Lapujade, un ilôt à vivre demain

Vendredi 2 décembre a eu lieu une réunion publique au faubourg Bonnefoy, sur le projet urbain pour l’îlot Lapujade.

Cette réunion a rassemblé de très nombreux participants. Elle a permis aux associations mobilisées sur l’avenir de ce coin de Toulouse de présenter aux habitants du quartier un projet d’urbanisme qu’elles ont élaboré avec le support des services de la Ville de Toulouse.

A la suite de ce débat nous proposerons un règlement d’urbanisme pour le quartier, qui devrait reprendre en grande partie le travail présenté. Il devrait être détaillé dans le cadre de la révision du Plan Local d’Urbanisme, qui devrait être voté pour avis au premier semestre 2012 avant d’être soumis à enquête publique.

L’ilôt Lapujade est une zone de maisons individuelles toulousaines et d’anciennes friches industrielles, entre le chemin Lapujade et la voie de chemin de fer d’Albi, en bord du faubourg Bonnefoy. Or la pression démographique qui pèse sur notre agglomération est très forte, et d’autant plus forte ici par la proximité avec la gare Matabiau et le centre ville. Autour de ce secteur et depuis dix ans, de gros projets immobiliers privés ont été bâtis sur d’anciens hangars industriels ou d’anciens terrains maraîchers. Ce sont le plus souvent des résidences fermées de centaines de logements, avec seul accès voiture unique, des parkings privées et sans circulation possible avec leur voisinage, comme le permettait l’ancienne réglementation en vigueur pour sous forme.

Or la volonté de la majorité municipale est d’agir contre l’étalement urbain dans des banlieues de plus en plus lointaines pour répondre au défi des déplacements, assurer la mixité sociale et favoriser la qualité de la vie de quartier. Ce dernier point nécessite de tourner le dos aux résidences fermées, à travers de nouvelles réglementations du Plan Local d’Urbanisme (PLU). Il s’agit désormais d’intégrer pleinement les nouveaux projets immobiliers dans leur quartier en y planifiant des trames urbaines sous formes de rues et de places.

Cette démarche était urgente sur l’ilôt Lapujade, de par les projets pressants de promoteurs. D’où l’étude urbaine que nous avons commandée afin d’encadrer au plus vite ces projets dans le cadre de la cinquième révision du PLU. L’étude urbaine initiale de la Ville nous a conduits à proposer au coeur de l’îlot Lapujade quelques immeubles de 8 étages pour accueillir la nouvelle population en préservant des espaces au sol.

L’opposition des habitants du secteur s’est cristallisée sur ces immeubles élevés, en s’appuyant sur le contraste avec le voisinage immédiat, plutôt composé de maisons toulousaines. Cela a amené la municipalité à prendre le temps de mener un débat avec la population sur l’urbanisation souhaitable du quartier. Le projet proposé a donc été retiré de la cinquième révision du PLU et un nouveau projet co-élaboré avec les habitant(e)s.

Nous avons conservé notre objectif politique de favoriser la densification de la ville dans l’intérêt collectif, de conserver la qualité de vie de quartier des anciens et nouveaux habitants mais nous allons améliorer le débat public sur l’évolution de la forme urbaine du quartier et des services à mettre en place pour en faire un projet accepté par le quartier.

Maintenant que nous construisons ensemble avec les associations une proposition pour l’îlot Lapujade, je souhaite vous présenter ici mon analyse.

Tout d’abord, nous sommes face à une mutation urbaine importante. La densification d’une zone habitée demande des réunions de travail et de débats publics tandis que l’étalement du bâti sur le territoire non habité (cultures maraîchères ou champs de blé) pouvait se faire sans perturber personne.

Il faut aussi savoir que le centre ville est 3 fois plus dense que le Mirail. Ou encore, que le Mirail et les faubourgs toulousains ont une densité d’habitants identiques. Ce n’est pas uniquement la hauteur du bâti qui fait la densité urbaine, mais aussi l’espace non bâti entre les immeubles. Une même densification peut se faire de façon différente, entre la solution strictement verticale avec de grands immeubles séparées par grands espaces de pelouse, parkings et avenue, ou de façon strictement horizontale avec de petits immeubles séparées par de petits jardinets, cours et terrasses et des rues étroites.

L’écoute des services, des urbanistes, de la population, et des contributions des associations ainsi que ma propre sensibilité écologiste font apparaître quelques points majeurs :

- La densification doit aller de pair avec des transports en commun efficaces, et les autres services publics,

- Pour l’îlot Lapujade qui colle littéralement à un quartier de faubourg traditionnel, une densification horizontale est préférable,

- La mixité sociale et l’imbrication de logement et de services doivent y être planifiée pour faire apprécier la densification,
- La continuité avec la trame des rues et des places du quartier doit être assurée,

- La destruction d’habitations pour élargir la voirie est à reconsidérer à l’heure où l’on favorise piétons, vélos et transports en commun.

Ce sont bien ces principes qui émergent dans le débat que même actuellement la municipalité avec les associations de l’îlot Lapujade.

Pour ma part, je pense que dans un deuxième temps, il s’agira de juger de la qualité architecturale et de développement durable des projets proposés par les promoteurs, lorsque le nouveau Plan Local d’Urbanisme sera adopté.

A titre personnel, je pense que la question de l’identité toulousaine est essentielle pour l’acceptabilité de ces nouvelles constructions, tant par les anciens habitants que pour les nouveaux arrivants. Ces derniers sont souvent à la recherche d’une identité toulousaine d’aujourd’hui, ouverte sur la modernité, tant pour leur mode de vie que pour l’architecture de leur logement. Pour moi, cette identité urbaine toulousaine ouverte se construit autour :

- D’espaces publics fréquentés du fait du climat propice de notre région et de sa culture entre méditerranée et atlantique,

- D’une harmonie des rues due à notre très ancienne culture urbaine, harmonie liée à une similitude des matériaux (architecture dominante de brique, tuile, encadrements et corniches) et à une grande variation architecturale d’un immeuble à l’autre,

- D’une multiplicité de petits immeubles (d’une douzaine de logements maximum) conçus par des architectes différents qui donnent cette diversité de l’architecture toulousaine si caractéristiques de nos rues.

- D’un accès plus ou moins privatif à un jardinet ou une cours.

Il est certain que concernant les immeubles d’habitation, les chiffres 3 et 12 sont des chiffres clés. Au-delà de 3 étages il faut un ascenseur et au-delà de 12 logements, il faut un syndic professionnel pour gérer les relations entre les résidents et permettre l’évolution de l’immeuble dans le temps. C’est-à-dire que l’économie d’échelle doit compenser l’augmentation des charges pour les locataires et résidents. Les immeubles de plus grande taille (hormis les bâtiments publics) doivent donc s’inscrire dans une organisation de vie plus maîtrisée.

Il est certain que ce modèle se confronte à l’urbanisme standardisé des résidences fermées de la dernière décennie. Aux toulousains d’en débattre, aux élus de leur donner les moyens de le faire. Et je m’y attache.

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