Non, la politique énergétique nucléaire ne garantit pas un taux d’indépendance de 50%

Contrairement à ce qu’affirme Jean-Pierre Dupont, la politique énergétique nucléaire ne garantit pas un taux d’indépendance de 50% ! Les centrales nucléaires produisent 78% de notre consommation d’électricité et cela représente 16% de toute l’énergie consommée en France (sources : Bilan énergétique France 2010, www.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/Ref_energie_2010.pdf ).

Le raisonnement que tient Jean-Pierre Dupont sur l’indépendance énergétique est faussé par la confusion qu’il fait entre « énergie primaire » (la forme d’énergie disponible dans la nature avant toute transformation) et « énergie finale » (celle qui est comptabilisé au compteur du client).

Le Manifeste NégaWatt ( www.negawatt.org ), qui vient juste d’être édité chez Actes Sud, fournit (en page 47) des explications. Je vous en cite une partie, mais le mieux serait de les lire en texte intégral, très clair, dans l’ouvrage :

« le taux d’indépendance énergétique de la France serait d’au moins 50% grâce au nucléaire (…) Impressionnant mais totalement faux !
Pour arriver à ce chiffre, il a fallu inventer une notion bien étrange, méconnue au-delà de nos frontières, celle d’ « électricité primaire« …. Le dictionnaire nous apprend qu’une source d’énergie primaire est une forme d’énergie disponible dans la nature avant toute transformation : le pétrole brut, le bois, le vent ou le minerai d’uranium correspondent à cette définition. Mais l’électricité ? Il n’existe pas de mines ou de gisements d’électricité, on ne la trouve pas telle quelle dans la nature, sauf peut-être dans les éclairs les jours d’orage mais, entre la puissance phénoménale qu’ils dégagent et l’impossibilité de les prévoir, on n’est pas près d’en capter l’énergie.

Alors, l’ « électricité primaire », qu’est-ce que c’est ? Selon la définition officielle donnée par l’INSEE, l’ « électricité primaire est l’électricité d’origine nucléaire, hydraulique, éolienne, solaire, photovoltaïque et géothermique ». Péremptoire et pas très argumenté ! (…) Pourquoi le nucléaire et non le gaz, le charbon et le pétrole ?

 (…) l’électricité nucléaire, dont le rendement entre énergie primaire (la chaleur dégagée par l’uranium) et finale (l’électricité vendue aux consommateurs) est encore moins bon que celui des énergies fossiles, bénéficie d’un traitement de faveur qui consiste à compter la chaleur perdue comme de l’électricité ! Or cette chaleur perdue n’est pas anecdotique : elle représente en France de l’ordre de 900 milliards de kilowattheures, soit presque toute la chaleur nécessaire au chauffage de tous les bâtiments de France : logements, bureaux, équipements publics…

Calculé en ne tenant compte que la fraction utile de l’énergie nucléaire, le taux d’indépendance de la France dégingole alors de 50% à 30% … »

Alors, ne faudrait-il pas attirer l’attention du député de Haute-Corrèze sur le coût du système énergétique qu’il défend dans sa réponse, système qui n’assure donc pas notre indépendance énergétique et dont les coûts de production, augmentés de ceux concernant le « retraitement » des déchets et du surcoût des dispositions demandées par lAutorité de Sécurité Nucléaire, entravent les investissements  qui devraient être entrepris rapidement pour améliorer l’efficacité énergétique dans les bâtiments.

En lui conseillant la lecture du  Manifeste Négawatt (ou mieux en le faisant connaître à ses électeurs, car il n’est pas sûr qu’il veuille en prendre le temps) ?

Cordialement,

Michel Teissier

www.maison-passive-limousin.fr

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