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  1. Eva Joly propose un Grenelle de la Consommation

    Le 3 mars, Eva Joly était accompagnée de Claude Cellier, agriculteur céréalier et éleveur de porcs membre de la Confédération Paysanne, et d’Agnès Carlier, une agricultrice récemment installée en AMAP, pour réaliser une expérience in situ dans le Casino de Nation à Paris, le supermarché le plus cher de France d’après l’UFC Que Choisir.

    Eva Joly, candidate écologiste à l’élection présidentielle, a « souhaité réconcilier par cette action les agriculteurs et les consommateurs et montrer l’absurdité d’un système où les paysans ne vivent plus de leur métier quand les consommateurs payent des prix indécents pour s’alimenter. La répartition des coûts de production de notre alimentation, la marge réalisée par les distributeurs, le gaspillage des productions non consommées ne sont pas des fatalités. Il existe des solutions, notamment avec le développement de circuits courts et une transparence accrue des prix de l’agriculture.

    C’est pourquoi je propose un Grenelle de la Consommation associant producteurs, diffuseurs, associations de consommateurs et associations environnementales pour faire des économies par l’écologie et promouvoir une alimentation saine, de saison et de proximité, en un mot une alimentation durable pour tous les Français. »

  2. Incidents à Flamanville

    EDF a annoncé l’interruption de la construction de l’EPR de Flamanville pour des défauts dont la gravité et l’ampleur sont en cours d’examen. Eva Joly, candidate écologiste à l’élection présidentielle, a tenu à réagir :

    “Ces incidents ne sont pas nouveaux ! On ne compte plus les interruptions de travaux sur le chantier depuis qu’il a commencé en 2007. C’est d’ailleurs en partie ce qui explique l’augmentation du coût prévisionnel des travaux, estimé à 3,3 milliards d’euros en 2005, et maintenant à 6 milliards d’euros.

    Les partisans du nucléaire nous vendent l’énergie produite dans les centrales comme une énergie bon marché. Il est plus que temps qu’ils intègrent à leur vision les coûts exponentiels que le nucléaire génère sur l’ensemble de sa production1, de la construction de cet EPR au démantèlement des centrales en fin de vie, en passant par la gestion des déchets radioactifs.

    Nous sommes à l’heure du choix.

    Le risque est inhérent à la technologie même du nucléaire et pèse sur celles et ceux qui vivent à proximité, sur les salariés et sur l’environnement.

    Plus la lumière se fait sur les coûts réels du nucléaire, plus l’investissement massif dans la transition énergétique apparaît économiquement viable2.

    Combien de temps allons-nous nous laisser enfermer dans ce choix mortifère qu’est le nucléaire ? Nous devons parier sur l’avenir, sur l’autosuffisance énergétique que nous assurera l’investissement dans les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique, et sur les centaines de milliers d’emplois que nous pourrons ainsi créer. Pour ces raisons notamment, je suis la candidate de la sortie du nucléaire.”

    ***

    [1] La Cour des comptes a demandé à EDF de revoir son estimation du coût du démantèlement, celle-ci étant certainement très sous estimée au regard des comparaisons internationales. Les déchets ne sont financés que partiellement, et que pour 100 ans. Le coût de l’assurance en cas d’accident n’est pas payée. Pas plus que la recherche publique qui a représenté 38 milliards d’euros de crédits publics !  Certains politiques ne veulent pas voir la réalité en face et veulent la question en prolongeant la durée d’exploitation des centrales. En priant pour que tout se passe bien, malgré les alertes sur certaines parties des réacteurs qui n’ont pourtant pas encore atteint 30 ans !

    [2] L’évaluation économique de l’Energy Roadmap 2050 de la Commission Européenne montre que les investissements nécessaires sont du même ordre de grandeur pour les 5 scénarios envisagés. Parmi ces 5 scénarios, deux d’entre eux permettent une réduction de la part du nucléaire à 2 ou 3% de l’électricité européenne en 2050 (contre 30% en 2005). Le scénario qui requière le moins d’investissements est celui qui porte l’efficacité énergétique au plus haut niveau possible.
    Tous les scénarios font apparaître une réduction de la production nucléaire, et dans tous les cas il y a une explosion des renouvelables et un fort développement de l’efficacité énergétique. Enfin, tous les scénarios garantissent l’atteinte des objectifs climatiques.

  3. Eva Joly : « Je suis pour une société de partage »

    François Hollande est revenu dans une tribune du Monde sur le flou qu’il laissait sur l’HADOPI. Plus de licence globale, plus de légalisation du partage, recul sur la répression judiciaire. Si on peut se féliciter de la volonté du candidat socialiste d’ouvrir le débat, Eva Joly, candidate écologiste à l’élection présidentielle, a tenu à réaffirmer ses positions :

    « Envisager le partage sur Internet sur un modèle répressif est une vision faussée. D’une part, le partage est consubstantiel à Internet ; d’autre part, l’opposer à la création revient à mettre un frein à toute innovation, et pire que cela, à l’accès aux biens communs immatériels sur la toile.

    Avec les écologistes, nous pensons qu’il importe d’encadrer et non de réprimer, de saisir le problème dans sa globalité et non du côté de l’un ou l’autre. À ce titre, je propose la légalisation du partage non marchand sur Internet et la mise en place d’une contribution créative, mettant à profit internautes, fournisseurs d’accès à Internet et diffuseurs de contenu, pour financer les artistes et les créateurs d’une façon juste.

