José Bové appelle à intensifier la mobilisation contre l’exploration et l’exploitation des gaz de schiste
Plus de 450 personnes se sont retrouvées au Salon du Belvédère à Montpellier, jeudi 24 mars dernier, pour un « Jeudi de l’Ecologie 2012 » consacré aux gaz de schiste.
Lire plus bas le compte-rendu complet de la soirée.
Signer la pétition contre les gaz de schiste : http://www.petitions24.net/gaz_de_schiste__non_merci
Gazs de schistes, José Bové appelle à… par EuropeEcologie
Contexte politique
En introduction du « Jeudi de l’Ecologie » du 24 mars 2011 sur les gaz de schiste, Jean-Louis Roumégas porte-parole national d’Europe Ecologie Les Verts, rappelle le contexte politique de la mise en place de l’étude d’exploratoire des Gaz de schiste, les modifications récentes du code minier (déresponsabilisation juridique, suppression de l’obligation de dépollution…) et les trahisons du Grenelle de l’Environnement.
Jean-Louis Roumégas sur les gaz de schiste par EuropeEcologie
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Gaz de schiste : quels risques, quels recours pour les citoyens et quelles alternatives énergétiques ?
En novembre 2010, juste avant de quitter le ministère de l’Environnement, Jean-Louis Borloo signait huit permis d’exploration, accordés dans le plus grand secret à des compagnies américaines spécialisées dans l’extraction du gazde schiste. Ces permis concernent une grande partie du territoire français, essentiellement dans le sud (de Narbonne à Valence) mais aussi en région parisienne (Seine-et-Marne).
Modification du droit minier par ordonnance, projet de loi pour instituer un secret industriel comme aux États-Unis, élus locaux écartés des décisions du gouvernement : le déni de démocratie dans cette affaire est complet !
L’extraction du gaz et des huiles de schiste (dits hydrocarbures «non-conventionnels» parce que les fluides générés n’ont pas migré vers des réservoirs naturels, mais restent emprisonnés dans la roche-mère) est impossible à réaliser avec des forages traditionnels : elle nécessite de fracturer la roche en profondeur (méthode de fracturation hydraulique ou fracking).
Malgré les alertes lancées par des associations, des journalistes, ou les collectifs citoyens, la population reste insuffisamment informée sur la réalité de l’extraction des gaz de schiste et les risques encourus. Estimant qu’il est nécessaire de multiplier les sources d’information, et d’offrir à la société civile des espaces de dialogue et demobilisation, Europe Écologie-Les Verts a organisé le 24 mars une réunion publique sur les gaz de schiste, dans le cadre des « Jeudis de l’écologie ».
Au-delà de la problématique sanitaire et environnementale, ce sera l’occasion de poser la question des choix énergétiques dans nos sociétés : de quelles alternatives aux énergies fossiles disposons-nous ? Quel rôle peut jouer la société civile dans les choix énergétiques nationaux ?
Pour en débattre, nous avions le plaisir d’accueillir Séverin Pistre, hydrogéologue et co-auteur d’un rapport préliminaire sur les gaz de schistes, ainsi que Thierry Salomon, ingénieur énergéticien, président de l’association NégaWatts, José Bové, eurodéputé et Jean-Louis Roumégas, porte-parole national d’Europe Écologie-Les Verts.
Voici le compte-rendu de cette riche soirée, qui a fait salle comble (env. 400 personnes)
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* Marie-Laure Harmand introduit la soirée et en présente les invités qui prendront la parole. Elle expose l’objectif des Jeudi de l’Ecologie d’EELV, et rappelle les conditions de l’émergence de la questions des gaz de schiste en France, depuis la signature en catimini par le ministre Borloo de permis d’exploration dont la plupart visent des territoires du sud de la France, notamment autour de Montpellier.
Elle rappelle également les raisons qui fondent notre exigence d’annulation totale de ces permis, au-delà des pseudo moratoires précipitamment déclarés par le gouvernement à la vue du scandale naissant : le refus des énergies sales, ici avec les gaz de schiste tout comme au Japon, frappé par la catastrophe de Fukushima. A contrario de cette fuite en avant dans le saccage environnemental, l’urgence est de reconsidérer nos modes de vie, et d’étudier un autre chemin pour nos sociétés dans leur rapport à la consommation d’énergie.
