Lettre d’un élu membre du Comité des Élus Doutant de la Pertinence de l’Aéroport de Notre Dame des Landes

 

 

Philippe BERNIS

Conseiller municipal de Tulle, Adjoint au Maire

Mairie, rue Félix Vidalin, 19 000 TULLE

Monsieur le Président de la République

Palais de l’Elysée

58 Faubourg Saint Honoré

75 008 PARIS

 

Monsieur le Président,

Agissant en tant que membre du Comité des Élus Doutant de la Pertinence de l’Aéroport de Notre Dame des Landes (CéDpa), je souhaite vous faire part de mes objections à la réalisation de cet aéroport.

A l’heure où la nécessité d’une reconversion environnementale de l’économie se fait de plus en plus prégnante, il parait inopportun de persister dans la réalisation de cet équipement.

La complémentarité des différents modes de déplacement est essentielle dans la réflexion globale sur les transports. La multiplication des grosses infrastructures semble de moins en moins efficace, à l’inverse la combinaison des différents types de transport permet d’adapter son mode de déplacement au trajet effectué.

La métropole nantaise est parfaitement bien desservie par la route et le rail, y compris en ligne à grandes vitesses, tout ceci facilitant les liaisons avec les grandes plateformes aériennes d’Ile de France. Ces infrastructures sont à même de répondre aux besoins de déplacements vers des destinations lointaines et assurent également les maillages régionaux et locaux indispensables à la vie de nos régions. De plus, l’aéroport existant, Nantes Atlantique, fonctionne bien et vient d’être distingué pour son service aux passagers.

Concernant les conséquences sur l’environnement de ce projet, compte tenu des premières conclusions de la conférence environnementale, il est incohérent de plaider pour la conservation de la bio diversité, des zones humides et pour l’émergence d’une agriculture biologique et, dans le même temps de détruire une vaste zone humide et de supprimer des exploitations agricoles.

Les opposants au projet sont toujours plus nombreux, comme l’a démontrée la manifestation du 17 novembre, déterminés et soutenus par une part de plus en plus importante de la population locale. Ils ont déposé plusieurs recours, ont mis en évidence les failles et les incohérences du projet et ont saisi le parlement européen.

Enfin, le coût final de cet aéroport, trois milliards d’Euros en grande partie porté par les collectivités et l’État, inquiète d’autant plus que l’heure n’est plus aux dépenses de prestige mais aux dépenses axées vers la solidarité et l’efficacité sociale et environnementale.

Aussi la mise en place immédiate d’un moratoire me semble indispensable. Le Premier ministre a su faire un pas, mais a eu également des attitudes très dures vis-à-vis des opposants. Un moratoire permettrait de pacifier la situation et de revoir ce projet de façon objective et dépassionnée.

Nous avons vécu en Limousin, région qui vous est chère, une situation comparable dans l’esprit (mais à une échelle moindre) avec la réalisation sur Brive d’un nouvel aéroport directement concurrent de celui existant à Limoges. Une approche multimodale aurait été tout aussi efficace, plus même, elle aurait permis d’accroitre le maillage territorial des réseaux de transports en commun qui est encore insuffisant en dépit des efforts considérables réalisés par la Région, le Département et les collectivités locales.

En souhaitant que vous lisiez ces quelques lignes, je vous prie d’agréer, Monsieur le Président, l’expression de ma très haute considération.

 

A TULLE, le 1°décembre 2012,

Philippe BERNIS.

 

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