    Les obstacles ne sont pas techniques, car nous avons les moyens d’apporter des solutions. En revanche, il importe de s’engager politiquement, pour faire émerger des mécanismes de financement de la création innovants, et défendre la liberté sur Internet comme l’accès à la culture pour le plus grand nombre. Je suis pour une société de partage de la culture. »

  4. Françoise Coutant sur France 3

    Samedi 3 mars 2012
    Françoise Coutant, vice-présidente du Conseil régional et conseillère municipale à Angoulême répond aux questions de Jérôme Vilain, journaliste de France 3 dans l’émission « La voix est libre ».

    Revoir l’émission

  5. Discours d’Eva Joly sur l’économie sociale et solidaire

    Eva Joly a rendu à nouveau visite, ce vendredi 2 mars, aux acteurs de l’Economie Sociale et Solidaire. Elle a participé au débat organisé par le CEGES –  le Conseil des Entreprises, Employeurs et Groupements de l’Economie Sociale – pour développer ses propositions pour ce secteur, porteur d’un changement radical de modèle, porteur d’espoir.

    ***

    Chers amis,

    J’ai envie de commencer mon propos en reprenant la citation d’Edgard Morin tirée de son dernier livre « La voie » : « Tout est à réformer et à transformer mais tout a commencé sans qu’on le sache encore. Des myriades d’initiatives fleurissent un  peu partout sur la planète. Certes elles sont souvent ignorées mais chacun, sur sa voie, apporte reliance et conscience ».

    Chers amis… oui je me sens parmi vous – acteurs et promoteurs de l’Économie Sociale et Solidaire – en pleine atmosphère d’amitié. En tant que candidate écologiste dans cette campagne présidentielle, je porte haut et tous les jours les valeurs et les enjeux concrets de l’Économie Sociale et Solidaire. Lors de chacune de mes visites dans les usines, dans les entreprises, dans les villes et les campagnes, dans les quartiers populaires.  À chaque débat, quel qu’en soit le thème, la protection sociale ou l’emploi, la formation ou les relations internationales…, je place toujours l’ESS au cœur de mon discours. Comme les écologistes placent l’Économie Sociale et Solidaire au cœur de leur action depuis fort longtemps.

    Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si, parmi les plus de 350 élus locaux ou régionaux qui portent des politiques publiques d’ESS depuis plus de dix ans, les écologistes sont très nombreux.

    Et c’est donc tout à fait logiquement que je me suis appuyée sur cette expérience incontestée des écologistes sur le terrain, mais aussi sur les contributions des réseaux et fédérations d’acteurs de l’ESS, comme les vôtres ou celles du Labo de l’ESS, pour établir les axes structurants de mon projet présidentiel. Car nous ne sommes pas nombreux, nous sommes les seuls à présenter l’Économie Sociale et Solidaire comme alternative au modèle capitaliste et libéral actuel, modèle dont on sait aujourd’hui plus qu’hier qu’il va dans le mur.

    Comme Edgard Morin le dit et comme vous le démontrez tous les jours dans vos entreprises, les initiatives d’économie sociale et solidaire portent un changement radical en elles, elles portent l’espoir. Et je m’autorise une deuxième citation, de René Char cette fois, qui illustre l’espérance que génère cette myriade d’initiatives que l’on a retrouvée dans les Cahiers d’Espérance présentés lors des Etats généraux de l’ESS en juin 2011 au Palais Brogniart : « Le réel quelquefois désaltère l’espérance. C’est pourquoi, contre toute attente, l’espérance survit ».

    En cette période de crises financière, économique, sociale et écologique, en cette heure où il devient urgent de répondre à l’aspiration démocratique exprimée par nos concitoyens, l’économie sociale et solidaire démontre qu’il est possible de faire autrement. L’économie sociale et solidaire et ses nombreuses réalisations significatives, avec plus de deux millions d’emplois équivalent temps plein en France et 11 millions à l’échelle de l’Europe, avec 800 000 entreprises en France, démontre qu’il est possible de faire viable sur le plan économique, tout en respectant l’humain (le producteur, le consommateur, l’usager, le citoyen), en respectant l’environnement et la dynamique des territoires « ici et là-bas ». Cette économie sociale et solidaire, votre et notre économie sociale et solidaire, démontre qu’on peut lutter autrement, et efficacement, contre ce fléau qu’est le chômage.

    Je suis persuadée que l’économie sociale et solidaire doit prendre une place stratégique au cœur des politiques publiques. Face à la concurrence sans limites qu’on a exacerbée ces dernières années entre individus et entre entreprises, contre la compétition organisée entre territoires et entre Etats, la coopération territoriale doit s’affirmer comme un mode de réappropriation de l’économie réelle, comme un nouveau mode de régulation, puissant et pertinent.

    Cela repose pour moi sur la mise en œuvre de principes de solidarité dans quatre dimensions principales :

    – La solidarité entre les générations actuelles, afin de partager entre tous les risques de la vie, de prendre en compte l’égalité des chances entre les hommes et les femmes, d’améliorer les relations entre les jeunes et les personnes âgées.

    – La solidarité de production et de redistribution, qui permet de partager équitablement les risques et les richesses entre individus et de favoriser l’esprit d’entreprise  et l’intérêt collectif.

    – La solidarité entre territoires, et au sein des territoires, qu’il s’agisse des rapports entre les pays économiquement riches et les pays économiquement pauvres, de l’organisation des rapports entre espaces urbains et/ou ruraux ou de l’aide en faveur des territoires en crise.

    – La solidarité avec les générations futures, dans la perspective d’un développement durable. Dans le domaine environnemental, la solidarité se traduit par le respect des principes de précaution, de prévention et de responsabilité, contribuant à assurer une relation harmonieuse entre la personne humaine et son environnement.