* Séverin Pistre, hydrogéologue, à Hydroscience (Université de Montpellier) présente ensuite l’origine des gaz de schiste, les conditions de leur exploitation envisagée, et les risques environnementaux majeurs qu’ils font courir, en particulier aux ressources en eaux des régions concernées, à partir d’une description du paysage géologique des alentours de Montpellier.
Fondamentalement, les gaz de schiste procèdent du même phénomène géologique qui a produit les réserves de pétrole exploitées depuis des décennies. L’accumulation puis le recouvrement sur des centaines de millions d’années de sédiment riches en dépôts organiques aboutit, sous l’effet de la pression et de la température, à la transformation en huile de pétrole ou en gaz, selon les profondeurs géologiques atteintes par ces couches de sédiments. Par la suite, des transformations géologiques du sol ont permis dans certaines circonstances à ce gaz et à cette huile de remonter dans des réservoirs accessibles aux forages, fournissant les ressources en hydrocarbures dit conventionnels. Les gaz de schiste constituent par contre une ressource dite non-conventionnelle, qui doit être extraite des profondeurs de la roche-mère.
Deux formations présentes dans la zone des garrigues sont évoquées, le Toarcien et l’Autunien, dont l’histoire géologique correspond aux conditions d’apparition des hydrocarbures non conventionnels. La seconde en particulier constitue une cible d’exploration plausible.
A partir de cette perspective, S. Pistre résume ensuite la technique qui permet d’atteindre et le cas échéant d’extraire des gaz de schiste. On procède d’abord à un forage vertical qui traverse notamment les zones aquifères, puis à une série de forage horizontaux. En injectant des fluides dans la couche ciblée à une pression supérieure à celle qui y règne, on fracture la roche pour permettre au gaz qui s’y trouve de remonter ensuite dans le fluide de forage.
Cette fracturation requiert des quantités considérables d’eau (15-20 millions de litre par injection, « 100 à 200 millions de pastis »), à laquelle s’ajoutent du sable et des substances chimiques particulièrement nocives pour l’environnement et les êtres vivants : cancérogène, mutagènes, etc.
L’exploitation est itinérante, il faut établir une plateforme de forage dans la zone, y amener le matériel et les produits requis, procéder à entre 5 et 10 forages, acheminer les résultats d’extraction, avant d’aller poser la plateforme deux ou trois kilomètre plus loin.
Les risques posés par cette technique de forage se situent à trois niveaux. Dans la couche forée horizontalement, les fractures engendrées par les injections de fluide peuvent atteindre des niveaux supérieurs de la roche, et créer ou entrer en contact avec des réseaux de circulations, telles que des failles verticales préexistantes mais auparavant isolées. Puis, dans le forage vertical, l’enjeu est l’étanchéité du « casing », la gaine en béton dans laquelle circulent les fluides, qui doit prévenir leur passage notamment dans des niveaux recélant des réserves d’eau. Enfin, à la surface, la part des fluides injectés qui sont récupérés représentent des quantités considérables qui doit être stockée et retraitée un fois extrait le gaz qu’elle contient.
Qu’ils restent en sous-sol ou qu’ils remontent en surface, ces fluides représentent un problème majeur pour l’environnement. Non seulement il existe de risques de pollution des couches aquifères par les additifs de fracturation, mais des éléments toxiques et radioactifs présents dans les couches profondes peuvent remonter à la surface, et doivent aussi être retraités, pour certains sur des décennies. De plus, les différentes prises en charge envisageables de ces fluides s’avèrent insatisfaisantes (séchage, épuration, etc.)
S’agissant des risques de pollution par diffusion dans les nappes phréatiques, S. Pistre détaille les caractéristiques des couches géologiques entre Ganges et Lunel, où la présence de systèmes de failles verticales (Les Matelles, Restinclière,etc.) pourraient constituer des circulations parfois très rapides (quelques heures!) entre des forages et des zones (aquifères karstiques) qui sont par ailleurs considérés commes des ressources en eau stratégiques pour l’approvisionnement de la région de Montpellier, de Nîmes ou de Montélimar.
