Budget Primitif 2015: intervention de Catherine HERVIEU en conseil municipal le 9 février 2015

Monsieur le maire, chers collègues,

Mesdames, Messieurs

Ce Budget Primitif est le premier de la mandature.

Il doit apporter des réponses locales à une crise économique et environnementale structurelle selon les valeurs qui ont rassemblé la majorité.

Il doit également apporter des réponses à la crise de confiance qui se traduit, entre autre, par la fracture du pacte républicain. L’élan de citoyenneté, qui s’est exprimé le 11 janvier après les attentats du début de l’année est un signe fort. Cet élan a permis de sortir de la sidération de la pensée suite à l’irruption de ces attaques contre la liberté et la fraternité.

Nous devons entendre cet appel.

Nous devons, également, comprendre celles et ceux pour qui les valeurs de la République n’ont pas de sens concret parce qu’ils sont exclus, isolés et relégués aux marges d’une société qui génère des inégalités sociales et de l’injustice. Ce qu’ils disent avec ou sans urne entre autre.

Nous devons entendre et comprendre tout cela pour revoir et consolider les bases d’une société plus solidaire, plus fraternelle, celle du vivre-ensemble.

Mais cette année 2015, c’est aussi l’année de l’ambition écologique avec la COP21 de Paris au mois de décembre. Après l’accord mitigé issu de la conférence de Lima, les collectivités locales, dont Dijon, doivent être encore plus des acteurs déterminés dans la lutte contre le réchauffement climatique. Car au-delà des déclarations d’intention des Etats, il ressort de plus en plus que ce sont bien les collectivité qui sont le fer de lance de la lutte contre le changement climatique.

Face à ces grands enjeux sociaux et environnementaux, notre ville au coeur du Grand Dijon doit renforcer son action pour accompagner les plus fragiles, mettre en œuvre la transition écologique.

Évidemment, la baisse des dotations de l’État est conséquente sur les budgets locaux. Cependant, à Dijon, nous ne sommes pas résignés car des marges de manœuvres existent, grâce à une gestion fine. Cela permet de maintenir la priorité sur la mixité et la justice sociale et la transition écologique.

Ainsi, cela se traduit par le maintien d’un niveau d’investissement stable depuis 2012, et ce malgré la baisse de la DFG de 4,5 millions d’euros. Ce volontarisme permettra à la Ville de préserver la situation économique dijonnaise, car nous le savons tous: les investissements créent de la richesse.

Or actuellement, les investissements privés sont en berne du fait d’un manque de liquidités à l’échelle nationale et surtout européenne,

et surtout en l’absence d’un vrai projet politique européen portant, au-delà du repli des nations sur elles-mêmes, des réponses:

face à la dégradation de l’environnement,

face aux conflits autour de l’accès à l’énergie

et pour la redistribution des richesses de plus en plus immenses captées par un petit nombre.

Alors la responsabilité à notre échelle est de soutenir l’activité locale par des investissements publics en y intégrant de plus en plus les critères sociaux et environnementaux. D’ailleurs, c’est cette démarche qui prévaut depuis 2001 et qui permet à Dijon et au Grand Dijon, de contenir un chômage, certes toujours trop important, mais en deçà de la moyenne nationale.

Et si nous devons constater, et je vois bien que c’est difficile à faire ce constat pour certains, donc si nous devons constater que la Ville agit de façon responsable

parce qu’elle se désendette depuis 2009,

que ses investissements sont, en majeur partie, autofinancés

et que le recours à l’emprunt est faible, nous ne devons plus aborder le niveau d’endettement comme un problème en soi: il est à mettre en regard de la nature des investissements qu’il permet.

Si nous voulons créer des emplois, adapter le territoire aux changements climatiques, offrir des services publics de qualité à la population pour qu’elle puisse se chauffer, se déplacer, se nourrir et se soigner, l’endettement n’est pas à considérer comme une ligne rouge indépassable! Il faut alors cibler les investissements, éviter le gaspillage sur des projets inutiles, s’assurer de la capacité de remboursement. Et de ce point de vue, Dijon est plutôt bien placée avec une capacité de désendettement de 7 ans.

Alors dans ce budget primitif, nous ne notons pas de projets inutiles. Au contraire, nous avons des investissements durables qui répondent aux enjeux prioritaires :

  • celui de l’accès au logement, et ce n’est pas le dernier rapport de la Fondation Abbé Pierre évaluant 3,5 millions de mal logés qui nous contredira ;

  • celui de la culture pour tous;

  • celui de l’amélioration du cadre de vie;

  • et bien sûr celui de la réduction de la consommation d’énergie qui participe à la diminution de l’empreinte écologique de Dijon et à la baisse des factures;

Nous tenons particulièrement à saluer la réforme de la tarification de la restauration scolaire qui favorisera l’équité entre les familles tout en dégageant des marges de manœuvre financière. Nous pensons que cela permettra d’améliorer la qualité du service grâce à une augmentation, progressive de la part des produits biologiques et locaux dans les assiettes.

Alors qu’on s’interroge aujourd’hui sur le rôle, les missions et les faiblesses de l’École, l’entretien du patrimoine scolaire, d’une part, et la reconduction du fonds gouvernemental pour le financement de la réforme des rythmes scolaires d’autre part,

ces deux démarches donc, témoignent d’une volonté politique à faire de l’éducation un des axes essentiel de notre action. Nous serons néanmoins attentifs à la qualité du service périscolaire et aux conditions de travail des agents, puisque conformément au décret, le taux d’encadrement ne sera pas revu à la hausse.

De plus, nous suivons attentivement les subventions versées aux associations puisqu’elles contribuent aux efforts budgétaires. A l’horizon 2018 à ce rythme, un emploi sur six serait menacé au sein des associations, qui comptent 1,8 million de salariés en France, selon le Collectif des associations citoyennes. Outre le fait qu’elles mènent des actions d’intérêt général et de proximité, elles sont un soutien indirect à l’emploi local. Nous soutenons donc l’étude des subventions au cas par cas, étude qui pourrait être complétée par des critères d’attribution d’utilité sociale et environnementale et une charte d’engagements réciproques.

Après la 1ère tranche de la rénovation du Musée des Beaux-Arts, nous soutenons pleinement la nouvelle tranche de rénovation qui contribue à l’attractivité de Dijon et la valorisation du patrimoine. Nous insistons néanmoins sur le fait que les grands équipements culturels doivent intégrer deux enjeux majeurs:

celui de l’égalité d’accès à la culture et le maintien de la gratuité des musées y contribue bien évidemment,

et celui de l’égalité dans les quartiers pour favoriser la proximité de la culture dans le quotidien des habitants.

Enfin, nous soulignons avec satisfaction la pérennisation des budgets participatifs qui ont pour but d’associer les habitants à l’aménagement et au développement de la ville et leur permettre d’agir en tant qu’acteur de la cité. Parce que ce sont de formidables outils d’expression de la citoyenneté, nous pensons qu’ils pourraient évoluer autant sur l’utilisation que l’on peut en faire que sur la part qui leur est actuellement allouée sur l’investissement global.

Donc un budget réaliste et volontaire que notre groupe votera.

Catherine Hervieu

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