    L’économie sociale et solidaire réinterroge profondément notre modèle de développement. Contre les schémas classiques, elle questionne la nature et l’objet du développement économique. Elle pose la question de la « profitabilité », de la répartition des fruits de l’activité, en conjuguant trois vocations :

    –       l’intérêt général, avec des activités à utilité sociale et collective ;

    –       l’insertion des personnes, dans une logique de solidarité ;

    –       et enfin l’objet marchand, qui met à plat les notions de productivité et de rentabilité, pour bien sûr en discuter la finalité.

    L’ESS permet en effet – concrètement, immédiatement et pour longtemps – de refonder une juste mesure de l’efficacité, de l’efficience et de la richesse. Il est désormais assuré, et l’économie sociale et solidaire en fait l’éclatante démonstration, que l’indicateur de croissance « PIB » est partiel, que les ratios d’analyse financière actuels des pays et des entreprises, appuyés sur un plan comptable obsolète et sans approche globale de la productivité, sans prendre en compte les indicateurs sociaux et environnementaux…, ne nous donnent aucune indication fiable pour changer l’économie, pour changer la vie !

    Dans le programme que je porte, la réforme des indicateurs de richesse est une réforme majeure du début du quinquennat. Dans les fameux « 100 jours » qui marquent la nouvelle orientation qu’impulse un nouveau président !, le jour de la réforme des indicateurs de richesses est un jour qui comptera !

    Après les valeurs, venons en à la mise en œuvre concrète de l’économie sociale et solidaire… Je viens de vous exprimer ma vision de ce qu’est l’économie sociale et solidaire, vision que nous partageons je le crois, à travers ce que j’ai lu dans vos « 12 propositions pour une économie démocratique », Avant de décliner les principales propositions de mon programme présidentiel dans ce domaine, il est important de casser certaines idées reçues qui malheureusement perdurent aujourd’hui, illustrées notamment dans la politique menée depuis 10 ans par le gouvernement français en matière d’économie sociale et solidaire. Une politique dans laquelle je ne me retrouve en rien, une politique qui n’a rien à voir finalement avec l’économie sociale et solidaire.

    L’ESS ne se résume surtout pas à une économie marginale de traitement social du chômage. Elle n’est pas un « sas de respiration », une économie de réparation venant simplement compenser les méfaits d’une économie traditionnelle qui, elle, ne serait jamais remise en cause dans ses finalités et objectifs. Trop souvent, elle est considérée comme la « voiture-balai » de l’économie dominante, elle aurait comme unique vocation de « ramasser » les personnes tombées au bord de la route ou dans le fossé d’une « voie royale » qui, elle, resterait LE chemin, l’unique chemin vers la réussite, vers la richesse. Nous avons bien vu, depuis fin 2008 et la crise sans précédent que nous vivons, que ce modèle va dans le mur. Il produit plus de précarité et de pauvreté qu’il ne crée de richesses et de développement pour notre société.

    Face à ces constats, comment ne pas être en colère contre nos gouvernants actuels ! Tous ceux qui depuis des années maintenant se battent sur le terrain, dont vous êtes, pour démontrer que l’économie sociale et solidaire crée de l’emploi, durable et non délocalisable, pour démontrer qu’elle est un moyen de préserver et de revitaliser nos territoires en profondeur, qu’elle est une alternative crédible à l’approche financiarisée et non-productive de l’économie, sont en colère.

    On ne peut qu’être en colère face au « soutien accru » – c’est une citation ! – au secteur de l’économie sociale et solidaire récemment annoncé par le gouvernement Sarkozy-Fillon, avec la promesse de l’élaboration d’une loi-cadre… dix ans après celle proposée en 2001 par le secrétariat d’Etat à l’économie solidaire porté par un écologiste, Guy Hascoët, après un an de dialogue avec 4 000 participants dans 22 régions dès 1997. Une loi cependant restée dans les cartons !

    Le gouvernement prétend s’intéresser aujourd’hui à l’ESS, la belle affaire ! Pendant dix ans, la Droite l’a tout bonnement ignorée voire démantelée, par la baisse drastique des crédits, par la disparition de la Délégation interministérielle à l’économie et à l’innovation sociales, par l’absence de ministère dédié et par le rattachement sous forme de croupion au ministère chargé de la cohésion sociale et de la solidarité, voire même de la jeunesse et des sports ! La Droite a ainsi nié le potentiel de développement économique de l’ESS sur les territoires.

    Et on ne peut qu’être en colère devant la pauvre imagination de ces programmes présidentiels qui instrumentalisent l’économie sociale et solidaire en pauvres petites mesurettes, voire en gadgets… qui ne trompent personne ! Ces programmes rabotent de fait le potentiel recélé par cette autre approche de l’économie, humainement créative, socialement et même technologiquement innovante, créatrice d’emplois durables et non délocalisables. Il est au contraire impératif pour moi que, la gauche et les écologistes, impulsent un véritable changement d’échelle dans le soutien à l’ESS.

    Ce changement d’échelle doit prendre place dans une profonde transition sociale et écologique que je propose comme un axe fondamental de mon programme présidentiel. Ce sont plus de 981 000 emplois nets créés d’ici 2020 qui peuvent être portés en partie par les entreprises de l’économie sociale et solidaire. Par exemple, dans les énergies renouvelables (141 000 emplois), dans la conversion de l’agriculture française au bio (75 000 emplois), dans la construction de logements (200 000 emplois), dans les services de proximité à la personne dans les domaines de la petite-enfance et de la prise en charge de la dépendance (290 000 emplois)…

    Pendant longtemps, écologie et emploi ont semblé s’opposer. Aujourd’hui, j’en ai la conviction et plusieurs études récentes le montrent, que plus d’écologie, c’est plus d’emplois ! Pour deux raisons principales :

    –       la première est l’augmentation de l’intensité en emplois de l’économie verte. Selon l’INSEE, isoler un logement crée, pour la même valeur ajoutée économique, quatre fois plus d’emplois en France que l’importation de gaz. Investir dans l’isolation thermique permet donc de créer massivement des emplois non délocalisables.

