Intervention de Marc HORVAT, Président du groupe Europe Ecologie-Les Verts

CONSEIL REGIONAL DU LIMOUSIN

Séance plénière du 28 juin 2012

Intervention de Marc HORVAT, Président du groupe Europe Ecologie-Les Verts

 Bonjour Monsieur le Président, chers collègues,

C’est un grand privilège de pouvoir s’exprimer dans cette assemblée sous cette nouvelle mandature présidentielle, un nouveau gouvernement, une nouvelle assemblée, et un cap qui ne peut qu’annoncer effectivement que de grands changements. La présence de deux ministres écologistes au sein de ce gouvernement, la présence de 18 députés écologistes à l’assemblée nationale, ainsi que les propos engageants de François Hollande sont à même de préjuger d’un avenir enfin un peu plus clair; la reconnaissance de cette action collective c’est exprimée par la première visite officielle de notre Ministre au logement et aux territoires, Cécile Duflot sur notre territoire, le Limousin. Le champ de ruines laissé par son prédécesseur Nicolas Sarkozy, la légèreté avec laquelle les lois et les décrets ont été imposés à la nation et plus globalement l’engourdissement de l’intelligence collective sur des sujets pourtant essentiels comme l’humanisme, le respect de l’autre, la liberté laissent présumer l’immensité de la tâche qui nous incombe; Même si, par évidence, il sera plus facile dorénavant de travailler avec l’État, pour une plus grande cohérence entre les politiques régionales et celles de l’État, le fléchage très positif de la politique européenne jusqu’à ce jour, relever notre pays des stigmates issus des politiques précédentes relève d’une immense responsabilités.

Cette responsabilité est immense parce qu’aujourd’hui, personne ne comprendrait l’incohérence entre le Limousin le reste de la nation vu la cohérence entre le vote limousin et le reste de la France. Il ne faudrait pas non plus M. le Président, chers collègues croire que mes propos iraient dans le sens d’un attentisme ou d’un suivisme inapproprié dans la situation qui est la nôtre. Car cohérence ne veut pas dire abnégation ou oubli des spécificités de notre cher Limousin. À l’inverse, la situation limousine nécessite une politique volontariste exemplaire et innovante, parce que c’est ici que l’on trouve les taux élevés de chômage, une marge bénéficiaire des entreprises particulièrement basse, et un taux d’innovation bien en deçà de l’intelligence collective présente dans notre région.

C’est dans ce sens que je propose que le dispositif que nous serons amené à voter tout à l’heure concernant l’accueil des porteurs de projets en Limousin, soit élargi aux porteurs d’innovations, d’innovations sociales et de savoir-faire. Cette plus-value dont ont besoin nos entreprises, ne viendra pas des TPE PME locales parce que celles-ci manquent de temps, d’argent et de personnel qualifié. Alors utilisons nos réseaux, nos agences, nos contacts pour fournir à notre tissu productif les moyens de mieux valoriser l’excellence professionnelle locale; Il en va de même de notre agriculture, qui à force d’agrandissement ne suffit plus à assurer le socle territorial qui permet à nos communes de survivre, alors que la situation entrepreneuriale issue de la crise et de l’aveuglement du Président sortant ne permet qu’à la marge d’envisager un redressement de l’emploi local industriel, tout du moins pour les années à venir.

Et si, M. le Président, une partie de la solution résidait dans notre agriculture? Je pose ouvertement la question dans cette assemblée. Et si cette marge de manœuvre restreinte qui est la nôtre trouvait son ouverture par la production de ces produits agricoles que la région importe massivement? Et si une politique volontaire pour dénouer les freins à l’installation permettait la création massive d’activité? On se tourne de plus en plus vers les circuits courts, mais la production ne suit pas, nos établissements ne trouvent pas la production locale, les transformateurs n’arrivent pas à se suffire de ce qui est produit ici, et globalement, le bilan positif de la balance des échanges agricoles français ne se trouve être globalement positive que grâce aux vins et spiritueux. Or nous savons, grâce aux safers, que non seulement nos jeunes gens ne peuvent accéder à l’outil principal de travail, mais que celui-ci trouve preneur chez des investisseurs directs étrangers, hors région, hors France, voire hors UE. Ici encore, l’innovation fera la différence, et en complément de l’excellent dispositif Diva, nous portons l’adoption d’une foncière Limousine permettant d’accéder aux immenses capitaux en déshérences que l’on trouve sur les marchés financiers européens, qui cherchent aujourd’hui essentiellement la sécurité, et secondairement la rentabilité. Ors ces fonds, associés aux autres dispositifs permettraient l’acquisition de surfaces agricoles considérables, avec pour seul coûts les revenus financiers aujourd’hui de règle pour les investissements sans risques, c’est à dire quasiment rien. Et ceci pour permettre à un plus grand nombre de s’installer dans les domaines agricoles, repeupler nos écoles et nos communes rurales et de fournir de l’emploi de masse à nos concitoyens. Le principe : faire acheter les terres par cette fameuse foncière en échange d’un loyer rétribuant les capitaux extérieurs sous forme de parts sociales, accessible aussi au cours de l’activité aux agriculteurs eux-mêmes, sachant que leurs retraites dépendent aussi de leur capital foncier. Avec des effets multiples, comme celui de mettre un frein aux achats de foncier par des investisseurs extérieurs au territoire qui gagnent un bon placement alors que nous perdons peu à peu notre souveraineté alimentaire. Ceci n’ayant bien sûr rien à voir avec le vieux fantasme de la collectivisation des terres agricoles, mais plutôt un dispositif de l’Economie Sociale et Solidaire que nous retrouvons ailleurs dans les dispositifs régionaux. Pour un peu que nous puissions influer positivement sur les travaux de la future PAC, nous pourrions alors reprendre l’ascension dans un cercle vertueux.

