Tous les voyants de la pollution de l’air sont au rouge
Depuis 2009, la qualité de l’air ne cesse de se dégrader à Toulouse. Et en ce début d’année, la pollution a déjà dépassé à six reprises les seuils autorisés.
Pour la 6e fois depuis le début de l’année, l’Oramip (observatoire régional de l’air en Midi-Pyrénées) a déclenché, hier à Toulouse, la procédure d’information au public. Cette alerte est lancée chaque fois que le seuil réglementaire de 50 microgrammes de particules par m3 d’air (1) est dépassé sur l’agglomération toulousaine. Pour Dominique Tilak, directrice de l’Oramip, six rappels à l’ordre en deux mois « c’est beaucoup ». D’autant plus que ce nouveau pic de pollution confirme la dégradation régulière de la qualité de l’air respiré à Toulouse et sur l’ensemble de la région. En 2010, cette mauvaise qualité de l’air a propulsé Toulouse et le territoire qui l’entoure dans le groupe de la dizaine de grandes villes qui valent à l’État une condamnation à quelque 10 millions d’euros de pénalité demandée par l’Europe. La France a fait appel de cette condamnation. « Mais même si elle s’est engagée à respecter les normes fixées par l’OMS pour 2010, elle ne l’a pas fait », poursuit la directrice de l’Oramip.
À Toulouse en 2010 (les résultats de 2011 ne sont pas encore publiés), la station périphérique de l’Oramip a relevé 48 dépassements du seuil des 50 microgrammes par m3 soit 13 de plus que les 35 autorisés. Ces pics de pollution aux abords du périphérique s’expliquent facilement par le nombre croissant de véhicules qui circulent autour de la ville. « Mais ce qui est préoccupant, c’est que depuis trois ans nous sommes confrontés à une augmentation régulière du nombre de jours des dépassements mesurés sur les stations de fond », poursuit la directrice de l’Oramip. Les « stations de fond », sont des points de mesures de la qualité de l’air installés à l’écart des points névralgiques tels que les périphériques ou les concentrations industrielles. Situées sur le Théâtre des Mazades, sur l’école Jacquier, et sur le lycée Berthelot, ces stations de fonds livrent des résultats inquiétants : entre 2009 et 2011, le nombre des dépassements constatés est passé de 10 à 21. Même tendance à Albi où ils sont passés de 7 à 15 sur la même période, mais situation encore plus préoccupante à Tarbes, où le dépassement du seuil des 50 microgrammes de particules par m3 d’air est passé de 8 en 2009 à 23 en 2011. Cette augmentation de la fréquence des dépassements se double enfin d’une hausse de la moyenne annuelle de la quantité de particules en suspension dans l’air. En 2010, cette moyenne a dépassé d’un microgramme le seuil des 40 microgrammes par m3 d’air aux abords du périphérique où l’air est décidément très chargé.
Un plan pour le climat
Pour Antoine Maurice, vice président EELV du Grand Toulouse en charge de l’environnement, la situation préoccupante de la pollution de l’air à Toulouse devrait commencer à s’améliorer après le vote, fin mars, du plan Climat énergie. Parmi les principales dispositions de ce plan, les actions en faveur du vélo bénéficieront de 12 millions d’euros d’investissement d’ici 2014. Y figure également le lancement d’une étude visant à limiter l’accès à la ville aux véhicules les plus polluants, mais sans toutefois pénaliser les propriétaires de vieilles voitures. Enfin la création de plateformes logistiques pour centraliser les marchandises à l’entrée de la ville est à l’étude. Mais, pour Antoine Maurice, les collectivités territoriales ont besoin du concours de l’État pour mener à bien cette lutte pour la qualité de l’air. Un concours qui pourrait porter sur la limitation à 90 km/h de la vitesse sur la rocade Arc-en-ciel, ou l’aide au financement de filtres pour limiter les émissions de fumée de bois de chauffage par les cheminées.
Le chiffre : 9
mois > en moins. Selon une estimation citée par l’Oramip, la pollution chronique de l’air réduit de 9 mois l’espérance de vie moyenne des Français. 40 000 personnes particulièrement sensibles ont par ailleurs une espérance de vie amputée d’une dizaine d’années en raison de la piètre qualité de l’air.
« Sur la région l’augmentation moyenne des concentrations de molécules dans l’air a augmenté de 10 % en 2011 ». Dominique Tilak, directrice de l’Oramip Midi-Pyrénées.