    –       La deuxième raison tient à la balance commerciale. Développer des énergies renouvelables, forcément locales car on ne délocalise pas le vent ni le soleil, et investir dans l’isolation permet de diminuer considérablement notre facture d’énergies fossiles importées, et donc d’améliorer notre balance commerciale. En 2010, la France a payé plus de 48 milliards d’euros pour acheter du pétrole et du gaz. Economiser sur cette facture permet de rentabiliser des investissements verts qui créent, par ailleurs, des emplois non délocalisables.

    Voilà le cercle vertueux d’une économie verte qui selon moi, par les valeurs qu’elle doit porter et par son ancrage territorial, ne peut être que sociale et solidaire. Quand on parle d’économie verte qui n’est pas nourrie par les valeurs l’économie sociale et solidaire, il y a souvent à parier que l’on est en présence de ce fameux « green washing »… Une posture et de la comm’ dont le gouvernement actuel, avec le relais de quelques grandes entreprises multinationales, est friand.

    Au contraire, dès que la gauche et les écologistes retrouveront les leviers du pouvoir, il nous faudra proposer un plan national ambitieux de développement et de soutien de l’économie sociale et solidaire, sur trois ans. Ses grands axes et ses orientations principales seront déclinés dans une loi-cadre. En voici quelques-uns :

    La première mesure sera de reconnaître plus fortement ce secteur (y compris ses instances de représentation) comme un authentique service du public à base associative ou coopérative, défini par les principes « une personne, une voix », la lucrativité limitée et affectée à ses fonds propres, l’orientation de son activité vers la solidarité et plus largement l’utilité sociale et collective.

    –       le droit des entreprises sera réformé pour obliger les actionnaires qui ferment un site à en favoriser la reprise prioritaire par les salariés. À la différence des candidats qui ces jours-ci nous inventent le « sauvetage-minute » d’entreprise, (attention, cette méthode ne durera que ce que dure la campagne électorale !), vous voyez bien que nous, écologistes, avons de la suite dans les idées ! Depuis 2001 nous portons cette proposition, et nous sommes d’ailleurs ravis qu’elle ait été récemment reprise par le candidat socialiste.

    Mais ce n’est pas suffisant : il est essentiel de favoriser de façon systématique la reprise-transmission en SCOP des salariés pour toutes les entreprises dont les patrons partent en retraite. Il y a là un gisement colossal !

    –       la reconnaissance des Pôles territoriaux de coopération économique, alternative aux pôles de compétitivité, que vous préconisez dans vos 12 propositions, avec un fort ancrage territorial et la mise en place de nouveaux partenariats entre pouvoirs publics, acteurs économiques, salariés et société civile. L’exemple récent du groupe Archer à Romans, et leur émanation « Pôle Sud », dans l’industrie de la chaussure, et au-delà, me conforte dans cette analyse, et nous pouvons dans ce domaine aller plus loin, inventer de nouvelles formes de « société publique locale », promouvoir la formule de la « SCIC » en tant que véritable société mixte coopérative, avec cette particularité du multipartenariat…

    –       l’instauration de fonds éthiques régionaux d’investissement. Ils pourraient devenir, après un changement législatif, la préfiguration de véritables banques régionales, qui favoriseraient le circuit-court dans le secteur financier, qui orienteraient plus d’épargne et plus d’investissements dédiés vers l’ESS, avec un nouveau rôle donné aux conseils régionaux.

    –       La reconnaissance des services sociaux d’intérêt général. Il devient urgent d’imposer une reconnaissance accrue d’autres modes d’entreprenariat que les entreprises traditionnelles, prenant en compte les notions cœur de « bien commun », reconnaissant les spécificités de l’économie du lien, en particulier dans les règlements d’appel d’offre ou dans la fiscalité. On observe un vrai progrès à venir au niveau européen – à travers ce qu’on appelle le « paquet Almunia »- , mais on est encore loin du compte et bien des ajustements sont à affirmer entre services sociaux des uns et services d’intérêt économique général des autres. L’Europe, l’Europe politique, l’Europe sociale. passera aussi par l’économie sociale et solidaire.

    – d’un autre côté, il est essentiel, dorénavant, de conditionner toute aide publique au respect de clauses sociales et environnementales, de dynamiser un vrai mieux-disant au sein des marchés publics – qui profiterait naturellement aux entreprises de l’ESS – en parallèle avec la réforme des indicateurs de richesse dont je parlais plus haut.

    –       L’émergence de l’économie sociale et solidaire dans le dialogue social, au niveau national comme au niveau des territoires. La Loi-Cadre que nous voulons impulser doit entraîner une modification du Code du travail afin de donner aux syndicats d’employeurs de l’économie sociale et solidaire leur juste place aux côtés des organisations dites représentatives du patronat – Medef, CGPME, UPA, FNSEA ou UNAPL…- dans la démocratie sociale, pour peser dans toutes les décisions politiques, législatives et réglementaires.

    – enfin, dans le projet que je porte, l’économie sociale et solidaire doit non seulement trouver enfin une place équivalente à tous les modèles économiques dans les contenus pédagogiques que diffuse notre système scolaire ou universitaire, mais plus encore la formation doit devenir un levier majeur de la transition sociale et écologique. Dans le cadre d’une ambitieuse politique de formation tout au long de la vie, nous voulons donner à chacun et chacune, en complément de la formation initiale, un crédit de 8 années de formation.

    Voici donc en quelques lignes de force mon engagement en faveur de l’économie sociale et solidaire.

