faveur de Monsanto. A 15 jours de la décision sur la clause de sauvegarde, on sent la volonté hypocrite du gouvernement à faire avancer le dossier OGM avant le départ de Nicolas Sarkozy. La connivence du politique et du judiciaire dans cette affaire n’entraînera que la confiscation d’une alimentation saine pour tous les Français.
    Les procès faisant de Monsanto l’entreprise reine des scandales sanitaires sont pléthores et il y a deux jours, l’entreprise était une nouvelle fois reconnue responsable de l’empoisonnement d’un agriculteur français.

    L’action de José Bové et des militants qui l’ont accompagné, c’est la seule opposition politique qui fasse exister le débat sur le plan médiatique. La désobéissance civile qu’ils incarnent devrait être saluée. Aujourd’hui, ils sont condamnés à payer une exorbitante somme d’amendes et d’indemnités. C’est une véritable honte. 130 000 euros, ce n’est rien comparé au bénéfices de Monsanto, c’est énorme pour des citoyens. C’est un chantage financier contre la démocratie. A leurs côtés, je milite pour l’interdiction pure et simple de toute culture d’OGM en France, et plus largement en Europe.»

  6. Le président des valeurs : nous n’avons pas les mêmes

    Le président-candidat Nicolas Sarkozy a annoncé ce soir sa candidature à l’élection présidentielle. Il a voulu se présenter comme un « président des valeurs » ; mais nous n’avons pas les mêmes…

  7. Engager la transition énergétique

    1) Réduire de 30 % les émissions de gaz à effet de serre d’ici 2020, par rapport à 1990, pour limiter le réchauffement de la planète sous les 2°C. Engager tous les territoires et les secteurs d’activités, en commençant par l’agriculture, à anticiper et à s’adapter dès à présent aux changement climatiques.

    2) Organiser la sortie du nucléaire en 20 ans. Créer un pôle d’excellence industrielle en matière de gestion des déchets et de démantèlement des centrales, pour maintenir ainsi les emplois dans la filière.

    3) Faire de la France un leader industriel des énergies renouvelables, en produisant 40% de notre énergie par des sources renouvelables dès 2020 (hors carburant).

    4) Rénover un million de logements par an, d’ici 2020, au niveau « basse consommation d’énergie », en commençant par ceux dans lesquels vivent les huit millions de personnes en situation de précarité énergétique. Les bâtiments publics seront tous rénovés d’ici 2030. Ce plan permettra la création de 400 000 emplois d’ici 2020 dans le secteur du BTP.

    5) Investir quatre milliards d’euros par an dans les transports alternatifs à la voiture et au camion, en commençant par améliorer la qualité et l’offre de trains sur le réseau ferré local, et en développant le fret ferroviaire.

     Communiqué de Michèle Rivasi : Rapport énergies 2050 : des conclusions aussi partiales qu’irresponsables pour un avenir énergétique durable

  8. Christian Vanneste : un nouvel outrage inacceptable fait à l’histoire

    Christian Vanneste a qualifié de « légende » la déportation des homosexuels pendant la seconde guerre mondiale.

    Eva Joly, candidate écologiste à l’élection présidentielle, déclare : « Le député UMP Christian Vanneste désormais coutumier des dérapages homophobes vient de passer un cran supplémentaire dans l’ignoble en niant la réalité de la déportation des homosexuels pendant la 2ème guerre mondiale. Il le fait d’ailleurs avec des phrases et en dénonçant un « lobby homosexuel » infiltré dans les médias qui fait une référence sans nuances aux propos négationnistes.

    La déportation des homosexuels, massive en Allemagne, a concerné des dizaines de Français pendant les années noires de l’occupation. Désormais reconnue officiellement par les autorités françaises et citée dans les cérémonies annuelles de la déportation, la déportation homosexuelle est aujourd’hui un fait historique documenté.

    Nier l’existence et la souffrance de ces milliers d’êtres déportés pour leur orientation sexuelle renvoie à la même abjection que leurs bourreaux.