En résumé, les risques de pollution en surface comme en profondeur apparaissent comme très réels et caractérisés, et posent de sérieuses questions sur la capacité à surveiller l’exploitation et prévenir ces risques. Avec cependant le paradoxe que ce sont les forages d’exploration passés qui ont permis par le passé aux géologues d’accumuler les connaissances qui font aujourd’hui ressortir les dangers posés par l’exploitation des gaz de schiste.
* Jean-Louis Roumégas, porte-parole national d’Europe Écologie-Les Verts, souligne ensuite l’intensité de la déconvenue de la mise en application du Grenelle de l’Environnement, après les ambitions affichées et les décisions apparemment prises.
L’exemple des gaz de schiste est le partait contre-exemple de tout ce qui semblait convenu avec le Grenelle : aucune consultation des élus locaux, avertis pour la plupart par la mobilisation de la population, l’absence d’étude d’impact, de tout débat public avant l’octroi des permis. Et enfin, une modification en catimini du code minier qui va dans le sens de la dispense de toute consultation, de l’exonération de la responsabilité civile des firmes exploitantes, ainsi que de leur obligation de dépolluer!
De plus, l’engagement de la France dans l’utilisation de ses gaz de schiste constituerait une autre et gravissime trahison, celle de l’engagement de la France à sortir d’une économie basée sur le CO2, dans le cadre des accords internationaux sur la réduction de l’effet de serre. Se reposer sur les gaz de schiste ne fera que retarder la conversion écologique et énergétique du pays, alors même que celle-ci est attendue, comme le démontre notamment un sondage selon lequel plus de 70% des français sont pour une sortie du nucléaire au plus tard dans les 25 ans à venir.
* Thierry Salomon vient ensuite détailler le sens du scénario « Négawatt », qui démontre la possibilité d’un changement radical mais réaliste dans l’utilisation et l’origine des sources d’énergie en France. Le terme de négawatt a été inventé par l’écologiste américain Amory Lovins, et correspond à l’énergie qui peut être économisée en modifiant nos usages et en améliorant l’efficacité des systèmes énergétiques, du côté de leur consommation comme de celui de la production.
L’association, créée en 2001 avec une dizaine «d’ingénieurs militants », rassemble aujourd’hui environ 450 personnes, dont 200 professionnels de l’énergie. En 2003, ils ont présenté un premier scénario, actualisé en 2006 et qui devrait l’être à nouveau en 2011. Il s’attachera à proposer des solutions d’économies d’énergie encore plus importantes que les précédents, et notamment à clarifier les combinaisons possibles des moyens de production énergétique dits de base avec ceux dits intermittents. Négawatt a conscience que dans le contexte actuel, ses travaux seront particulièrement attendus et étudiés. Ce nouveau scénario sera aussi pluridisciplinaire, par la prise en compte accru de réflexion sur l’urbanisme, les dimensions sociales et sociétales, etc.
T. Salomon rappelle ensuite dans quel contexte s’inscrivent les travaux de Négwatt. Ainsi, sur la finitude de la ressource en pétrole, déjà en voie de raréfaction, ainsi que celle de l’uranium, du gaz ou du charbon). A l’inverse d’une randonnée en montagne, c’est bien la redescente du pic de Hubbert qui pourrait s’avérer éprouvante…
Autre donnée fondamentale, le constat de la modification déjà en cours du climat, et la concentration en CO2 dans l’atmosphère, passée depuis le début de la période industrielle de 250 à 385 ppm, et dont le seuil d’irréversibilité sur la dégradation du climat est estimée à 450 ppm. Il souligne que les inégalités économiques s’étendent également à la consommation d’énergie, à comparer les 8000 kwh annuel d’un français au 40 d’un éthiopien.
S’agissant du paysage de la production d’énergie en France, il faut observer que bien que le débat public soit axé sur la production d’électricité nucléaire, celle-ci ne représente qu’une partie de la consommation totale d’énergie dite primaire. Même si le scénario Négawatt n’est pas construit pour démontrer l’inutilité et encore moins la dangerosité du nucléaire, il aboutit à la démonstration qu’on peut parfaitement s’en passer, et qu’il ne remplit qu’un seul de la vingtaine de critères qui peuvent être fixés pour juger de la pertinence d’une solution énergétique (co2, localisation des centrales, durée des équipements, sécurité, etc.)