    Quand la précarité touche sept millions de personnes rien qu’en France, quand on consomme les ressources naturelles à un rythme tel qu’il faudrait trois planètes pour tenir la distance, est-on bien sûr que le « développement économique » nous rend plus riches ?

    La maison brûle, nous en sommes d’accord, mais il ne suffit plus de le déplorer. Il est urgent de se poser les questions qui remettent en question les fondements-même de l’économie, et de réfléchir enfin aux façons de retrouver certains équilibres fondamentaux : économiques, environnementaux et humains.

    Pour nous, cela passe par la promotion et le soutien déterminé, durable et stratégique à une économie verte, sociale et solidaire.

  6. Eva Joly notée A+ pour un Monde Vivable !

    Eva Joly et son programme présidentiel ont reçu la note maximale A+ par le comité de suivi des États Généraux pour un Monde Vivable ! Retrouvez le communiqué de presse complet ci-dessous.

    ***

    La Charte pour un Monde Vivable et les candidats à la présidentielle

    Les Etats Généraux pour un Monde Vivable (EGMV) se sont tenus à Saintes (Charente-Maritime) du 27 au 30 octobre 2011, à l’appel de 7 associations : ACDN, ATTAC, Confédération Paysanne, Ligue de l’Enseignement, Ligue des Droits de l’Homme, Réseau « Sortir du nucléaire », Fondation pour une Terre Humaine. D’autres associations, en nombre équivalent, les ont rejointes.

    Les EGMV ont attiré sur trois jours 300 personnes ; 150 participants réguliers ont rédigé et adopté la Charte pour un Monde Vivable proposée désormais à la signature de tous nos concitoyens et à celle des candidats aux prochaines élections, présidentielle et législatives.

    Avant d’envoyer la Charte, le 18 janvier 2012, aux candidats déclarés à la présidence de la République, le comité de suivi des EGMV a élaboré une grille de classement des candidats selon leur degré d’adhésion à la Charte. Celle-ci comprend 105 articles regroupés sous 7 chapitres principaux et abordant la plupart des problèmes de notre société.

    La Charte a fait l’objet d’une présentation publique le 15 février 2012 à Saintes.

    Cinq candidats ont répondu pour le moment à la sollicitation en précisant, le cas échéant, leurs points de désaccord : Eva Joly, Jean-Marc Governatori, Jean-Luc Mélenchon, Corinne Lepage, Nicolas Dupont-Aignan.

    Les candidats n’ayant pas répondu sont classés provisoirement dans le noir et le seront définitivement si leur réponse n’est pas parvenue au Comité de suivi au plus tard le 12 mars.

    On notera qu’au chapitre « Paix et désarmement », Article 1.2.F, Eva Joly, Jean-Marc Governatori et Jean-Luc Mélenchon ont tous les trois approuvé  « l’ouverture d’un débat national et la consultation du peuple français par référendum sur la question suivante :

    « Approuvez-vous que la France participe avec les autres Etats concernés à l’élimination complète des armes nucléaires, sous un contrôle mutuel et international strict et efficace »

    Plus d’information : http://mondevivable.over-blog.com

    Site d’ACDN : Charte pour un monde vivable  Charter For a Livable World

  7. Au Salon de l’agriculture, Eva Joly propose un nouveau pacte entre les agriculteurs et la société

    Ce jeudi 1er mars, Eva Joly s’est rendue au salon de l’agriculture, en compagnie de José Bové et des élus Europe Ecologie Les Verts. La candidate écologiste à l’élection présidentielle est venue délivrer un message clair et ses propositions aux agricultrices et agriculteurs présents.

    « Les premiers des écologistes sont les paysans » a tenu à rappeler tout d’abord Eva Joly, pour qui les écologistes ne sont pas du tout les ennemis du monde agricole. Les paysans et les écologistes se retrouvent pour défendre une meilleure alimentation, la préservation de l’environnement ou la santé.

    L’époque de l’agriculture productiviste est révolue. Eva Joly est ainsi venue expliquer qu’un changement de modèle agricole était urgent et nécessaire et qu’il devait se faire avec les premières personnes concernées, les agriculteurs. Car ceux-ci, coincés entre le prix des matières premières et celui de la grande distribution, sont les premières victimes du mal-être perceptible dans le monde rural et des maladies dues aux pesticides.

    La candidate à l’élection présidentielle propose dans « un nouveau pacte entre les agriculteurs et la société » plus de transparence, en affichant sur les produits dans les supermarchés les prix payés au producteur et le prix payé au distributeur pour informer le consommateur des marges réalisées par la grande distribution.

    Eva Joly entend également favoriser les circuits courts et réduire le nombre d’intermédiaires, pour des rapports plus directs entre producteurs et consommateurs. Il s’agit de permettre une nouvelle alliance entre les paysans et les consommateurs. Elle souhaite enfin réorienter le budget de la PAC et en changer les critères, ce afin de restaurer la souveraineté alimentaire de l’Europe et garantir des revenus équitables aux paysans.

    Pour Eva Joly, il faut que les aides soient distribuées en tenant compte « de la création d’emploi, de la conversion vers le bio et d’une diminution de l’utilisation des pesticides ». Elle rappelle que les écologistes veulent diminuer leur utilisation de 50% avec comme objectif à terme de ne plus en utiliser du tout.

  8. Réponse d’Eva Joly aux journaux « Spécial Auto » et « L’automobile et l’entreprise »

     

     

    Madame, Monsieur,

    L’automobile constitue, à n’en pas douter, le mode de déplacement privilégié de la plupart de nos concitoyens. Pour autant, différentes enquêtes, études et comptages montrent bien que ceci résulte souvent d’un choix plus que d’une contrainte pour un certain nombre de déplacements de courte, moyenne ou longue distance, récurrents ou plus occasionnels. A la souplesse indéniable que constitue souvent l’utilisation de la voiture en solo, il convient de confronter ses impacts sur le budget des ménages, sur l’occupation de l’espace public, sur les encombrements, les pollutions diverses, la santé, les émissions de gaz à effet de serre (principal émetteur) et la raréfaction progressive des énergies fossiles.

