Marre des OGMs Seralini jette un pavé

Bio-thriller
Une étude, « pas une de plus mais celle qui manque », raconte Gilles Malaury, journaliste au Nouvel Obs, qui a été mis, un peu avant les autres dans la confidence de cette bio-enquête digne d’un film d’espionnage… Recherche de semence ogm (propriété du semencier), accord clandestin avec un lycée canadien pour se procurer ses semences, culture des plantes et transformation de la récolte en croquettes toujours dans le plus grand secret, communication cryptée, abandon des communications téléphoniques, lancement d’une enquête-leurre…
C’est bel et bien le monde dans lequel évoluent ceux qui se mettent à combattre les grandes firmes multinationales, ici Monsanto. Que penser des méthodes utilisées par ce genre de firme quand ses détracteurs se doivent d’être si précautionneux pour parvenir à finaliser leur enquête ?
Deux ans d’investigation menée par le CRIIGEN (Comité de recherche et d’information indépendante sur le génie génétique) afin de parvenir à publier cette enquête, qui restera déterminante dans l’histoire du combat contre les OGM. Selon ce comité, « la puissance de Monsanto et de ses alliés est telle que toute fuite aurait anéanti tout espoir de mener à bien cette étude… ».
Un ennemi du vivant
Puissance polluante également, Monsanto, pour ceux qui ne le savent pas, a aussi participé à la fabrication ou la vente d’une kyrielle de produits néfastes (Saccharine, fibres acryliques, PCB, agent Orange, Lasso, Round UP, aspartame, …). Entre autres exactions, Monsanto a produit la 1ère bouteille en plastique pour du soda et certains de ses administrateurs ou scientifiques participèrent au développement de la bombe A. Soumise à de multiples condamnations, notamment pollutions sur les populations et sur ses propres employés, publicités mensongères, pots-de-vin, la firme pèse sur les institutions pour continuer à polluer sans vergogne et à s’approprier tous les secteurs lucratifs de vivant (si on peut dire…).
Monsanto ne sait pas faire la différence entre agriculture, agro-alimentaire et agro-industrie, que tous les moyens sont bons, mauvais, ce n’est pas son problème. Heureusement, certains contre-attaquent…
Résultats alarmants
Publiés dans la très sérieuse revue « Food and chemical Toxicology », les résultats sont, on ne peut plus, explicites. .. 4 groupes de rats ont été testés sur deux ans, période très longue par rapport aux 3 mois prévu par l’Efsa (Autorité Européenne de sécurité des aliments). Un groupe, nourris sans OGM et pesticides ; un autre, ayant bu un pesticide au taux présent dans l’eau du robinet ; un autre encore, consommant du maïs OGM ; un dernier, nourris au maïs OGM traité au pesticide. Deux produits de Monsanto sont donc visés dans cette étude, le pesticide Round Up et le maïs OGM NK603.
Les résultats révèlent des mortalités plus rapides et plus fortes au cours de la consommation de chacun des deux produits, avec l’apparition plus rapides de cancers. Les femelles développent des tumeurs mammaires importantes et en grand nombre et des perturbations hypophysaires et rénales, et les mâles présentent des atteintes hépato-rénales chroniques sévères.
Nier les évidences
Bien sûr, les critiques fusent quand à la recevabilité des résultats de l’enquête, menée par le professeur Gilles-Eric Séralini, membre du Criigen, fondée par Corinne Lepage. Les souches de rats choisies seraient inadéquates, leur nombre est insuffisant. Voilà deux éléments qui invalideraient les études qui ont mené à l’autorisation des OGM puisqu’elles ont été faites sur les même souches de rats et en nombre moindre.
Quand à la partialité du professeur, on rappellera qu’il a déjà fait condamné Marc Fellous, tête de file des pro-OGM pour diffamation et que le Criigen ne cesse de réclamer des études contradictoires portant sur des durées aussi longues.
Le suites de l’enquête
Comme le rappelle l’article publié sur notre site national, les résultats de cette étude devraient provoquer, de toute urgence, une réaction de nos autorités sanitaires. On peut bien sûr s’étonner que pareille étude n’ait jamais été réalisé sur des durées similaires. La directrice de l’Efsa, s’est d’ailleurs opposé le 20 septembre devant la commission européenne à ce que d’autres études de 2 ans soient lancées… Rappelons que l’Efsa est suspecté de conflits d’intérêts depuis son opposition farouche à l’interdiction du Bisphénol A. Rappelons également qu’au niveau européen, un industriel ne peut être mis en cause si aucune étude scientifique ne prouve la dangerosité du produit qu’il fabrique. En demandant des études inférieures à 90 jours, il n’y a que très peu de chances de découvrir des problèmes sanitaires. On peut se demander que ou plutôt qui défend l’Efsa…
L’eurodéputé vert français José Bové a demandé mercredi matin à la Commission européenne, par principe de précaution, de « suspendre immédiatement les autorisations de mise en culture » accordées aux maïs OGM MON810 et à la pomme de terre Amflora (produit par Bayer) à la lumière des résultats de cette étude.
Merci à la mobilisation citoyenne
Dans le Gers, les militants anti-ogm se confortent de cette avancée. Ils pouvaient déjà se féliciter d’avoir réussi à mobiliser leurs représentants, notamment Philippe Martin, à la question des OGM en s’opposant à leur culture en plein-champ sur le territoire. Rappelons, comme cela s’est produit dans la lutte contre le gaz de schiste, que la mobilisation des citoyens reste importante, essentielle même. Bien que sur le terrain, les acteurs ne savent que trop qu’elle ne peut se passer de représentants politiques ou médiatiques qui sauront relayer leur combat dans les sphères décisionnaires. En attendant une démocratie plus réelle et une sortie du bipartisme, qui ne manquerait pas de voir émerger une majorité des voix contre ces firmes et leurs méthodes douteuses, l’écologie politique peut se féliciter de cette nouvelle victoire.

Remonter