D’une manière plus générale, T. Salomon affirme qu’« il faut aborder tous les problèmes de front parce que c’est comme ça qu’on va résoudre la difficulté. Si on s’enferme uniquement dans la sortie du nucléaire, on n’y arrivera pas. C’est une vue globale qu’il faut avoir. ll y a un vrai échec de la prospective classique : c’est ahurissant de voir comment l’État français avance sans aucune prospective énergétique sérieuse. »
Pour sortir de cette impasse, le scénario négawatt s’appuie sur trois ressorts fondamentaux : la sobriété, l’efficacité, et les énergies renouvelables.
La sobriété
Le recours à la sobriété passe par l’identification, dans nos habitudes de vie, des nombreux gaspillages auxquels nous consentons, et qui pourraient être évités sans pour autant compromettre notre confort de vie.
De ce point de vue, les tendances de ces dernières décennies constituent un bon contre-exemple.
Parmi les exemples de consommation « débridée », on trouve la mutiplication par un facteur de presque 4 des carburants routiers en 30 ans, ou plus récemment l’apparition d’écrans publicitaires vidéo en mobilier urbain, qui pour un simple affichage lumineux sur la voie publique consomment chacun autant que deux foyers avec enfants…
L’essentiel est ici de distinguer la consommation d’énergie et son usage, le « service énergétique » : éclairer le plan de travail plutôt que la pièce entière, favoriser un moyen de déplacement qui ne nécessitera pas d’emporter 20 à 30 fois le poids de la personne transportée…
L’efficacité énergétique
L’action sur l’efficacité énergétique s’applique à toute la chaine de production, de distribution et d’utilisation de l’énergie. L’efficacité peut être constructive pour réduire « l’énergie grise », qui sert à produire les biens que nous utilisons, adaptative pour profiter des apports passifs de l’environnement (isolation, récupération des énergies dissipées). Elle peut viser également l’appareillage par l’amélioration du rendement des équipements, par exemple, en achetant un frigo peu consommateur ET de taille adaptées à nos consommations. Enfin l’efficacité du système productif se préoccupe d’améliorer la conversion énergétique, la transformation de l’énergie dite primaire, et les conditiosn de son acheminement.
Lors du premier choc pétrolier, la mise en place de la première règlementation thermique sur les bâtiments, et les campagnes de « chasse au gaspi » avaient porté des fruits mesurables. Mais les économies ainsi générées furent gommées puis dépassées par l’augmentation du nombre de pièces, leur chauffage accru, l’introduction de la climatisation, et une démographie augmentant le nombre de foyers. Or le gisement potentiel d’économie sur le bâti existant est considérable, avec des techniques actuelles et maitrisées. Leur mise en œuvre, du fait des économies qu’elles permettraient, n’est alors plus qu’une question d’initiative politique et de mise en place d’un financement bancaire adéquat pour anticiper sur les gains de pouvoir d’achat ultérieurs des utilisateurs.
Le recours aux énergies renouvelables
L’étude Négawatt envisage trois trajectoires types, selon la rapidité avec laquelle sont mises en place les politiques de transition énergétique.
Le scénario tendanciel, projette la poursuite des tendances observées, avec toutes les conséquences déjà évoquées, notamment climatiques.
Le chemin « priorité – 2030 » est inquiétant. Dans le cas où les décisions d’adaptation ne sont pas prises dès aujourd’hui, mais retardées de 10 à 20 ans, il faut alors postuler une « pente » d’adaptation dont l’impact sur les sociétés ne parait pas compatibles avec des sociétés démocratiques, avec des rationnements et des mesures autoritaires.
Le scénario Négawat proprement dit, par contre, se base sur les seules technologies existantes, et s’astreint à passer d’une logique de ponction du stock d’énergie fossiles, à une « gestion en bon père de famille », qui s’appuie sur les flux des énergies renouvelables
T. Salomon expose l’évolution du « mix » énergétique entre aujourd’hui et 2050, et précise que la clé de «bouclage »du scénario est fournie par le gaz naturel, dont l’utilisation s’étale sur la période grâce aux économies d’énergie, notamment l’isolation des logements, jusqu’à ce que le développement des renouvelables prennent le relais. Ce faisant, on « absorbe » la fin des ressources en pétrole, et même… la sortie du nucléaire. Ici, ce dernier n’apparait plus indispensable, quand bien même sa disparition ne constitue pas un des objectifs du scénario.