    La place de l’automobile dans l’économie – donc l’emploi – des pays industrialisés, de la France en particulier, mérite également une attention toute particulière.

    La politique que je propose de mettre en œuvre répond ainsi tant aux impératifs environnementaux (cf. contentieux européen sur les émissions d’oxydes d’azote et de particules fines) que sociaux et économiques : accès à l’emploi, maintien de filières industrielles …

    Il s’agit pour moi de réorienter progressivement une bonne part des déplacements individuels motorisés vers des modes moins consommateurs d’énergie, accessibles à tous, plus sécuritaires et respectueux de l‘environnement, aux premiers rangs desquels :

    • la marche à pied, notamment par la réappropriation de l’espace public
    • le vélo (la moitié des déplacements, tous modes confondus, fait moins de 3 km)
    • les transports collectifs, urbains et interurbains
    • le mode ferroviaire, tant pour les voyageurs que pour les marchandises
    • le mode fluvial.

    Pour y parvenir, différents moyens sont à disposition, dont je m’engage à amplifier le développement :

    • la généralisation des plans de déplacements urbains, des plans de déplacements d’entreprises ou d’administration, des systèmes de covoiturage et autres outils d’aide en faveur de l’écomobilité : parcs à vélos sécurisés …
    • le rééquilibrage des coûts d’utilisation en faveur des modes les moins polluants (révision des barèmes de remboursement kilométrique, des taxes sur le carburant, y compris aérien)
    • la reconversion d’une partie de l’industrie automobile française vers la construction de véhicules performants de transport collectif, de véhicules électriques ou hybrides pour des flottes dédiées (entreprises …).

    L’évolution des comportements passe avant tout par l’existence d’offres de transport alternatives, leur compétitivité économique, mais aussi par d’importantes campagnes de communication en faveur des modes doux, de comportements plus civiques au volant : de nombreux exemples en France et à l’Etranger sont là pour nous le rappeler.

    Dans une période transitoire au moins, le maintien d’actions raisonnées de répression m’apparaît comme le corollaire indispensable d’une politique de sensibilisation et d’incitations. Ce n’est pas tant le « chiffre » du nombre ou du montant des PV qui importe (l’idéal serait qu’il soit nul !), mais bien la réduction du nombre et de la gravité des accidents auxquels le risque de PV – par des fonctionnaires de police -, donne lieu qui compte.

    De même, je suis favorable à un rapprochement des vitesses limites autorisées sur routes et autoroutes ce qui se pratique chez la plupart de nos voisins européens, soit en général 120 km/h sur autoroutes et 90 km/h maxi sur les voies structurantes d’agglomération.

    Je ne suis pas favorable au maintien des aides en faveur des agrocarburants, tant que ceux-ci sont majoritairement de première génération, c’est-à-dire incorporent des végétaux à usage nutritionnel. J’émets également quelques réserves sur une modulation de la taxe sur les carburants (ex-TIPP) de type « flottante ». Si elle n’est pas suffisamment encadrée, je crains qu’elle contribue à masquer, forcément de manière temporaire, la hausse inéluctable du prix des carburants. Et que donc elle retarde les indispensables changements d’usage de la voiture individuelle : plus dure sera la chute.

    Eva JOLY

    Candidate à l’élection présidentielle 2012

  9. Réponse d’Eva Joly à l’adresse de la FCPE

    Monsieur le Président,

    A propos d’enseignement, la campagne électorale s’est concentrée jusqu’à aujourd’hui sur la question des moyens budgétaires alloués à l’éducation nationale. Une question très importante, après la disparition de plus de 60000 postes d’enseignants sur 5 ans, à laquelle j’ai d’ores et déjà répondu par le souhait de recruter 20000 enseignants et cadres éducatifs supplémentaires. Je suis heureuse que l’interpellation de la FCPE me permette de plus développer mon projet pour l’Ecole. Car après avoir écouté beaucoup d’observateurs, je fais mienne l’idée qu’il faut refonder l’Ecole et le projet éducatif global de la société. Comme je l’ai constaté lors de la convention d’Europe Ecologie – les Verts sur l’Education à Lille en mai 2011, cela ne peut se faire qu’en associant à tous les niveaux quatre séries d’acteurs incontournables : les enseignants, les parents, les collectivités territoriales et les associations (mouvements pédagogiques et associations d’éducation populaire). Depuis plus d’un siècle, les parents qui sont les co-éducateurs des enfants sont régulièrement tenus en lisière de l’Ecole. Il suffit de visiter les autres écoles en Europe pour se convaincre que ce trait qui caractérise notre système éducatif n’est plus supportable.

    Rythmes

    Une première illustration en est donnée avec la reconsidération des rythmes de vie des enfants et des jeunes. Comme beaucoup, je suis convaincue qu’il faut revenir sur la décision imposant unilatéralement la semaine de 4 jours, mais les décisions ne doivent pas se limiter aux seules questions scolaires. De plus en plus de parents subissent un avenir incertain, des horaires flexibles, des temps de transport qui s’allongent. Il arrive aussi que les horaires des lycéens dépassent allègrement les 35 heures de cours par semaine, sans compter le travail personnel… Il faut fixer un cadre par la loi : des horaires maximum pour la journée en fonction du niveau d’enseignement, l’application immédiate de l’alternance de 7 semaines de cours (+/-1) et 2 semaines de vacances, de la pause méridienne de 90 minutes en commençant par l’école fondamentale. Sur la durée des vacances d’été, leur zonage, je compte mener un large débat public avant le vote d’une loi. L’application des mesures sur les rythmes de la journée et de la semaine doit se faire à l’échelle des bassins de vie, en s’appuyant sur des projets éducatifs locaux et sur des bureaux des temps. Enfin les décisions concernant les emplois du temps doivent être mieux partagées, notamment par des débats préalables dans les conseils d’école et les conseils d’administration.

