Trois questions à José Bové
Trois questions à José Bové, candidat à la primaire écologiste européenne :
José, que signifie pour toi cette primaire européenne ?
Avec l’initiative audacieuse et pionnière de cette primaire au niveau européen, les écologistes montrent de nouveau qu’ils savent faire preuve d’imagination pour contribuer à faire évoluer nos « vieilles » démocraties un peu fatiguées. Grâce à ce type de pratique, nous échapperons d’avantage en 2014 aux tractations diplomatiques et marchandages de couloir entre États pour désigner le ou la Président-e de l’exécutif européen. Et surtout, nous pourrons réellement avoir des débats de fond sur les grandes orientations qui doivent inspirer les politiques européennes des prochaines années, ce qui nous fait cruellement défaut aujourd’hui.
C’est une occasion historique d’impliquer réellement les Européens dans la définition de leur Europe. Si nous avons besoin d’une Europe politique légitime et démocratique, ce n’est pas seulement pour sauver des tentations nationalistes le projet magnifique d’un espace de paix, de liberté et de prospérité partagées, construit sur le dépassement des horreurs historiques d’un continent longtemps en guerre. C’est parce que nous avons besoin plus que jamais d’une Europe qui agisse, d’une puissance publique continentale, capable d’impulser les réponses politiques indispensables aux crises qui bouleversent les équilibres de nos sociétés.
Pourquoi as-tu décidé de te présenter à cette primaire ?
Aujourd’hui, la seule action qui compte au niveau européen, c’est de renouer avec l’espérance. Alors que des sociétés entières sont au bord de l’effondrement, alors que le chômage explose partout dans l’UE, spécialement chez les jeunes, alors que les finances publiques sont sous pression croissante, un sentiment accru de désespoir et de peur du lendemain envahit une majorité des citoyens européens, tentés alors par le repli identitaire. Et nul Etat-nation, même au glorieux passé, n’a les moyens de répondre seul aux immenses défis de notre temps. Le cirque des grands sommets « de la dernière chance » à Bruxelles ne fait plus rire personne.
Face à ce sombre tableau, nous avons en tant qu’écologistes de grandes priorités à défendre et à mettre en œuvre à l’échelle de l’Europe : la domestication des marchés financiers, l’engagement de la transition énergétique et la lutte contre le dérèglement climatique, la défense intransigeante de nos libertés, la transformation de nos systèmes agricoles et la mise en œuvre d’une réelle solidarité entre les Européens, mais également avec les autres peuples de la planète. C’est cela notre « Europe fédérale ». J’ai choisi d’être candidat pour tenter d’incarner cela à mon niveau et de défendre notre projet pour l’Europe. Une autre Europe est possible, mais elle est dans celle-là!
Quel serait ainsi ton principal mot d’ordre ?
Il est urgent de remettre « l’intérêt général » au cœur des politiques européennes. Nous sommes à l’heure des choix. Notre responsabilité à nous, écologistes européens, est d’offrir aux citoyens une alternative en rupture avec ces choix du passé. Firmes multinationales, paradis fiscaux, marchés financiers, triades maffieuses,… quand les pouvoirs réels se jouent des frontières, il est nécessaire de se hisser à leur niveau et de construire par la mobilisation de contre-pouvoirs transnationaux. Syndicats, forces politiques, associations, réseaux citoyens : l’horizon des luttes et les leviers de la transformation de nos sociétés se trouvent aujourd’hui bien au-delà des frontières nationales. L’Europe est donc l’échelon pertinent, le champ des luttes adéquat pour mettre en œuvre notre projet de transition écologique radical et pragmatique. Ces primaires ne sont qu’un jalon modeste sur le chemin de la démocratie européenne. Mais les longues marches commencent toujours par un premier pas.
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Benjamin Joyeux
Coordinateur de la délégation des députés Verts/ALE français au Parlement européen
Responsable de la commission Transnationale d’EELV
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