Le scénario Négawatt offre à l’économie et à la société une résilience, une capacité à absorber les chocs énergétiques à venir causés par la raréfaction des ressources actuelles. De plus, un chiffrage des effets nets sur l’emploi de la conversion de l’économie aboutit à 700 000 emplois nets créés, si le baril de pétrole reste à 80 dollars. Mais il passe à 1 million, pour un baril à 100 $. En résumé, il est dit « sans regret », car attaché à conserver les conséquences positives du progrès accumulé, en levant les menaces qui pèse sur nos modes de vie présents.
* José Bové, député européen EELV, vient ensuite faire un point en guise de conclusion sur l’actualité de la lutte en cours contre les projets d’exploitation des gaz de schiste. L’actualité à permis l’ouverture d’un débat sur le sujet au Parlement Européen, et on voit des acteurs européens prendre des positions plus ou moins opportunistes, comme la chancelière Merkel à la veille d’élections sous le signe du rejet du nucléaire par la population, ou l’Italie, soudainement plus prudente quant à ses projets de redémarrage de ce secteur.
A contrario, la Pologne, historiquement dépendante de la Russie pour son énergie, semble déterminée à exploiter ses gaz de schiste. Mais les positions de la Commission Européenne restent favorable aussi bien aux gaz de schiste qu’au nucléaire, son commissaire à l’énergie tout particulièrement à l’écoute des lobbies pétroliers.
Dans ces conditions, le maintient et le développement de la mobilisation de l’opinion publique pour un changement de cap profond de la politique énergétique devra se faire dans la durée.
Concernant le calendrier qui a aboutit à l’octroi de ces permis, J. Bové dénonce lui aussi la duplicité du Ministre de l’Ecologie Jean-Louis Borloo, qui d’une main signait le Grenelle de l’Environnement et de l’autre les permis préparé par ses ingénieurs des Mines. Même s’il est envisageable que ces derniers, très influent désormais y compris dans ce ministère, aient pu préparer ce dossier sans un aval politique clair, la question qui reste posée est celle de la facilité avec laquelle il semble possible d’obtenir en France ce genre d’autorisations de forage. Egalement, la question va se poser quant aux conditions de mise en concurrence autour de ces permis. Des actions en obtention de documents administratif sont ainsi en cours pour accéder notamment aux appels d’offre.
Face à ces manœuvres confidentielles, la réaction du publics’est avérée exceptionnelle en rapidité et en intensité. Depuis la constitution d’un premier collectif à Saint-Jean de Bruel fin décembre 2010, les prises de positions se sont multipliées, avec des délibérations contre les gaz de schiste dans les communes concernées par les permis, la création de collectifs à la base. La situation s’avère sans précédent récent, et constitue une occasion de construire une réflexion sur l’énergie qui pourrait sortir des habituels schémas de confrontation.
A propos de la suspension des permis en cours ne doit pas faire illusion quant à la persistance de la prédominance de l’administration du ministère de l’Energie, opportunément confié à Eric Besson, sur celle de Nathalie Kosciusko-Morizet au ministère de l’Ecologie. Et il n’y a pas grand chose à attendre non plus du rapport d’étude qui a été demandé, puisqu’il est en cours de rédaction par ceux-là même, les ingénieurs des Mines, qui il y a quelques mois organisait en douce la délivrance de ces permis. Il faut exiger l’abrogation des permis d’exploration, « point barre ». Il faut bloquer le processus maintenant, sans attendre une exploration qu’ils auront tôt fait de transformer en exploitation.
Pour cela, J. Bové annonce la tenue simultanée en France de plusieurs manifestations le 17 avril, en des lieux emblématiques des différents permis accordés (gaz de schiste au sud, huile au nord). Le rendez-vous est ainsi donné à Nant, à 12h, deux jours après la date théorique de remise du rapport commandé par le gouvernement, pour rappeler que nous serons intraitable dans ce refus. Egalement, à Cahors.
Sur la suite, il faut porter l’aspect positif de la situation, faire prévaloir la transition énergétique sur l’agression contre les territoires. Ce doit être le point de départ du débat 2012 sur l’énergie. Et les forces syndicales, jusque dans celles du secteur énergétiques, évoluent aujourd’hui et permettent d’envisager le dépassement des anciennes confrontations.