Lettre à M.Boisserie député de Haute-Vienne suite à sa demande de réexamen de la réglementation qui protège les populations des pulvérisations incontrôlées de pesticides.

M. Boisserie,

Nous le savons votre implication dans le soutien à l’Hospital de St Yrieix la Perche et l’obtention de son scanner prouve que la santé de vos concitoyens vous tient particulièrement à cœur. En tant qu’élu de gauche, permettre l’accès aux soins de proximité honore votre mandat.

Quelle ne fut donc pas notre stupeur en apprenant votre soutien à une demande de députés UMP demandant au ministre de l’agriculture l’abrogation de l’arrêté du 12 septembre 2006, seul texte mettant quelques limites à l’utilisation des pesticides et apportant un sentiment (parfois illusoire) de sécurité aux riverains de ces activités mais aussi aux ouvriers agricoles souvent exposés. De plus, utiliser l’argument du développement de l’agriculture biologique est pour le moins choquante.

Nous ne pouvons imaginer que la santé de vos concitoyens déjà mise à mal par la culture intensive de pommes dans votre secteur passe après la rentabilité financière des exploitations (rentabilité qui n’existe d’ailleurs pas puisque toute sorte d’aides sont nécessaires à la survie de méthodes agricoles inadaptées).

Une multitude d’études une ici d’autres prouvent le lien de cause à effet des pesticides sur la santé. Les agriculteurs eux-mêmes en sont les premières victimes et ne parlons pas des problèmes de pollution des eaux dont l’objectif de 50% de bon état imposé à notre pays par l’Europe d’ici 2015 ne sera pas atteint.

Vous semblez nier l’absence de bases scientifiques aux mesures donnant un cadre aux épandages de pesticides : pourtant  » l’exposition professionnelle lors de l’épandage et de l’application de mélanges de pesticides non arsenicaux a été classée « cancérogène probable » (catégorie 2A du CIRC dépendant de l’OMS). Ce classement provient des données épidémiologiques suggérant un lien entre ces mélanges et la survenue de tumeurs cérébrales, leucémies, myélomes multiples, lymphomes non hodgkiniens et cancers pulmonaires. » (isabelle baldi, cancers et pesticides, Revue du praticien juin 2007)

Le cancer est devenu la première cause de mortalité. Il convient d’arrêter cette épidémie en agissant sur les causes du problème. Un scanner pour détecter la maladie c’est bien, agir sur les causes c’est beaucoup mieux.

Nous pensons que vous avez mal évalué la portée de la demande que vous avez effectuée au ministre de l’agriculture. Nous le savons, le lobby agro-chimique est hyper puissant dans notre pays. Un homme de gauche comme vous ne peut pas tomber dans leur piège.

Sans réaction, demain l’épandage sera autorisé sans limite de vent ni obligation de délai avant de pénétrer sur les parcelles traitées. Au nom même de la paix civile. Qu’adviendra t il si il ne subsiste même plus de frein aux épandages ? Contre qui et comment les victimes trouveront une reconnaissance de leurs maladies ? Au nom du sacro-saint commerce est-il envisageable de supprimer les limitations de vitesses et de temps de conduite imposés aux poids lourds ?

Les agriculteurs eux mêmes commencent à prendre conscience de ce qu’ils sont les premières victimes des pesticides. Il convient aujourd’hui de les aider à sortir de cette dépendance et non de renforcer le pouvoir des multinationales de l’agrochimie. Les solutions alternatives existent.

Nous comptons sur vous pour retirer votre demande.

Nous vous prions de bien vouloir accepter, Monsieur, nos plus sincères salutations.

Benoit BRULIN Porte parole EELV Limousin

Groupe des élus EELV du Conseil régional Marc Horvat, Ghilaine Jeannot-Pagès, Jean Bernard Damiens

Didier TESCHER et Nadia Castano Co-secrétaires régionaux

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