Honduras : J-3 avant les élections
Bonjour à tous,
J-3 avant les élections générales au Honduras !
Le contexte est pour le moins tendu. Ces élections seront les premières légitimes depuis le coup d’État de 2009. La femme du Président renversé, Xiomara Castro, a de bonnes chances d’être élue, ce qui pourrait créer de grosses tensions.
Dans ce contexte difficile, le Parlement européen a décidé d’envoyer une mission électorale, à laquelle Catherine participera. Une fois sur place, elle tentera de vous faire part quotidiennement de ses impressions.
En attendant, vous trouverez ci-dessous un article résumant le contexte national à l’aune des élections (à lire aussi sur http://catherinegreze.eu/blog/?p=5716). Vous trouverez aussi le communiqué de presse annonçant son départ.
Très bonne journée,
Le bureau de Catherine Grèze
Des élections cruciales au Honduras
Le Putsch au Honduras
28 juin 2009 : le Président du Honduras, Manuel Zelaya, est renversé par les militaires, appuyés par l’élite économique et politique nationale. Cette dernière “n’en pouvait plus” des réformes de “Mel” : hausse du salaire minimum, remise en cause du monopole sur la vente et distribution des combustibles, réforme agraire, accord avec Cuba sur la fourniture de médicaments génériques, ou encore, péché suprême, adhésion à “l’Alliance bolivarienne pour les peuples de notre Amérique” (ALBA), créée par Chavez.
Depuis plus de cent ans, la vie politique hondurienne est régie par un bipartisme indétrônable. A l’instar de la “démocratie pactée” observée au Paraguay, le pouvoir au Honduras alterne de manière régulière et entendue entre parti National et Parti Libéral. Manuel Zelaya, élu sous l’étiquette du Parti Libéral, a cependant pris une autre direction qui n’a pas plu.
Utilisant l’argument fallacieux selon lequel Manuel Zelaya voulait organiser un vote pour lui permettre de briguer un second mandat, l’opposition hondurienne a choisi les méthodes autocratiques de la Guerre froide : l’expulsion manu militari du territoire. Le coup a permis de défendre les intérêts des commanditaires : l’oligarchie hondurienne et les multinationales.
Répression, scrutin illégitime et coup d’État social
Pendant cinq mois, les putschistes ont réprimé les grandes manifestations contre le Coup qui ont paralysé le pays. Bilan ? Trente morts, quatre mille deux cents arrestations, sans compter le nombre, incalculable, de blessés. Et une opposition livide.
Le 29 novembre 2009, hors de tout cadre constitutionnel et pour se racheter une conduite internationale, les autorités putschistes ont organisé un scrutin pour élire un nouveau Président. Sans rétablissement préalable du Président Zelaya. Le scrutin, illégitime, a vu la victoire de Porfirio Lobo du Parti National.
Dans la foulée, Lobo a signé un décret promulguant une loi d’amnistie pour tous les acteurs politiques du coup d’État. Pendant les mois qui suivent, le nouveau gouvernement met aussi en œuvre un véritable “coup d’État social” : abrogation de la réforme agraire, suspension du salaire minimum, privatisation de l’éducation, loi de concession des ressources naturelles.
Le même gouvernement fait aussi tout son possible pour réintégrer la scène internationale. Principale condition pour cela : le retour de “Mel”, en exil en République Dominicaine. Lobo accepte et en en juin 2011, le Honduras réintègre l’Organisation des États américains (OEA).
Un nouveau scrutin pour des enjeux historiques
Le 24 novembre 2013, le Honduras tiendra ses premières élections générales légitimes depuis le coup d’État. L’enjeu principal est évidemment celui d’une transition vers la démocratie. Le Honduras détient aussi des taux record d’homicides, d’impunité, de corruption mais aussi … de pauvreté. Le modèle mis en place par Porfirio Lobo, et ses prédécesseurs, n’arrange rien. Sa dernière réforme emblématique ? La création d’une nouvelle police … militaire.
Les données du jeu institutionnel ont quelque peu changé. Le bipartisme a volé en éclat et pas moins de 9 candidats sont en lice. Parmi les favori(te)s, Xiomara Castro de Zelaya, la femme de “Mel”, candidate du (nouveau) parti bien nommé LIBRE, qui promet des réformes similaires au Président renversé.
La campagne a été relativement apaisée mais inéquitable : la loi sur le financement des partis n’est pas respectée, il y a de nombreux soupçons d’argent provenant du trafic de drogue. En outre, c’est l’armée, qui a commis le coup en 2009 qui sera chargée de surveiller le scrutin !
Personne ne sait exactement quelles peuvent être les réactions au scrutin. Beaucoup craignent qu’en cas de victoire de “Xiomara”, les élites économico politique réitèrent leur coup de force.
L’objectif de la mission d’observation électorale du Parlement européen sera donc de s’assurer du respect des principes fondamentaux de la démocratie.
Communiqué de presse de Catherine Grèze – Strasbourg, le 20 novembre 2013
Élections au Honduras : Mission d’observation des élections générales le 24 novembre 2013
Catherine Grèze, Députée européenne du Groupe des Verts/ALE, coordinatrice de la commission du Développement, se rendra au Honduras du 21 au 26 novembre pour participer à la mission d’observation électorale du Parlement européen, à l’occasion des élections générales du 24 novembre 2013.
En 2009, ce pays d’Amérique Centrale a été victime d’un coup d’État. Dans les mois qui ont suivi, une répression systématique des opposants politiques a été mise en place. Des élections illégitimes, et non reconnues par la communauté internationale, ont aussi été organisées pour remplacer Manuel Zelaya, Président renversé.
Ce 24 novembre, le Honduras connaitra ses premières élections générales légitimes depuis le coup d’État. Elles seront décisives pour la consolidation de la transition vers la démocratie.
Les missions d’observation des élections contribuent au processus de démocratisation des pays en voie de développement. La délégation du Parlement européen sera composée de cinq Député(e)s européen(ne)s de divers groupes politiques.
Catherine Grèze sera en poste à Tegucigalpa et ses alentours. Le programme de cette mission sera consacré à des rencontres sur place : autorités nationale, représentants des principaux partis politiques, société civile, médias ainsi qu’à la visite de bureaux de vote situés à Tegucigalpa et ses alentours le jour du scrutin.