Clôture du Débat Public Center-Parcs: EELV Bourgogne demande un Plan B
INTERVENTION DE FRANCOIS LOTTEAU, Secrétaire régional
Le débat public est maintenant terminé.
Merci à Madame la Présidente et à son équipe, ce fut un beau débat.
Pierre et son copain Vacances doivent être contents.
Ils ont pu tout à loisir nous vanter les mérites de Center parcs.
Nous aussi, nous sommes contents.
Nous avons pu exprimer et argumenter nos désaccords.
Le Département, la Région aussi sont contents. Ils ont pu justifier leur investissement.
Bref, tout le monde est content du débat, comme au lendemain d’une élection où chacun se félicite soit d’avoir gagné, soit d’avoir honorablement perdu.
MAIS – vous attendiez ce « mais » - le Débat public est une consultation.
Pierre et Vacances avait peur d’être malade, il craignait la contagion du virus des Chambarans. Venu d’Isère, il risquait de donner la fièvre au Rousset et à Poligny.
Alors, Pierre et Vacances a consulté. Il a pris la température de son projet. Il s’est laissé ausculter, palper et il a maintenant un compte-rendu d’hospitalisation avec lequel il doit essayer de deviner un pronostic.
Mais pour que celui-ci soit fiable, il faut que le patient ait tout dit à la docte commission.
Il manque des réponses à d’importantes questions.
Le Débat public n’est qu’une entrée en matière.
Dit autrement, on ne nous a servi que l’apéritif.
Après les indispensables PLU de rigueur, nous attaquerons le plat de résistance de l’enquête publique.
Questions environnementale, questions sociales, économiques, juridiques, tout cela reste à explorer en détail. Il ne s’agira plus de déclarations de bonnes intentions mais de documents opposables.
Un sujet intéresse particulièrement tout autant les contribuables que les entrepreneurs locaux, celui des garanties. On ne se lancera pas au hasard et quoi qu’on en ait dit jusqu’à présent il reste beaucoup trop de flou dans ce dossier.
Si ça ne marche pas, la grande baignoire en hiver, si ça devient trop cher pour le français moyen-plus rattrapé par l’austérité ambiante, ou encore si l’amateur de rêve nature conditionné ne rêvait plus de Tropiques dans le Charollais parce qu’il aurait compris que le radiateur dans lequel on lui promet de barboter avec bonheur ne fait que dégrader un peu plus le climat de sa pauvre planète, si même les encycliques pontificales lui mettent les points sur les i, si ses propres enfants partent en vélo dans les campagnes et de ville en ville pour convaincre l’humanité de ne pas dépasser les +2° fatidiques … si tout ça, il ne va pas rester beaucoup de monde pour rentabiliser l’affaire.
Il va falloir brader, revendre à un repreneur low-cost. Adieu la promotion de l’agriculture locale et les filières courtes.
On fera venir dans la bulle encore debout, dans les bungalows déjà revendus à perte, des pas bien riches, s’il s’en trouve encore, pour profiter de ce que les mieux fortunés auront déserté.
Mais pas pour bien longtemps.
Quelques années plus tard, il ne restera aux habitants fusionnés du Rousset que leurs yeux pour pleurer devant leurs espoirs ruinés et les hectares de leur sol devenu friche industrielle.
Alors, s’il y a un plan B, il faut le dire. Le nier serait un mauvais point au compteur de votre honnête transparence. Mais cela signifiera que ce risque existe si bien que vous l'aurez pris en considération.
S’il n’y a pas de plan B, c’est que vous avez d’autres moyens de sécuriser l’opération. Pierre et Vacances, vous êtes une grande entreprise, vous calculez, vous ne prenez pas de risques inconsidérés. Vous ne faites pas tout cela pour les beaux yeux du Rousset et de la Saône-et-Loire. Si vous n’avez pas sécurisé la revente, vous avez au moins sécurisé l’éventualité de votre départ.
L’éventualité d’un départ prématuré au regard du nombre d’années qu’il faut pour rentabiliser la mise de fonds, celle de la SEM et des collectivités territoriales qui investissent et à qui vous devrez un loyer.
Quelles garanties si vous ne payez plus ?
Quelle est la solidité de la solidarité que l’on nous déclare entre Pierre et Vacances et la société montée pour le Center parc ? Il faut à cette question des réponses précises et validées. Le Débat public n’y a pas suffi.
Il y a un autre sujet sur lequel les garanties n’ont pas été apportées. Il s’agit du travail donné aux entreprises locales. Les engagements verbaux ne peuvent suffire. Comment ces marchés locaux seraient-ils assurés dans les cahiers des charges des appels d’offre ?
Le sérieux doit l’emporter sur la communication papier glacé.
Des élus en sont conscients, s’ils ont encore du mal à faire machine arrière. Mais qu’ont-ils à craindre les nouveaux élus ? Solidarité professionnelle envers leurs collègues précédents qui se sont laissé bercer d’illusions alors qu’ils étaient pressés de trouver des solutions au spectre du chômage et qu’on leur en présentait une clés en mains ?