    L’UMP – qui a trop tardé à sanctionner Christian Vanneste ne doit pas seulement aujourd’hui l’exclure, mais elle doit aussi contribuer à le faire battre, car de tels propos ne sont pas admissibles sur les bancs de la représentation nationale. »

  9. Réformer l’Ecole, repenser l’éducation par Philippe Meirieu

     

     

    A l’occasion de chaque échéance électorale importante, on annonce à l’avance que l’éducation en sera l’un des thèmes majeurs. La déception est, en général, à la hauteur des espérances. Mais, en 2012, il semble, fort heureusement, qu’il n’en sera pas ainsi ! Et nous le devons, paradoxalement, à Nicolas Sarkozy : sa politique scolaire fut, en effet, tellement catastrophique qu’on peut parler aujourd’hui d’une école en totale dépression. Depuis cinq ans, les décisions brutales se sont succédées à grande vitesse : abolition des programmes du primaire de 2002, pourtant largement consensuels, au profit des programmes bâclés et rétrogrades de 2008 ; « assouplissement » de la carte scolaire et ghettoïsation des établissements les plus en difficulté ; mise en place démagogique de la semaine de quatre jours ; démantèlement des réseaux d’aide aux élèves en difficulté (RASED) ; abandon progressif de la politique des Zones d’éducation prioritaire ; orientation prématurée en collège et totémisation de l’apprentissage au détriment des lycées professionnels ; caporalisation de l’Education nationale et pilotage technocratique « par les résultats » ; mise en concurrence des personnes et des établissements ; disparition catastrophique de la formation pédagogique des enseignants, tant dans la formation initiale, aujourd’hui défigurée, que dans la formation continue, totalement sinistrée ; et, bien évidemment, suppression de postes qui rendent l’institution exsangue.

    Dans ces conditions, il est normal que tous les candidats progressistes affichent leur volonté d’une rupture radicale avec ces orientations. L’Education nationale a besoin de retrouver confiance en elle en retrouvant le soutien de la nation. C’est là, effectivement, un préalable indispensable ! Pour autant, il ne faudrait pas donner à Nicolas Sarkozy l’occasion d’une nouvelle victoire (fut-elle posthume !) en ne proposant, à quelques aménagements près, que le retour au statu quo ante. Certes, l’Ecole a été terriblement fragilisée, profondément abimée par une politique brutale, mais en panser les plaies ne saurait suffire. Au risque d’engendrer de terribles déceptions et de rater, une nouvelle fois, l’occasion de redonner du sens à une institution qui en a bien besoin.

    Cela passe, à mes yeux, par une double ambition : une ambition proprement scolaire, mais aussi une ambition éducative plus globale sans laquelle la première risque de venir s’échouer sur les bancs de sable de notre individualisme social.

    Une ambition scolaire d’abord : il faut enfin mettre en place une « école fondamentale » articulant l’école primaire et le collège, avec une vraie continuité pédagogique, des objectifs clairs et structurants permettant un enseignement modularisé, et un accompagnement personnalisé par des équipes d’enseignants cohérentes dans des unités pédagogiques à taille humaine… Il faut, grâce à une évaluation par « unités de valeur », supprimer le redoublement, permettre des choix d’orientation positifs ; il faut valoriser systématiquement les réussites dans une pédagogie coopérative plutôt que de détecter de manière obsessionnelle tous les « dys » du monde afin de les dériver vers des officines spécialisées plus ou moins privées. Il faut mobiliser les enseignants autour d’un projet fort pour notre école et les former correctement afin qu’ils puissent le mener à bien…

