Barroso Gate: EELV soutient la pétition
Face au "Barroso Gate" et à une Commission européenne qui a perdu son éthique, la mobilisation peut encore l'emporter!
Alors qu'un vendredi soir de début d'été 2016, l'opinion publique européenne était informée par un communiqué de presse de Goldman Sachs, du recrutement de l'ancien Président de la Commission européenne José Manuel Barroso par la plus grande banque d'investissement au monde, il a fallu attendre plus de deux mois pour avoir une première réaction de l'actuel Président de la Commission européenne, le luxembourgeois Jean-Claude Juncker.
Montée en pression...
C'est en effet le 9 septembre, à la veille de son "discours sur l'Union" du 14/09 – discours annuel du Président de la Commission européenne devant le Parlement européen réuni en plénière à Strasbourg – qu’il a finalement réagi sans condamner ce pantouflage mais en se contentant de dire « qu'il ne l'aurait pas fait » et qu'il allait demander l'avis non contraignant du comité d'éthique de la Commission européenne. Un comité d'éthique dont le rôle est d'émettre des avis non contraignants sur le recrutement des anciens Commissaires par le secteur privé – le pantouflage ou de revolving doors -. Un comité d'éthique composé de trois membres nommés par le Commission et qui n'a jamais à notre connaissance émis d'avis contraire au recrutement des Commissaires "pantoufleurs"…
Mais cette réaction quasi inaudible est intervenue deux très longs mois après l’annonce de Goldman Sachs. Et surtout elle a fait suite à de multiples et importantes pressions exercées par la Médiatrice européenne, par les ONG à travers une autre pétition ad-hoc, mais aussi et surtout par un collectif d'employés des institutions européennes à travers une pétition unique en son genre. Des démarches auxquelles se sont ajoutées diverses déclarations de leaders politiques européens, dont celle du Président français sur le manque de moralité de Barroso.
Ferme volonté de ne rien faire...
Sans aucun doute, tant de par la façon de communiquer, avec petites déclarations concédées au détour d'une interview, que dans le contenu même de ces rares prises de position de la part des leaders de la Commission européenne (qui sont nommés par leur État membre), on ne peut que constater la non volonté de condamner fermement et sans détours le recrutement de Barroso par Goldman Sachs. Et pendant plusieurs semaines la ligne officielle de la Commission européenne a même été de dire, tel le Commissaire français Moscovici devant le Parlement européen à Strasbourg, que tout allait bien et que le code de conduite des Commissaires européens était l’un des plus strictes au monde et qu’il ne fallait pas en changer. Tout cela est complaisant à l’égard de Barroso, et révèle une incompréhension totale des conséquences sur l'opinion publique européenne d'un tel recrutement. Un pantouflage qui nourrit directement les discours europhobes, en leurs donnant des arguments qui seront utilisés contre la construction européenne et ses institutions dans les semaines et mois à venir à l’occasion des différentes campagnes électorales qui s’annoncent…
Un collectif d'employés des institutions européennes unique en son genre : un précédent…
Mais au-delà de ce terrible constat d’inaction et de détachement total de la réalité par la Commission Juncker sont apparues quelques raisons d’espérer. Notamment ces nombreuses réactions de la sphère européenne, avec ces employés des institutions regroupés dans ce collectif anonyme "collectif des 152.000", qui a déposé 12 octobre dernier une pétition ayant recueilli plus de 152.000 signatures. Une remise de pétition en commun avec l'autre pétition menée par des ONG européennes (Transparency International et Corporate Europe Observatory) ; le tout soutenu par les syndicats de fonctionnaires européens. A noter aussi la pression exercée par la sphère journalistique bruxelloise, tout comme par le suivi au Parlement européen du dossier tant au niveau du Président Schulz, que du groupe des Verts (et des socialistes) qui ont convaincu leurs collègues députés européens de geler une partie des indemnités des Commissaires dans l’attente d’une réforme de son code de conduite.
Les premiers signes de fléchissement sont autant de raisons d’espérer
A ce jour, le dossier a finalement connu une petite avancée avec la récente volonté du Président de la Commission européenne de faire passer la durée d'attente du recrutement des anciens Présidents de la Commission européenne de 18 à 36 mois. Mais comme le dit le 07/11 dans un article du Monde un des initiateurs de la pétition du "collectif des 152.000" : "M. Juncker a fait une proposition qui va dans le bon sens [la réforme du code de conduite] mais qui peut encore être rejetée par le collège, et finalement il ne résout pas le cas Barroso, alors que l’ex-président doit être sanctionné. C’est la Cour de Justice de l’UE qui doit être saisie [au titre de non-respect de l’article 245]".
Car ce tout petit progrès risque de masquer l'inaction de la Commission européenne dans le cas Barroso qui a été blanchi par le comité d'éthique de la Commission qui, bien qu'il ait reconnu que Barroso avait nuit à la répétition de la Commission et des institutions, ne recommande aucune sanction contre lui.
Ce bras d'honneur fait à l'éthique des institutions européennes risque de sceller définitivement le divorce entre l'option publique européenne et les instituons européennes.
La seule issue restante est donc bien celle de la mobilisation de toutes et tous pour mettre un maximum de pression sur la Commission européenne, que ce soit au Parlement européen, par l’intermédiaire de l’Ombudsman européenne, Emily O'Reilly, ou par les pétitions initiées par le collectif d’employés des institutions européennes ou par les ONG européennes.
Alors, EELV Belgique Pays-Bas vous encourage à signer la pétition et partager sur les médias sociaux #Ethics4EU !
2 commentaire(s)
L Union européenne , la Commission et le Parlement doivent rendre obligatoires la déclaration sincère et éclairée des conflits d’intérêts et prévoir l interdiction de mandat contractuel ou électif comme sanction en cas de déclaration non sincère ou omissive .
M. Barroso est exemplatif des quelques personnes qui se considèrent protégées par leur appartenance à l oligarchie mondiale , au dessus des contingences de leurs nationaux ( mais de quels nationaux se sent solidaire M.Barroso : les portugais ? Les Européens?Les Goldmaniens !?
En solidarité avec la caste financière internationale, récompensé pour cela , M.Barroso a favorisé pendant de longues années la domination et les privilèges fiscaux des GAFA dans l ´UE, comme le démontre aujourd hui les actions prises par Margrethe Verstager à l’encontre des régimes de monopoles anticoncurrentiels et de leurs politiques d exemptions fiscales.
La reconversion (mais en est-ce vraiment une?) de Mr Baroso montre que nos hommes politique se soucient de leurs propres intérêts avant le bien commun et de ces concitoyens.
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