Portrait du mois : Gisèle Halimi

Gisèle Halimi, née Zeiza, Gisèle, Élise Taieb est née le 27.07.1927 à La Goulette, en Tunisie, dans une famille pauvre juive et Berbère. Très tôt Gisèle essaie de s’affranchir des dominations patriarcales et religieuses, puis elle s’intéresse a la cause féminine, aux droits des peuples et aux libertés fondamentales.

Après des études de droit à Paris, elle exerce d’abord à Tunis puis à Paris en 1956.

Elle s’engage pour l’indépendance de son pays, dénonce la torture et sera l’une des principale avocate du FLN Algérien.

Elle devient également l’avocate de Jean Paul Sartre et de Simone de Beauvoir. C’est avec elle et Jean Rostand qu’elle fonde en 1971 le mouvement féministe  »CHOISIR LA CAUSE DES FEMMES ».

Cette même année elle est à l’origine avec Simone de Beauvoir du manifeste des 343, dressant la liste de 343 Françaises déclarant s’être fait avorter, et s’exposant à l’époque à des poursuites pénales, pouvant aller jusqu’à l’emprisonnement. Y figurent de nombreuses personnalités connues : C. Deneuve, M. Duras, A. Mouchkine, J. Moreau, M.F Pisier, D. Seyrig, B. Laffont, Bulle Ogier, A. Varda, D. Desanti, M. Vlady, A. Leclerc, B. Fontaine..etc..

Ce manifeste rédigé par S. De Beauvoir commence ainsi : «1 million de femmes se font avorter chaque année en France, de même que nous réclamons le libre accès aux moyens anticonceptionnels, nous réclamons l’avortement libre.»

CHOISIR organise en 1972 le procès de Bobigny, qui fut le procès politique de l’avortement en France. G. Halimi y défend notamment une jeune mineure Marie Claire, âgée de 16ans, enceinte suite a un viol qui comparait au tribunal des enfants de Bobigny, accompagnée par sa mère qui l’a soutenue dans la démarche d’avorter. Ce procès sera une tribune avec les soutiens de nombreuses personnalités (Jacques Monot, Jean Rostand, Aimé Césaire…) Les journaux de gauche soutiennent la cause, Françoise Giroud n’hésitera pas à divulguer le contenu du procès malgré les mises en garde du procureur .

Cette lutte déterminée, illustrée par une forte solidarité des milieux militants et intellectuels en introduisant un débat public, amènera à la dépénalisation de l’IVG quelques années plus tard avec la loi Veil, en 1975.

 

De 1981 à 1988, Gisèle Halimi est élue députée (PS) de l’Isère et conseillère régionale en Rhône Alpes. Elle intervient notamment pour l’abolition de la peine de mort, contre la prolifération des centrales nucléaires, contre les mères porteuses, pour le congé parental, le remboursement de l’IVG, la dépénalisation de homosexualité…

En 1985 elle nommée ambassadrice auprès de l’Unesco, chargée des droits de l’homme.

En 1989 elle sera conseillère spéciale à l’ONU à New York. Puis de 1996 à 1998 rapporteuse de la commission pour la parité au sein de l’observatoire pour la parité.

Elle a participé à de nombreux autres combats puisqu’elle est aussi l’une des fondatrices de l’association alter mondialiste ATTAC.
Conférencière, écrivaine, elle a écrit en 1976, entre autres ouvrages, La cause des femmes et

son autobiographie dans Le lait de l’oranger.

Elle s’exprime dans L’avortement, une loi, un procès en 1988 ainsi que dans La nouvelle cause des femmes en1997. Enfin en 2009,parait Ne vous résignez jamais sur les années d’engagement.

En 2013, une rue Gisèle Halimi a été inauguré à Bobigny.

La loi Veil de 1975 instaurait le droit à l’IVG « pour toute femme enceinte que son état place en situation de détresse ». Depuis janvier 2014, suite à un vote de l’Assemblée Nationale, le droit à l’IVG consiste « au droit des femmes à choisir ou non de poursuivre une grossesse ». Néanmoins l’exercice de ce droit reste fragile et en période de crise économique et religieuse, les régressions restent possible, c’est le cas en Espagne. En France 130 centres IVG ont fermé en dix ans. Ce contexte indique que la lucidité et la vigilance s’imposent toujours.

M.C.

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