Peut mieux faire, dira demain l’électeur, pour les mêmes sommes d’argent.
On ne marche plus, dira demain l’électeur, dans ces projets inutiles pour l’intérêt commun, projets utiles seulement aux finances de grands groupes qui ne laisseront peut-être même pas quelques miettes aux petits sous-traitants locaux.
Oui, il faut tout faire contre le chômage, mais pas en utilisant l’argent de nos impôts dans des projets hasardeux simplement pour pouvoir dire qu’on fait quelque chose.
Etude d’impact, suivi des marchés, nous serons présents et vigilants. Les non-réponses ne font que nous inciter à plus de prudence et, au fil du temps, vos soutiens vont fondre comme neige au soleil.
Mais nous ne nous réjouirons pas du simple fait que le Center parc ne se fera pas.
Nous nous réjouirons seulement quand le même argent public, au lieu d’être risqué sur un investissement non sécurisé, sera utilisé pour créer de vrais emplois, pour mettre en valeur vraiment notre patrimoine, quand il servira à développer un tourisme qui fera vivre les gens au pays, qui fera découvrir notre pays dans une vraie rencontre.
J’espère le jour où nous pourrons dire « Venez, nous allons vous faire profiter de la richesse de notre histoire, de la beauté de nos paysages, du bon goût des produits de nos terroirs. Venez partager tout cela avec nous ».
Il faudra pour cela que notre maison commune soit en bon état, accueillante, et j’espère que nous n’aurons pas à commencer par démonter une verrue aqualudique qui met par terre tous les efforts entrepris pour promouvoir une Saône-et-Loire saine, belle, vivante et tournée vers l’avenir.
INTERVENTION DE CLAIRE MALLARD, Bureau Régional EELV Bourgogne.
Après 2 mois de débat, je constate que la réalité est en partie occultée. A chaque fois que la question de l’aléa climatique a été posée, nous n'avons jamais eu de réponses susceptibles de démontrer que le projet s'adapterait parfaitement aux effets du réchauffement climatique.
Et pourtant, la canicule qui s'est installée depuis quelques jours doit nous rappeler à tous, que nous ne sommes plus dans le temps de l'alerte mais de l'action.
C'est bien parce que nous sommes réalistes et pragmatiques, que nous avons soulevé, tout au long du débat, la contradiction du projet avec une stratégie d'adaptation du territoire qui tient compte de l’aléa climatique. A moins de nous démontrer le contraire, faits à l'appui, mais personne n'a été en mesure de le faire.
Le Département et la Région seraient donc à part du mouvement mondiale des collectivités locales engagées dans la lutte contre le réchauffement climatique.
Le sommet mondiale « climat et territoires » de Lyon vient de fermer ses portes. Il faut retenir deux choses : d'une part, les collectivités sont les premières exposées au changement climatique et d'autre part, ce sont elles qui offrent les solutions concrètes pour en amortir les effets.
C'est pourquoi, avant d'investir dans un projet contestable et contesté, nous invitons les collectivités à évaluer la vulnérabilité du département face à l'aléa climatique. Concrètement, il est necessaire de lancer des études de risques qui envisagent les conséquences possibles sur l'économie, dont l'agriculture et le tourisme, les paysages et bien sûr la population. Plusieurs régions comme PACA, NPDC...l'ont fait.
Nous avons bien noté que le Département et la Région font le choix d'une stratégie de développement qui repose sur la diversification des activités. Outre le fait que nous restons dubitatifs sur leur capacité à satisfaire toutes les filières, vu l'état des finances locales, nous percevons cette démarche comme du saupoudrage d'argent public qui ne peut que freiner la transition écologique des territoires. En résumé, on nous dit qu'on va partout et nous on vous répond que vous n'allez nulle part.
L'approche écologiste est pourtant simple et claire :
A partir d'un objectif de réduction des émissions de CO2, allez les 40 % de réduction à l'horizon 2030 issue de la stratégie bas carbone de la France et de l'UE, on priorise la conversion des filières qui sont fortement émettrices de CO2 : transports, bâtiment, industrie et agriculture. Tous ces secteurs créeront de l'emploi, généreront des retombées économiques et permettront aux habitants de vivre mieux.
On peut même envisager de développer ces secteurs avec les outils juridiques qui sont proposés pour CP. Effectivement, la création d'une SEM visant à accompagner la rénovation énergétique, des copropriétés, des logements sociaux et de l’habitat en milieu rural et a promouvoir les énergies renouvelables boosterait ces filière dans notre département.
Enfin, comme à coutume de dire le secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon« Nous n’avons pas de plan B parce que nous n’avons pas de planète B » pour pousser à l'action, notre responsabilité consiste à réorienter notre modèle de développement grâce à de nouvelles traverses et des voies B.