Conseil Municipal de Dijon du 29 septembre: intervention de Catherine HERVIEU sur la demande de subvention au Fonds Interministériel de Prévention de la Délinquance

 

 

Monsieur le maire, chers collègues,

Nous réitérons la question de l’efficacité de ce dispositif de vidéo-surveillance au regard des sommes investies et des effets qu’il est censé produire en matière de prévention de la délinquance.

Car en France, il n’y a à ce jour aucune évaluation, ni bilan réel.Seul un rapport de la cour des Comptes qui s’intitule « L’organisation et la gestion des forces de sécurité publique » paru en juin 2011 tente une réflexion sur ce sujet laquelle porte plus sur la question des libertés fondamentales que sur les résultats obtenus par les dispositifs de vidéo-surveillance.

La Grande-Bretagne qui possède 1 million de caméras sur son territoire non seulement n’a pas réussi à endiguer la violence, mais en plus celle-ci progresse. Et face à l’échec de la vidéo-surveillance, les villes de Miami et d’Atlantic City aux Etats-Unis, l’ont tout simplement abandonnée.

En fait, le rôle préventif de la vidéo-surveillance n’a été démontré que dans les seuls lieux fermés comme les centres commerciaux où les délits ont effectivement été réduits de 50%.

Et quand bien même, on a pu constater empiriquement une diminution des délits dans les endroits ouverts où sont placées les caméras, on observe en même temps qu’ils se sont aussitôt déplacés là où il n’y en a pas. On ne va évidemment pas tomber dans la spirale infernale et anti-démocratique, de mettre des dispositifs partout dans les lieux publics!

Maintenant, parlons du coût. Il s’agit au total d’un investissement d’environ 200 000 € avec les caméras et le poste commandement. Cet investissement se rajoute à ceux déjà opérés depuis 2008 pour une somme de plus d’un million d’euros partagé par la ville et le fonds interministériel! Ce qui peut équivaloir à plusieurs emplois de policiers municipaux et travailleurs sociaux.

 Quant au sentiment d’insécurité, si on prétend que la vidéo-surveillance le résout, elle ne contribue que très peu au combat contre l’insécurité elle-même. Alors, au-delà du débat technique sur l’utilité ou non de la vidéo-surveillance, les élus EELV préfèrent comprendre pourquoi le sentiment d’insécurité a pris une telle place dans nos villes contemporaines alors que nous vivons une des périodes les plus sûres de l’histoire des sociétés occidentales, exempte de guerres et d’épidémie majeures sur leurs territoires.

En se concentrant sur les causes du sentiment d’insécurité nous pourrons alors développer des actions garantissant la tranquillité publique conformément aux fondements de la République démocratique.

Le constat est là, à partir duquel on peut dégager 3 axes:

– l’ insécurité sociale: plus personne n’est à l’abri de perdre un emploi, et la peur du déclassement se généralise à tous les niveaux de la population.

– l’insécurité environnementale qui s’amplifie : pollution de l’air, de l’eau et des sols, risques d’accidents nucléaires, et événements météorologiques de plus en plus aigus liés au changement climatique.

– la délinquance et les incivilités.

Les 2 premiers axes restant éloignés du quotidien, parce qu’on peut y échapper à court terme, le 3ème, celui de la délinquance et des incivilités, est par conséquent surévalué.

Outre l’échelle de temps, l’insuffisance et surtout le renoncement dans nos politiques publiques à lutter contre les problèmes sociaux et environnementaux, participent à cette surévaluation de la délinquance.

Nous ne sommes pas dans une démarche angélique mais dans une véritable démarche de prévention. Face à la délinquance, nous devons agir sur ses causes à la manière de Victor Hugo dont les paroles sont toujours d’actualité, si l’on se réfère à cette phrase : « ouvrir une école, c’est fermerune prison ».Or depuis 2007, bien des classes et des écoles ont été fermées, et nombre de postes de policiers, d’éducateurs et de travailleurs sociaux ont été supprimés, Monsieur le Ministre l’a rappelé.Autant de personnels des services publics locaux et nationaux qui contribuent à prévenir et à contenir des expressions de la délinquance et des incivilités.

Ainsi, nous relayons la position nationale des écologistes: la fin du financement de la vidéo-surveillance par le FIPD, qui n’a pas grand chose à voir avec la prévention, alors que c’est son objet. Puis, à défaut de conduire nationalement une étude scientifique indépendante sur la vidéo-surveillance, son efficacité réelle, ses coûts et ses limites, nous proposons une évaluation locale de l’efficacité du dispositif actuel, et un moratoire sur la vidéo-surveillance de la voie publique.

Catherine Hervieu

 

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