Discours de Jean-Louis Pages – Conseil municipal du 23 mars 2006

Monsieur le maire et chers collègues ;

Nous ne voulons pas ajouter à ce que nos collègues des gauches traditionnelles ont longuement détaillé quant à la situation sociale si préoccupante que notre pays traverse. Il suffit de participer aux manifestations chaque jour plus importantes qui sillonnent les rues de Limoges pour comprendre que la politique de ce gouvernement est en train de désespérer ceux dont dépend l’avenir de notre pays : sa jeunesse.

Nous espérons qu’en dépit de ses préjugés et de son dogmatisme néolibéral, le gouvernement va céder.

C’est une leçon à méditer que de devoir considérer comme profitable et digne d’attention les remarques que les adversaires politiques – comme le PS ou les Verts – comme les partenaires – en l’occurrence l’UDF -. C’est aussi le sens de la démocratie qui devrait amener le premier ministre à retirer ce catastrophique CPE. On pourrait d’ailleurs ajouter que l’écoute de l’autre tant réclamée par certains de la part de Matignon, serait aussi bienvenue dans notre hôtel de ville limougeaud et au sein même de cette assemblée.

Mais parlons d’espoir et précisons la position des Verts dans ce domaine : la logique libérale vise l’optimisation du profit des entreprises privées, a pour conséquence l’organisation du démantèlement du droit du travail, et la précarisation des travailleurs afin de faire baisse les coûts salariaux. La droite voit ainsi dans un objectif de croissance industrielle le moyen d’augmenter les dividendes du capital, afin de rémunérer les actionnaires.

Les gauches traditionnelles dénoncent à juste titre cette politique d’appauvrissement, et demandent à partager les fruits de la croissance entre tous les citoyens.

Nous les Verts, si nous avons les mêmes objectifs de partage, ce qui nous pose en alliés des autres partis de gauche, nous en différons toutefois en réfutant cette obsession de la croissance industrielle, qui serait le remède à tous les maux. Depuis des décennies que la croissance industrielle est de plusieurs points par ans, l’augmentation corrélative du chômage montre que la croissance et l’emploi n’a rien à voir. Les partisans de cette économie de production-gaspillage peuvent toujours nous rétorquer que la croissance n’est pas suffisante, qu’il faudrait du 10 % par an, comme en Chine pour assurer l’emploi.

Cruelle méprise, car le taux de chômage en Chine est effroyable, et de toute façon l’épuisement des matières premières qui se profile déjà rend cette course en avant suicidaire.

Nous allons donc devoir passer d’une économie du gaspillage et de l’inutile à une économie de la sobriété et de l’essentiel.

C’est ici que le lien social qui a été systématiquement cassé par l’industrialisation à outrance, l’ouverture de supermarchés, la perte des emplois de services, c’est ici que le lien social doit retrouver sa fonction de créateur de vraies richesses : l’entraide et la solidarité. C’est également ici que la politique de la ville peut donner sa mesure pour peu qu’on lui en donne les moyens. Les besoins sont énormes à tel point que nous devons, nous politiques, préparer d’urgence l’avenir : tant de chômeurs alors que la papy boom va rendre le déficit des services à la personne aussi aveuglant. Tant de chômeurs alors que les populations les plus défavorisées ont un énorme besoin d’aide et de courte échelle afin de remettre en marche la promotion sociale. Et ce partage va bien au-delà de nos commune, nos agglomérations et notre pays même : le lancinant problème que constitue la prise en charge des populations migrantes – où les sécuritaires s’enlisent actuellement dans la fange de l’extrême droite – ne trouvera sa solution que dans la fin des logiques colonialistes, l’abandon des soutiens aux régimes corrompus qui sont nos clients, et le vrai partage des richesses que nous avons accumulées et que nous produisons.

Nous sommes-nous éloignés de Limoges ? Non pas, nous y sommes, car ces problématiques sont au cœur de nos rues, elles nous concernent au premier chef. Le groupe des Verts est persuadé que c’est prioritairement au niveau de la commune que s’organise ces réseaux de solidarité, et que c’est donc ici que nos valeurs doivent d’abord et toujours s’affirmer.

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