     Ecole fondamentale, pédagogie, orientation

    Comment sortir de la logique de la mise en concurrence des établissements, de la logique sélective qui exclut les plus faibles et soumet les enfants de plus en plus tôt à un stress permanent ? Les écologistes sont ambitieux et je veux traduire l’ambition d’une scolarité commune pour tous les élèves par la création d’une école fondamentale de 6 à 16 ans. Là, il n’y aura ni orientation précoce, ni sélection. Au contraire, les élèves doivent apprendre à coopérer, à participer à des projets collectifs, à élaborer des projets personnels. Il ne faut pas attendre la majorité civique pour devenir citoyen, ni attendre d’avoir le bac pour être compétent. Les redoublements seront supprimés au profit d’une véritable pratique de l’alternance qui ne se limitera pas au seul domaine de l’insertion professionnelle : qu’il s’agisse de pratiques culturelles, sportives, scientifiques, de découvertes des métiers ou des voies de formation, les équipes pédagogiques doivent mettre en place des dispositifs d’alternance s’appuyant sur l’environnement de l’école (y compris les espaces numériques de travail qui doivent être ouverts). S’épanouir et construire sa liberté dans un monde de sollicitations consuméristes exacerbées passe par l’acquisition de la maitrise des outils qui nous entourent : l’éducation à l’image, aux réalités d’internet à la critique des informations est indispensable. Les « éducations à… » seront généralisées, car elles ont du sens pour les élèves, les parents, les autres acteurs éducatifs et permettent d’ouvrir à l’interdisciplinarité et à la complexité des connaissances. Tout comme l’acquisition de la capacité de s’épanouir par l’approche sensible des œuvres, le contact des artistes, ou le plaisir des productions collectives, est gage de la construction d’une société plus solidaire et plus apaisée. Dans les parcours au sein de l’école fondamentale, les groupes d’élèves pourront être variés en fonction des objectifs pédagogiques, des besoins et des projets. Les équipes pédagogiques fonctionnelles seront favorisées (une équipe d’enseignants prend en charge collectivement un groupe à taille humaine d’élèves hétérogènes sur une année ou un cycle). Les modalités d’évaluation seront profondément revues au profit d’évaluations terminales de fin de cycle. Le contrôle en cours de formation sera généralisé. La mobilité de tous les élèves sera favorisée avec des obligations de séjours scolaires dans tous les parcours d’élèves.

    Après la période de scolarité obligatoire, je veux proposer aux jeunes de pouvoir réellement interrompre ou reprendre leur parcours pour vivre une expérience personnelle ou un engagement, qui peut être un service civique. Cette prise de recul sera investie par l’éducation populaire et devra être assortie de la garantie de pouvoir reprendre ses études au point où on les a laissées. Le baccalauréat fera une part importante à la validation d’unités capitalisables dans le cadre d’un système modulaire (chaque lycéen construit son parcours), à la présentation de travaux et à des épreuves ponctuelles transdisciplinaires.

     Inégalités sociales et territoriales

    Les inégalités minent la société française et, depuis 15 ans, notre école est devenue une des plus inégalitaires d’Europe. Il me parait donc urgent de refonder l’éducation prioritaire et ce, en lien avec les projets de territoires. Je défends l’idée d’un bouclier de service public qui doit s’appliquer en priorité dans les banlieues et territoires ruraux délaissés. Plutôt que de stigmatiser les établissements et les habitants des quartiers, il faut permettre un accès au droit commun dans le cadre d’une politique de la ville ambitieuse qui accompagne et associe les habitants, plutôt que de confier de coûteuses opérations de démolition-reconstruction aux seuls experts. Pour ce qui relève de l’enseignement, il faut une objectivation des moyens alloués : la première étape étant constituée par l’affichage des budgets consolidés des établissements, l’allocation de moyens humains supplémentaires à un échantillon resserré de la population scolaire (12.5% contre plus de 20% aujourd’hui). Je veux cesser ce scandale de l’affectation en éducation prioritaire d’enseignants à la fois inexpérimentés et non volontaires. Il faut proposer des horaires allégés aux enseignants affectés en échange de plus de formation ou plus de présence dans l’établissement auprès des élèves. Pour favoriser la mixité, la carte scolaire doit être rétablie, mais à l’échelle du bassin de vie, en évitant les ruptures préjudiciables (dont le palier de 6ème) et en favorisant les établissements à taille humaine et les transports scolaires de proximité.

     Refonder le métier enseignant

    Si la gauche et les écologistes l’emportent aux prochaines élections législatives, des dossiers urgents sont sur la table. La redéfinition du métier enseignant doit s’amorcer en même temps qu’il faut procéder à des recrutements ambitieux, à rebours de l’évolution menée depuis cinq ans. Je propose trois types de concours : le premier aura lieu après la licence et ouvrira sur deux années de formation professionnelle en alternance débouchant sur un mastère. Le deuxième type sera ouvert aux candidats déjà titulaires d’un mastère et le troisième à ceux qui auront une expérience professionnelle reconnue par la validation des acquis de l’expérience : ils donneront droit à une année de formation débouchant sur un mastère d’enseignement et une titularisation. La connaissance de l’enfant, de l’adolescent, de son développement et de son environnement, de l’approche non-violente des conflits, etc. ne pourront faire partie de la formation initiale des enseignants que si un temps suffisant est proposé et seulement après le concours. Je propose également que la place des parents dans l’éducation soit un axe obligatoire de formation initiale des enseignants. La formation initiale et continue des enseignants doivent être articulés à travers des pratiques éprouvées d’analyse de pratiques et la participation de tous les professionnels de l’éducation à des formations communes. Un plan de rattrapage sera nécessaire pour les enseignants qui ont été nommés depuis trois ans…

