Intervention de Marc HORVAT, Président du groupe Europe Ecologie-Les Verts lors de la séance pleinière du Conseil régional le 15/12/2011

M. le Président, chers collègues.

Il a été quelque fois dit que l’écologie amenait à la grotte et la bougie. Outre le fait que techniquement c’est assez difficile de reloger 750 000 personnes dans des cavités rupestres suffisamment spacieuses pour répondre au besoin de confort que nous sommes tous en droit d’attendre et de demander à la modernité, la production de bougies dépasserait de loin la capacité de nos abeilles, par ailleurs largement décimées par les différentes expérimentations grandeur nature que nous leur faisons subir, que ce soit par les intrants chimiques agricoles que par la mondialisation des échanges, de frelons par exemple. En vérité, les propositions des écologistes en termes d’isolation, de matériaux, je pense au bois, bien sur, apportent un tel confort supplémentaire, un tel puits de pouvoir d’achat, et de tels perspectives de développement qu’on les retrouve reprises plus ou moins disséminées dans les normes environnementales et techniques, dans la norme RT 2012 par exemple en application partielle depuis novembre de cette année. Apports solaires, conception bioclimatique, autonomie énergétique, il y a un peu de tout cela dans les nouvelles règles. Idem pour l’agriculture biologique, qualifiée il y a peu de délire rétrograde, que la loi impose par le Grenelle de l’environnement, cet exercice de démocratie décentralisée un peu raté, c’est normal, l’original est souvent préférable, et certes pas par le gouvernement le plus progressiste qui soit, et qui devrait changer bientôt d’ailleurs, mais alimentation biologique qui fait parti du quotidien de beaucoup de nos concitoyens, et de tous nos enfants à coup sur. C’est d’ailleurs le gros des installations en Limousin aujourd’hui, quand la S.A.F.E.R. l’autorise… Le dérèglement climatique est dans toutes les bouches, durable aussi, même si ce n’est pas toujours à meilleur escient, la décentralisation énergétique rentre dans les mœurs, même s’il reste encore quelques efforts à faire pour intégrer la problématique nucléaire et le fait que cela soit un frein réel à la création de nouveaux emplois, s’il fallait encore, A.R.E.V.A. nous en fait la démonstration en ce moment. Il reste encore une petite tendance encore à vouloir résoudre les problèmes complexes par des gros machins simples, nous ne referons pas le débat sur la LGV aujourd’hui, je vous rappelle juste, M. le Président, notre opposition à ce projet, en pensant qu’en cette période trouble de crise il y aurait grandement besoin d’argent dans d’autres domaines. Cela permettrait entre autre de dérigueuriser un peu l’atmosphère, et ce n’est pas nos amis du Conseil Général de la Corrèze qui s’en plaindraient. Enfin bref, il y a tant de propositions portées par les écolos depuis des années contre vents et marées qui sont présentes comme une évidence alors qu’elles paraissaient improbables, voire impossible il y a peu.

Pour revenir aux grottes et aux bougies, M. le Président, très chers collègues, on est pourtant en train de nous y renvoyer par la voie la plus rapide, et ceci je le rappelle sans le soutien des écologistes, et si l’on devait par hasard s’égarer en chemin pour un avenir plus riant, les agences de notations nous en rappelleraient la direction illico. Les pressions générées par la sur-capitalisation et cette folie d’exiger des revenus sans limite à l’encontre des investissements productifs, artisanaux et industriels qui nous permettraient d’envisager la mise en œuvre d’une alternative sociale, environnementale et coopérative sont tout simplement intolérables, sauf à vouloir définitivement tourner le dos aux fondamentaux de la démocratie, de la république et du droit inaliénable des peuples à décider eux mêmes de leur sort.

Non content de parier sur la disparition des glaces et des espèces, non content de spéculer sur la pauvreté, la faim et l’accès aux soins, de soutenir la dégradation des droits du travail et des travailleurs, de la dignité des peuples, les marchés et surtout ceux qui en retirent les fruits empoisonnés tentent aujourd’hui avec succès et la complicité de certains ici en Europe de refaire naître les démons issus de 1929 et d’étouffer son corollaire, Bretton-woods. Jusqu’où devra rétrograder la Grèce pour obtenir le droit d’exister. Que dire alors de la dette américaine, anglaise ou japonaise, le Titanic de l’économie libérale productiviste et anti-environnementale se rue sur l’iceberg et l’équipage dénonce le terroriste grec qui met le feu à son matelas. Quelle compromission libérale devra-t-être encore signée pour le droit de vivre en paix ?

Si, M. le Président, on retrouve la trace indéniable du travail, des propositions, de la force de conviction des élus écologistes dans cette majorité au travers des dossiers, du budget et des orientations qui nous seront proposés tout à l’heure, si, chers collègues, on retrouvera tout à l’heure des dispositions très largement positives en faveur du climat, d’un meilleur accès aux soins, à l’éducation, à la coopération entre acteurs économiques, une meilleure prise en compte de la fragilité des ressources, à la limitation des infrastructures qui peuvent dégrader notre capital environnemental (enfin tout du moins certaines d’entre elles), un meilleur accès conditionné aux investissements productifs, aux aides remboursables ou pas, si, M. le Président nous vous renouvelons notre soutien pour le deuxième budget de cette mandature, je peux vous affirmer, M. le Président, chers collègues, que les efforts à fournir pour remonter le courant qui nous entraîne vers l’usage immodéré de la grotte et des bougies sont encore considérables, que nous auront besoin d’aller plus vite, de manière plus volontaire, plus décidée, plus courageuse pour surmonter cette crise sociale environnementale et économique qui met en danger nos concitoyens, qui les fragilisent déjà, et nous ne pouvons attendre le 22 avril et le 6 mai prochain pour mettre en œuvre les alternatives nécessaires. Comme pour les sujets abordés plus haut en préambule, nous serons encore en mesure de continuer à apporter notre expertise et nos propositions.

Je vous remercie.

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