Les nouveaux désherbants «Bio» un miroir aux alouettes
EELV 79 souhaite réagir suite à un article paru dans la presse locale le 15 juin. Le maire de la commune de Saint-Pardoux se félicite de la mise en place sur sa commune de désherbage «bio» avec des produits naturels.
Nous souhaitons attirer l’attention de vos lecteurs, ainsi que des communes qui seraient tentées par cette approche, sur la dangerosité de cette dérive qui se pose comme une avancée écologique mais qui n’en est pas une… du tout.
Le désherbant en question est l’acide pélargonique qui appartient à la famille des acides gras. Cette molécule est naturellement présente dans l’environnement mais demeure néanmoins un pesticide nécessitant une Autorisation de Mise sur le Marché (n°AMM).
Considéré comme un produit phytosanitaire, il est réglementé au même titre que les autres pesticides (non utilisation à proximité des ZNT, mesures de protection des utilisateurs, consignes d’utilisation vis à vis de l’environnement…).
Le problème est qu’il peut rentrer actuellement dans la catégorie « bio-contrôle », car cette catégorie de pesticide est encore en attente de cadres réglementaires claires. Aussi,les quantités mises sur le marché font qu’il n’y a que peu d’obligations de la part des
fabricants à effectuer des tests toxicologiques et écotoxicologiques. Les données restent donc fragmentaires.
En clair, nous n’avons pas assez de recul pour appréhender la réelle dangerosité de cette molécule pour l’homme et pour l’environnement !
Le DDT et le glyphosate, tout comme ces nouveaux pesticides dits « bio », étaient dans leurs tempsconsidérés comme des molécules miracles. Leurs effets dévastateurs pour l’environnement et la santé humaine n’ont été identifiés que des décennies après leur utilisation massive. Ne tombons pas dans le même piège ici !
Une Dangerosité avérée
L’acide pélargonique est une molécule dangereuse, il suffit de consulter les différentes Fiches de Données de Sécurité fournies par les fabricants de cette molécule pour s’en rendre compte. C’est une molécule corrosive qui provoque des brûlures de la peau et des lésions oculaires graves pouvant aller jusqu’à une perte de la vue ! Si inhalée elle peut provoquer des lésions des voies respiratoires.
Les données écotoxicologiques, même si elles sont fragmentaires, indiquent une dangerosité vis à vis des écosystèmes aquatiques plus importante que celle du glyphosate (teste Daphnie : CE50 de 64 à 119 mg/l pour l’acide pélargonique contre 243mg/l pour le Roundup) ! L’acide pélargonique est d’ailleurs classé comme étant dangereux pour l’environnement par certains fournisseurs de l’Amérique de Nord.
Une vraie fausse bonne idée
En plus de sa dangerosité, l’acide pélargonique seule (sans adjuvants) est peu efficace puisqu’elle brûle les feuilles mais ne détruit pas la racine. La plante se régénère en une dizaine de jours. C’est un palier de soutien uniquement à d’autres méthodes alternativesmanuelles. Le coût est également important et peu soutenable sur le long terme pour une commune avec des prix entre 250 à 300 € pour un bidon de 5L.
L’acide pélargonique ainsi que les autres nouveaux herbicides dits écologiques, ne sont pas des « désherbants bio ». Certes, ce sont des molécules produites par le vivant, mais c’est aussi le cas pour la toxine botulique et la ricine, qui font partie des molécules les
plus toxiques connues sur notre planète. D’ailleurs, l’acide pélargonique n’est pas autorisé en culture biologique, ni dans la Charte Terre Saine.
EELV79 met en garde les collectivités contre cette tentation de facilité aussi bien pour garantir la santé et la sécurité des agents de leur commune que pour éviter les impacts inéluctables qu’aura la pulvérisation de ce type de désherbant sur l’environnement.
D’autres méthodes existent : thermique, eau chaude, binette…
Mais surtout il est grand temps de changer notre regard vis-à-vis des Herbes Folles. Elles ont toute leur place sur nos trottoirs et aux pieds de nos murs. De multiples villes et communes l’ont déjà compris !
Les avancés et la révolution qu’appelle de ses vœux le Maire de Saint-Pardoux sont là, en changeant notre relation avec l’environnement… et non dans la recherche d’un nième pesticide toxique !
Monique JOHNSON co-secrétaire EELV79 |
Bernard JOURDAIN co-secrétaire EELV79 |
Nicolas GAMACHE Maire de Coutières |