    Mais nous ne serons pas quittes pour autant. Sans un projet éducatif pour notre société toute entière, la meilleure école du monde n’empêchera pas les professeurs d’avoir le sentiment de devoir vider l’océan avec une petite cuillère. Tant que la machinerie publicitaire continuera à chauffer à blanc nos enfants et promouvra le caprice mondialisé, tant que nous cultiverons le « tout – tout de suite » et détruirons les capacités d’attention comme le plaisir de penser et de rêver, l’école restera un îlot menacé et les professeurs des Don Quichotte plus ou moins ridicules. Au-delà des réformes de l’institution scolaire, c’est le statut de l’enfant dans nos sociétés qu’il nous faut repenser : cœur de cible pour les marchands et client pour les garderies de toutes sortes… ou « petit d’homme » à faire grandir patiemment par l’accès au symbolique dans des espaces apaisés ? Au-delà des interrogations légitimes sur les programmes et les méthodes scolaires, c’est l’aide à la parentalité qu’il faut promouvoir, les médias qu’il faut interroger sur leur devoir d’éducation, les mouvements d’éducation populaire qu’il faut mobiliser, le tissu associatif, culturel et sportif qu’il faut aider à jouer son rôle essentiel dans la mise en place, à côté de la famille et de l’école, de « tiers lieux éducatifs » essentiels pour la construction de l’autonomie et l’accès à la citoyenneté. Plus généralement encore, c’est la politique de la ville et d’aménagement des espaces urbains qu’il faut repenser pour y favoriser les relations entre les générations. C’est la formation tout au long de la vie à qui il faut donner, enfin, un vrai contenu et de réels moyens pour que ce ne soient pas toujours ceux qui ont bénéficié de la formation initiale qui bénéficient de la formation continue.

    On le voit, l’enjeu est majeur. Les réformes scolaires sont indispensables. Mais un sursaut éducatif est essentiel. Si notre société ne sait pas faire – enfin ! – de son futur une vraie priorité politique, le pire est à craindre ! En revanche, si elle trouve « le courage d’éduquer », tout devient possible. Et l’espérance peut être au rendez-vous.

    Philippe Meirieu
    Professeur en sciences de l’éducation à l’université LUMIERE-Lyon 2
    Vice président de la Région Rhône-Alpes délégué à la formation tout au long de la vie (EELV)
    Vient de publier Un pédagogue dans la Cité, conversation avec Luc Cédelle (Editions DDB)

  10. Belle victoire d’un agriculteur malade contre Monsanto

    Le tribunal de grande instance de Lyon a déclaré aujourd’hui 13 février que la multinationale Monsanto était bien responsable de l’intoxication de l’agriculteur charentais Paul François, qui avait utilisé le Lasso, un herbicide appartenant à la firme. Cette dernière devra indemniser l’agriculteur de la totalité de son préjudice, une première en France. La porte-parole d’Eva Joly Michèle RIVASI réagit au verdict.

    « C’est une très bonne nouvelle et une belle victoire, en attendant que Monsanto fasse appel. Comme Paul François, de nombreux agriculteurs manipulent quotidiennement des produits extrêmement nocifs pour la santé et déclarent par la suite des maladies neurologiques qui peuvent dans certains cas s’avérer très graves. Nous avons pu le constater avec Eva Joly, lorsque nous avons rencontré cet agriculteur en Alsace atteint de la maladie de Parkinson. Alors qu’il est désormais impossible de nier l’impact sanitaire de l’utilisation de tels poisons, il est scandaleux de mettre tant d’obstacles aux agriculteurs et à la reconnaissance de leurs maladies en tant que maladies professionnelles.

    Plusieurs pays comme le Canada, le Royaume-Uni et la Belgique ont reconnu le Lasso comme dangereux dès les années 1980 et 1990. Du fait du lobbying exercé par Monsanto il a fallu attendre 2007 pour qu’il soit enfin retiré du marché français. Maintenant que les résultats médicaux et scientifiques sont indéniables, il faut supprimer les autres produits phytosanitaires concernés. Quand on considère le coût sanitaire, économique et environnemental, il devient évident qu’une autre agriculture, biologique et durable, est non seulement possible mais nécessaire ».

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