Portrait de femme : Denise Epstein

Denise Epstein, décédée le 1er avril 2013, était la fille de l’écrivaine Irène Némirovsky (juive russe) déportée en juillet 1942 et morte du typhus. Célèbre de son vivant, c’est grâce à sa fille Denise qui se décida à ouvrir en 1975 et à déchiffrer, le manuscrit inachevé de sa mère, qu’elle obtint le prix Renaudot  pour son roman « Suite Française » (2004). Avant d’être déporté à son tour,  son père lui avait confié une valise qui contenait « le cahier de maman» et lui fit promettre de ne pas s’en séparer, volonté qu’elle suivit scrupuleusement.

Après la guerre, la jeune fille commença d’abord par se reconstruire. En 1953, elle se marie et fonde une famille de trois enfants. Devenue documentaliste à la documentation des fraudes, elle militera dans diverses associations laïques de gauche. En 2004 « Suite Française » sera vendu  à plus de 1,3 millions d’exemplaires et traduit dans de nombreuses langues. Denise fera  de nombreux de voyages pour présenter l’œuvre de sa mère. Dans la foulée, de nombreuses œuvres d’Irène Némirovsky seront rééditées. En 2011 sort une intégrale de l’œuvre en Poche (2000 pages), cependant Denise nous avait confié qu’après sa parution l’éditeur avait encore trouvé une œuvre de sa mère, non publiée !

Denise était un peu l’ambassadrice de sa mère. C’était une vieille dame facétieuse, un jour devant le Théâtre Garonne, assiégé par les militants de Civitas, qui protestaient sur la tenue d’une pièce de Rodrigo Garcia, jugée anti-religieuse. Elle nous raconta qu’après le succès du roman « Suite Française », elle avait pu quitter son logement HLM car, elle n’était pas comme Jean-Pierre Chevènement  qui s’accrochait au sien.

En 2008, Denise Epstein publiera un livre « Survivre et Vivre » dans lequel, elle raconte son enfance, sa vie de femme et de militante et aussi son retour vers le judaïsme.

Mercredi 15 juin 2013, la librairie Ombres Blanches lui a rendu un hommage avec la projection d’un film, sous forme d’un entretien qu’elle accorda en 2011 et où elle s’exprime sur l’œuvre de sa mère, la Shoah, l’héritage d’Auscwitz, l’Indicible….qui obséda sa vie. Elle était pleine d’une énergie, d’une insoumission qui  auront fait l’admiration de ceux et celles qui la rencontraient.

Sa voix éraillée, de grande fumeuse, nous manquera.

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