4 des 10 réacteurs nucléaires suédois fermeront d’ici 2020 faute de rentabilité
La Suède, qui tire environ 38% de son électricité du nucléaire, possède 10 réacteurs nucléaires répartis sur trois sites (Forsmark, Oskarhamn et Ringhals). Ces centrales sont opérées par des groupes privés composés de la compagnie publique suédoise Vattenfall, l'allemande E.ON et la finlandaise Fortum (Oskarhamn uniquement).
En avril, Vattenfall a annoncé la fermeture de Ringhals 1 et 2 entre 2018 et 2020 au lieu de 2025 comme initialement prévu. Deux mois plus tard E.ON a annoncé la fermeture d'Oskarhamn 2 avant 2020 et la poursuite de la fermeture déjà programmée d'Oskarhamn 1. Fortum a cependant déclaré être opposé à ces fermetures. Si les fermetures ont bien lieu, cela signifie que la Suède va voir son potentiel nucléaire diminuer de 25% d'ici 5 ans.
Le nucléaire pas assez rentable
Vattenfall et E.ON ont expliqué leur choix d'avancer la date de décommission de ces réacteurs par une baisse de rentabilité due à plusieurs facteurs.
D'une part, les prix de l'électricité sont bas en Suède grâce à une très forte production hydroélectrique et la construction de plus en plus de centrales à cycle combiné (chaleur et électricité) bénéficiant d'une forte incitation fiscale. À cela il faut ajouter une succession d'hivers doux, une meilleure performance énergétique des bâtiments, et une baisse de l'activité industrielle qui ont fait baisser la demande. Le réseau électrique Scandinave étant assez mal relié au sud du continent, l'exportation se fait avec de fortes pertes. Enfin, l'essor des renouvelables tire également les prix à la baisse.
D'autre part, suite à la catastrophe de Fukushima, les nouvelles normes de sécurités requièrent de très grands et coûteux travaux pour les réacteurs dont le fonctionnement serait prolongé au delà des quarante ans prévus lors de leur construction. Les quatre réacteurs en question connaissent en plus de nombreux problèmes techniques qui nécessiteraient de toute façon des investissements.
Par ailleurs, le parti écologiste Miljöpartiet de Gröna (MP), en coalition avec les socio-démocrates a réussi à geler tous les plans de construction de nouveaux réacteurs, bouchant les perspectives à long terme de la filière mais aussi à augmenter la taxe affectant l'énergie nucléaire. Cette taxe qui est passée de 12 648 à 14 770 couronnes suédoises par MW a totalement changé la donne pour les électriciens.
Enfin, MP a également obtenu un objectif gouvernemental de 100% de renouvelables. Même si la date n'est pas fixée, cela décourage l'industrie nucléaire de se développer dans le pays.
La fin du nucléaire suédois?
Avec quatre fermetures de réacteurs dans les quatre ans on pourrait donc espérer que cela soit la fin du nucléaire suédois. Malheureusement il semblerait que les choses ne soient pas si simples. Si le nucléaire est en fort recul sur le sol suédois, il n'en est pas de même en Finlande où plusieurs réacteurs sont en projet.
Le fabriquant d'acier suédois SSAB espère profiter de ce marché et a annoncé vouloir participer au financement du chantier de la nouvelle centrale finlandaise à Pyhäjoki face aux côtes suédoises. Ce projet soulève d'autant plus de critiques que ce chantier devrait être géré par le russe ROSATOM. En cette période de tensions diplomatiques entre la Russie et la Suède cela n'est pas vu d'un très bon œil par beaucoup de monde. Le fait qu'en plus la centrale se trouvera en plein cœur d'un parc naturel est également un scandale incompréhensible.
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