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« Écologie Citoyenneté Solidarité » Sénatoriales 2014 : quelles leçons tirer ?

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Région Europe Écologie Les Verts Hors de France

Congrès régional de mars 2015

 

La présentation d’une liste écologiste aux élections sénatoriales de septembre 2014 a été particulièrement compliquée, compte tenu d’une tentative d’imposer à la région Hors de France une liste d’union avec le Parti Socialiste (PS) et l’association Français du Monde-adfe (FDM), en contradiction avec l’orientation fixée par le conseil fédéral d’EELV.

 

Pour éviter à l’avenir les problèmes rencontrés, il est crucial de prendre acte de ce qui s’est passé et d’en tirer les leçons nécessaires.

 

1/ Une logique d’autonomie politique

 

Le choix national, voté par le conseil fédéral (les 15 juin et 28 septembre), était de monter partout des listes écologistes et ouvertes, compte tenu de l’échec des discussions avec le PS, mais aussi des politiques menées par le gouvernement sans respect pour l'accord passé en 2011 entre le PS et EELV.

 

Ce choix national est venu conforter la volonté d’autonomie de la région face à deux problématiques principales : l’union automatique (pratiquée aux sénatoriales jusqu’en 2011 sans réelle discussion) et les désaccords avec le PS et FDM lors des élections consulaires et de l’élection à l’assemblée des Français de l’étranger (AFE) de mai et juin 2014.

 

Le conseil politique régional (CPR) n’avait pas écarté par principe la possibilité de l’union dans le cadre des discussions nationales, ayant désigné dans un premier temps comme binôme écologiste de tête Kalliopi Ango Ela (ancienne sénatrice) et Alexandre Chateau-Ducos (conseiller consulaire et à l’AFE). Mais compte tenu de l’échec des discussions nationales, les débats au sein du CPR ont abouti au souhait quasi unanime d’une liste autonome et ouverte (Kaliopi Ango Ela étant la seule membre du CPR prônant la liste d’union avec le PS et FDM).

 

2/ Une dissidence surprise au service d’une campagne agressive

 

Le débat serein et posé lors du CPR du 10 juillet 2014 sur le choix de l’autonomie s’est cependant conclu par une surprise de taille. Kalliopi Ango Ela, après avoir annoncé qu’elle refuserait de conduire une liste autonome par loyauté vis-à-vis des sénateurs PS sortants, et réalisant que le choix définitif du CPR se portait sur ce choix, a déclaré au moment de la clôture du CPR qu’elle serait présente sur la liste des deux sénateurs socialistes sortants, et ce quelle que soit la décision finale d’EELV. Ce volte-face a surpris tout le monde, y compris les membres du bureau exécutif régional dont elle faisait partie. Dès le lendemain de la réunion du CPR, la communication de la liste PS, incluant Kalliopi Ango Ela en troisième position et le logo d’EELV, avait déjà été lancée publiquement.

 

Le débat de fond avait porté sur le caractère éligible ou non de la troisième place proposée par le PS. Notre ancienne sénatrice a défendu que la division de la droite permettait de l’espérer en union avec le PS et FDM. Or la quasi-unanimité du CPR estimait que cette hypothèse n’était pas réaliste, compte tenu des simulations réalisées et sachant qu’un nombre certain d’élus Front de Gauche ne voterait pas pour une liste d’union représentant le gouvernement.

 

Face au choix démocratique du mouvement, à l’échelle régionale, comme à l’échelle nationale, Kalliopi Ango Ela n’a pas simplement fait cavalier seul. Sans qu’à aucun moment la région Hors de France (co-secrétaires, membres du BER ou du CPR) ou les grands électeurs écologistes concernés ne soient consultés ou informés, le groupe écologiste au Sénat et une partie du bureau exécutif d’EELV ont avalisé la position défendue par Kalliopi Ango Ela. La prétendue éligibilité de la troisième place sur la liste d’union n’a donc même pas été discutée, pas même avec les 20 conseillers et délégués consulaires EELV.

 

Si le groupe au Sénat a campé sur sa position de soutien à une union pourtant refusée par le conseil fédéral et le CPR, allant jusqu’à publier un communiqué de soutien (auquel un sénateur du groupe a refusé de s’associer), le bureau exécutif est heureusement revenu sur sa décision et a investi la liste proposée par la région.

 

Kalliopi Ango Ela a finalement été exclue par le CPR du 22 août, conformément aux statuts pour une durée temporaire (jusqu’à la fin du mois de septembre 2014). Pour autant, les trois candidat-e-s têtes de la liste PS FDM, dont notre ancienne sénatrice, ont mené une campagne de désinformation, se prévalant d’une investiture n’ayant jamais eu lieu et utilisant le logo d’EELV dans une communiqué envoyé à tous les grands électeurs.

 

La campagne électorale a malheureusement confirmé à plusieurs reprises cette dérive mensongère. Le summum étant atteint dans les communiqués de FDM, association fort écoutée parmi les grands électeurs, dans lesquels sa présidente réécrit les événements internes d’EELV et use d’arguments hasardeux. L’association, qui se voulait une plate-forme pour la gauche hors de France dans toute sa diversité, a fait le choix de nier sa diversité politique et de soutenir uniquement la liste socialiste, désertée même par son fidèle allié le PRG.