    Maternelle

    La politique en direction de la petite enfance doit faire partie des priorités : création d’un service public associatif et solidaire de la petite enfance s’appuyant sur les collectivités locales, ouverture de 400 000 places de crèches, obligation faite aux services publics d’accueillir, si les parents le souhaitent, tous les enfants de trois ans à l’école maternelle et les moins de trois ans dans l’éducation prioritaire. L’accueil des parents doit être particulièrement privilégié, de façon à faciliter les transitions et à réhabiliter les parents comme co-éducateurs pour toute la scolarité ! A l’école maternelle, l’enfant se développe et apprend à vivre avec les autres. Pour lui donner le goût d’apprendre, des situations d’apprentissage variées doivent lui être proposées notamment en vue de la maitrise du langage. Il faut donner à chacun les clés du savoir pour qu’il devienne élève.

     Situation de handicap

    Les enfants et les jeunes en situation de handicap ont un droit égal à l’éducation. A l’école d’abord où ils doivent pouvoir être accueillis selon des modalités compatibles avec leur handicap. Pour cela des aides pérennes doivent être instituées : les auxiliaires de vie scolaire doivent avoir un statut qui leur permet de se former, d’intervenir aussi dans des temps péri ou extrascolaires et de travailler dans la durée auprès d’élèves et d’équipes pédagogiques. Le climat de confiance est à ce prix.

     Santé

    Les comportements face à la santé sont déterminants pour les parcours de vie. L’éducation à la santé est un axe essentiel dont doivent s’emparer tous les acteurs éducatifs. Je souhaite créer des pôles régionaux d’éducation pour la santé et de promotion de la santé, incluant la santé scolaire, les services de PMI et les IREPS. La mission des personnels de santé qui doivent être présents dans les établissements scolaires est triple : dépistage, prévention et participation à la formation. S’agissant de l’éducation sexuelle et affective ou de la question des addictions, il est important de pouvoir répondre aux questions qui se posent quand elles se posent, notamment auprès des adolescent(e)s. Nous souhaitons que soit développée auprès des élèves la formation aux premiers secours, à l’alimentation (à travers la restauration collective), à l’hygiène (par la création de CHSCT).

     Démocratie

    Pour devenir citoyen, il faut apprendre à exercer des droits. Le fonctionnement des établissements doit devenir beaucoup plus démocratique. Les collégiens et lycéens doivent apprendre à débattre, à prendre des initiatives, à décider et à appliquer les décisions. Le statut des lycéens et des parents d’élèves doit être redéfini : droit effectif de réunion, accès à un local et à des possibilités de communication au sein de l’établissement. Leurs représentants doivent avoir des mandats d’au moins deux ans, permettant la formation qui doit être gratuite, la poursuite de projets pluriannuels. Dans les instances (conseils d’administration, bureaux, conseils de discipline), les différents collèges doivent être à égalité numérique (élèves, parents, enseignants, administration, collectivités et associations) et leurs présidents élus.

    Gratuité

    Enfin, il apparaît essentiel de remettre à plat les compétences des collectivités territoriales. La cohérence et la continuité éducatives l’exigent. Les conflits de légitimité entre collectivités et services de l’Etat, l’illisibilité des financements et des procédures, les inégalités de prise en charge permettent aux seuls initiés et experts de tirer leur épingle du jeu. Les propositions que vous faites concernant la gratuité ne seront réalisables qu’à la condition que soit opérée une véritable refondation des compétences à partir de l’existant. Aucune question ne doit être occultée : des ressources propres à l’exercice de la solidarité territoriale, de l’ouverture des locaux aux responsabilités partagées en matière de pédagogie ou de projet éducatif territorial… Je suis très attachée aux mécanismes de péréquation qui doivent être réellement appliqués pour permettre à chacun de bénéficier de droits élémentaires : accéder au logement, au transport mais aussi aux conditions d’une scolarité réussie pour tout ce qui touche aux équipements des élèves. Les aides sous conditions de ressources pour les dépenses incombant aux parents sont une piste qui pourrait être généralisée si la confidentialité est respectée et l’emploi des fichiers de données personnelles sérieusement cadré…

     Laïcité

    La question des valeurs qui guident l’action publique doit être clairement posée. Je privilégie la coopération plutôt que la compétition, la solidarité et la responsabilité plutôt que le cynisme assumé au nom du pragmatisme. Je ne veux pas faire du passé table rase : il faut s’appuyer sur les coopérations existantes, les capacités à innover et accompagner les plus faibles mais aussi l’attachement au service public. Je partage l’objectif d’ouvrir des établissements publics correspondants à la scolarité obligatoire, là où ils sont absents, et d’imposer plus d’exigences à l’enseignement privé sous contrat en matière de missions de service public (mixité sociale, conditions d’inscription). Je partage l’attachement d’Europe Ecologie Les Verts à la laïcité qui permet de faire vivre ensemble tous ceux qui sont différents par-delà leurs appartenances ou leurs apparences. Les temps et lieux d’éducation doivent donner l’occasion de rencontrer l’autre, d’écrire ensemble une page d’histoire. Bien loin des cléricatures qui pensent à notre place ou des intégrismes qui construisent des barrières de feu.

    En espérant avoir répondu à vos interrogations, je vous prie d’agréer mes salutations sincères.

    Eva Joly

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