Ce cercle vertueux que nous pourrons dés maintenant entamer à la demande des arboriculteurs frappés par le gel. Car la demande d’alternatives est grande en premier chez les producteurs eux-mêmes écrasés entre la trop grande précocité de la variété protégée, la pression sociale qui prend conscience de la dangerosité des pratiques, et les marchés qui pressent les pommes jusqu’au jus trouble des prix trop bas. Conditionnalités, avez-vous dit M. le Président, nous nous félicitons de cette annonce, et restons prêts à vous accompagner dans ce sens.

En rapport avec l’Europe, et en respect de la cohérence citée plus haut, et même si nous avons conscience que ce n’est pas exactement au sein du conseil régional du limousin que peuvent se dessiner les contours de la politique européenne, il nous semble important de préciser qu’il nous apparaît particulièrement peu lisible, au regard des annonces que nous avons déjà faites, de demander un abaissement des sommes affectées au titre du FSE à la lutte contre les discriminations, à l’économie sociale et au soutien de la santé publique. Nous ne mésestimons pas l’importance qui doit être faite à la formation tout au long de la vie, et il en est pour preuve, l’intérêt tout particulier que nous portons à la venue en Limousin, pour sa première visite de notre tout récent Ministre chargé de ce secteur. Il reste que la formation tout au long de la vie peut également être alimentée par le Feder, au titre des objectifs 1O, mais qu’en revanche, seul le FSE peut soutenir des politiques dont nous avons voté le soutien, même si elles ne relevaient pas de notre champ exclusif de compétence. Ainsi, s’agissant des maisons de santé, il ne faudrait pas qu’une lecture trop rapide de notre choix en faveur d’un abaissement du FSe qui lui serait consacré puisse être lu comme un désengagement de notre part, au moment où l’Etat lui même n’évoque pas, ou du moins pas clairement, que seront accrus les moyens consacrés à la préservation de la santé de nos concitoyens. Quant à l’économie sociale, il semblerait pour le moins curieux de ne pas s’assurer de tous les moyens possibles pour en asseoir le développement, alors même que la justification de l’abandon de la ligne budgétaire qui lui était consacrée est précisément justifiée par le fait que nous soutenons, dans l’ensemble du SRDE 2 cette économie moins libérale.

Ne nous y trompons pas, les choix, les options que nous faisons aujourd’hui doivent être conformes aux lignes que nous avons ensemble dessinées pour notre avenir commun. Il en va de même pour la question qui nous sera posée ultérieurement, concernant le fléchage du FEDER, et les fameux 20% disponibles au cofinancement des actions régionales hors objectifs innovation, compétitivité et économie dé-carbonée. Premièrement, et au vu du fait que la délibération proposée ne comporte en réalité que des questions posées à la compréhension de l’Europe, et pas d’objectifs que cette assemblée serait en mesure de trancher, nous proposons que la délibération soit transformée en vœu en destination de l’union. Et deuxièmement, sur le fond, que la marge de manœuvre réduite (20%) qui reste, soit une partie seulement de la continuité des nos actions cofinancées, ne soit pas totalement absorbée par les projets cités, au risque, soit de devoir revoir un grand nombre de nos actions, soit de financer seul et voir alors le budget régional particulièrement déséquilibré. A ce sujet, RFF aurait annoncé la création du doublement du Paris Lyon par Orléans et Clermont, le fameux POCL, avec la garantie du raccordement du Paris Orléans Limoges Toulouse, qu’en est-il des finances de RFF, et serait-il en mesure d’opter, en plus, pour le Limoges Poitiers, ou pouvons-nous dès maintenant sortir la LGV de la question des financements européens?

Bref, M. le Président, chers collègues, de nombreux choix restent à faire, et même si la situation n’est pas la plus opportune, la nouvelle cartographie politique française permet d’envisager l’avenir un peu plus sereinement, nous savons dès aujourd’hui que la fermeté, et je pense à la négociation en cours avec l’Allemagne, va prendre la place de l’opportunisme et de l’immédiateté que nous avons connue jusqu’il y a peu; La charge de travail qui nous incombe s’en trouve décuplée, mais pour une fois car c’est une première en France la gauche se trouve en charge intégralement du développement de ce pays, sans freins réactionnaires, autres que nos propres peurs et de nos propres limites culturelles. Le changement si nous le voulons c’est maintenant. Faisons en sorte qu’il soit au profit de tous. Alors cette joie que nous avons de participer à ce grand chantier s’en trouvera durable et confirmée.

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