COP21-Tribune de Michel MAYA, maire de TRAMAYES: Pyromane ou pompier ?
« Notre maison brûle et nous regardons ailleurs ». Cette phrase célèbre que Jacques CHIRAC prononça en 2002 lors du quatrième sommet de la Terre est restée dans l’esprit de beaucoup de personnes. Alors que PARIS et la France se prépare à accueillir à la fin de l’année la 21ème conférence des parties de la convention cadre des Nations Unies sur le Changement Climatique, on est en droit de se demander si le constat fait par notre Président en 2002 est toujours d’actualité.
En fait, en analysant un peu la situation actuelle, on constate facilement que notre maison continue de brûler mais par contre on sait aussi pratiquement avec certitude qui a mis le feu. Dans leur cinquième rapport rendu public le 31 mars 2014, après de longues années d’enquête, les spécialistes du Groupe Intergouvernemental d’experts de l’ONU sur l’Evolution du Climat (GIEC) ont pu affirmer que le lien entre les activités humaines et l’accroissement constaté des températures est extrêmement probable. Donc l’homme a mis le feu dans la maison qu’il habite. Par contre, ce qui est plus inquiétant, c’est qu’au lieu de jouer les pompiers, l’homme n’a toujours pas quitté son statut de pyromane. Pour s’en rendre compte, on peut se contenter de faire simplement une enquête sur la maison France. Dans le bilan énergétique 20131 (page 113) de la France édité par le commissariat général au développement durable, on apprend que nous avons utilisé 154 millions de tonne équivalent pétrole pour notre énergie finale, c’est-à-dire celle que nous utilisons directement dans nos maisons, mais que pour cela la maison France a du importer pour 260 millions de tonne équivalent pétrole. Nous avons donc eu 106 millions de tonne équivalent pétrole totalement perdu dans notre transformation énergétique et ces pertes représentent 69 % de notre énergie finale. Qui pourrait se permettre autant de pertes dans sa maison sans réagir ?
Dans l’analyse de ces pertes, on constate qu’en fait elles sont principalement d’origine thermique. En effet nous consommons beaucoup d’électricité qui est générée à partir de sources de chaleur avec un rendement déplorable et cela permet de réchauffer soit les petits oiseaux, soit les petits poissons, mais en tout cas l’atmosphère ambiante. C’est une contribution à notre réchauffement climatique et ceci de façon d’autant plus efficace qu’avec nos rejets gazeux nous plaçons notre terre dans une serre.
En corolaire de ce phénomène physique, on trouve un problème économique. En effet ces dernières années la facture énergétique annuelle de la France dépasse son déficit commercial. Ainsi toujours dans le bilan énergétique français de 20131 on peut lire en page 26 «À 65,8 Md€, la facture énergétique a encore dépassé le déficit commercial de la France, évalué par les Douanes à 61,2 Md€ ». La constitution de notre dette qui ne cesse de grandir a donc une origine énergétique. A nouveau qui accepterait d’emprunter pour gérer l’énergie de sa propre maison et confier par héritage cette dette à ses enfants ?
Alors que dans le cadre du débat actuel concernant la loi sur la transition énergétique nos parlementaires essaient de se mettre d’accord sur des objectifs à 2035 et 2050, on peut affirmer que les objectifs de 2020 ne seront pas tenus. Toutefois dans cette morosité, il y a des amorces de solutions. En participant à des défis de famille positive, des habitants ont pu, par de simples gestes, réduire de 20% leur consommation d’énergie. Des personnes construisent des maisons positives, c’est-à-dire des maisons produisant plus d’énergie qu’elle n’en consomme. Certains élus ont accepté d’inscrire leur collectivité territoriale dans la démarche de territoire à énergie positive pour la croissance verte et reçoivent actuellement de l’Etat des chèques de 500 000 € au minimum pour s’engager dans cette démarche. Tout ceci nous incite à avoir une positive attitude.
En conclusion, notre maison brûle et nous avons le choix entre deux solutions. Soit on ferme les yeux en continuant d’allumer des foyers dans notre maison, soit au contraire on s’engage dans des mesures de préservation des biens et d’extinction des foyers. En votre âme et conscience et en pensant à vos enfants, quel statut aller vous choisir : pyromane ou pompier ?