 

Notre ancienne sénatrice est, au même titre que ses colistiers, responsable de ces méthodes, d’autant que pendant cette campagne elle se faisait élire en août 2014 membre du conseil d’administration de FDM.

 

3/ Une dynamique d'ouverture de l'écologie hors de France

 

La présentation à ces sénatoriales d’une liste autonome composée uniquement de membres d’EELV était possible mais elle était sans grand intérêt car difficilement porteuse d’une dynamique. Le CPR a suivi la recommandation à l’ouverture formulée par le conseil fédéral, et a fait le pari du rassemblement autour de l'écologie et de la formulation d'une alternative aux politiques gouvernementales.

 

Cette liste autonome et ouverte a été menée par Alexandre Chateau-Ducos, qui avec l’aide du BER a réuni sur une même liste trois adhérent-e-s d’EELV, une associative sympathisante écologiste, deux membres du Front de Gauche (FdG) et un associatif sympathisant du FdG, ainsi qu’une adhérente de Nouvelle Donne. Malgré la qualité des contacts, il n’a pas été possible d’intégrer à la liste une personne issue de Cap 21.

 

Compte tenu des retards provoqués par les difficultés d’investiture, la liste « Ecologie Citoyenneté Solidarité » a été déposée dans les tous derniers délais. Mais la campagne a été bien menée, de manière concertée et cohérente, avec un programme commun sur les enjeux nationaux et régionaux (Français de l’étranger) du scrutin. Un site a permis de communiquer sur internet (http://senatoriales2014horsdefrance.fr/) et les réseaux sociaux (https://www.facebook.com/senatorialeshorsdefrance2014). Les prises de contacts individuels avec les grands électeurs étaient essentielles. La démarche d’affirmation de l’écologie politique et d’une gauche non socialiste a été très bien reçue.

 

4/ Un score satisfaisant et des leçons à tirer

 

La liste "Ecologie, Citoyenneté, Solidarité" a fait un bon résultat en obtenant 35 voix, soit 6,6% des suffrages exprimés. C'est une satisfaction car elle rassemble au-delà des grands électeurs issus d'EELV, du Parti de Gauche et de Nouvelle Donne, même si nous espérions un résultat plus élevé, compte tenu de nombreux échanges positifs avec les grands électeurs. Il aurait fallu faire 62 voix pour décrocher un siège.

 

La liste UMP officielle est arrivée en tête avec 185 voix et a obtenu 3 élus, la liste PS 158 voix et 2 élus, la liste UMP dissidente 88 voix et 1 élu. Le rapport de force 2 sièges PS / 4 sièges à droite a été reconduit. Malgré la réforme de la représentation des Français établis hors de France, et l'élargissement bienvenu du corps électoral des sénateurs, le changement ne se traduit pas dans le résultat de ces élections, puisque le rapport gauche/droite reste inchangé et que 4 élus sur 6 sont des sortants.

 

Il était possible de faire basculer un 3e siège à gauche grâce à la liste "Écologie, citoyenneté, solidarité". Il lui a en effet manqué 27 voix pour ce faire ; 27 voix qui étaient probablement atteignables si notre liste avait pu engager sa campagne plus tôt et plus sereinement, et si elle n'avait pas été la cible d'attaques agressives, récurrentes et disproportionnées de la part de celles et ceux qui prétendent détenir le leadership à gauche. Car au lieu de débattre de politique, faisant mine d'ignorer les renoncements et les mesures contre-productives du gouvernement, le PS et l'association Français du Monde-adfe ont préféré attaquer la liste « Ecologie Citoyenneté Solidarité » et rendre dramatique le soutien à ses candidat-e-s porteurs d'un renouveau, celui d'une VIe république. Les résultats confirment aussi qu’il n’était pas possible pour la liste d’union d’obtenir le troisième siège, puisqu’il lui aurait également fallu en plus 27 voix, qui ne pouvaient pas venir de nos 35 voix compte tenu du rejet par un très grand nombre de la liste des sortants soutenant le gouvernement.

 

Au regard de cette campagne compliquée à mener, il convient de recommander à la région Hors de France pour la suite de :
• définir un calendrier de désignation avec vote interne très en amont, dans le cadre des directives nationales, faisant primer avant négociation éventuelle le principe d’autonomie,
• rappeler aux élu-e-s leur nécessaire loyauté à l'égard du mouvement et les sanctions prévues en cas de dissidence,
• dialoguer intensément et à tous les niveaux avec les instances nationales et les groupes parlementaires, et attirer l’attention de ces derniers sur l’importance de ce dialogue pour l’avenir du mouvement,
• poursuivre la dynamique d'ouverture et de dialogue autour de l'alternative écologiste que nous portons,
• relancer le dialogue avec toutes les composantes de la gauche et de l’écologie hors de France, sans exclusive.

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