Accueil Groupes locaux Europe du Nord Vattenfail?

Vattenfail?

Vattenfall est la compagnie publique de production d'électricité suédoise mais aussi un grand acteur européen du marché de l'énergie. Bien que détenue à 100% par l'état suédois, les précédents gouvernements avaient laissé la compagnie sans grand contrôle, comme l'a récemment déploré l'office national de l'audit.

 

L'une des conséquences de ce manque de gestion a été le catastrophique investissement dans Neon qui a provoqué l'augmentation des difficultés financières du géant industriel qui a récemment annoncé mettre fin à 1000 emplois.

 

Mais les choses sont en train de changer et le gouvernement Socio-démocrate et Vert a décidé de s'impliquer plus dans la direction de l'entreprise. Quatre ministres (deux socio-démocrates et deux écologistes) suivent le dossier et ont nommé deux nouveaux membres du conseil d'administration.

 

Fermeture de deux réacteurs nucléaires

L'une des premières conséquences de la présence des écologistes au gouvernement est l'implémentation d'une fiscalité plus écologique et la diminution des subventions au nucléaire. Le résultat est immédiat, Vattenfall a annoncé programmer la fermeture des réacteurs Ringhals 1 et 2 entre 2018 et 2020, au lieu de 2025. L'Allemand E-ON propriétaire à 30% de la centrale doit encore confirmer son accord. C'est une belle victoire qui démontre que sans subventions, le nucléaire n'est pas rentable.
Par ailleurs, le gouvernement s'est engagé pour une production d'énergie 100% renouvelable d'ici 2030.
Malgré ces bonnes nouvelles, la gestion de Vattenfall reste malheureusement très problématique pour les écologistes.

 

L'allemaGNE

Durant des années, lorsqu'il était chef du groupe écolo au Parlement, Per Bolund a régulièrement interpellé le gouvernement sur le fait que Vattenfall avait un bilan carbone catastrophique hors de Suède. Aujourd'hui qu'il est ministre, partiellement responsable de Vattenfall, c'est Vänsterpartiet (la gauche) qui lui ressert ses propres questions et celui-ci ne répond pas. C'est d'autant plus embarrassant que durant la campagne, le porte-parole Gustav Fridolin a brandi plusieurs fois un morceau de charbon lors des débats pour dire, voici le bilan de la gestion de Vattenfall par la droite.

 

Pour mieux comprendre de quoi il s'agit, il faut savoir que la compagnie publique suédoise Vattenfall possède de très nombreux intérêts en Allemagne : deux centrales nucléaires, quatre centrales au lignite, une vingtaine de centrales à co-génération, le système de distribution d'électricité de nombreuses villes, des parcs éoliens et cinq mines de charbon à ciel ouvert (et plusieurs autres en projet). Suite à l'annonce par le gouvernement Allemand de la sortie du nucléaire et du calendrier de fermeture des centrales, Vattenfall s'est estimée lésée dans ses bénéfices et a donc commencé une procédure contre l'état allemand pour obtenir 4,7 milliards d'euro. Pas seulement devant les tribunaux allemands mais aussi devant un de ces tribunaux arbitraux dont on parle tant avec le TTIP/TAFTA, cis à Washington. Là où c'est incroyable c'est que le "procès" ayant lieu à huis-clos, le Parlement Allemand n'a pas accès au dossier et ne peut s'assurer que le gouvernement fait réellement tout pour défendre ses intérêts. Le fait qu'une entreprise publique d'un état européen attaque en justice un autre état européen est aussi en soit quelque chose de profondément choquant. Greenpeace Allemagne est très active sur le sujet et a bien chahuté le premier ministre suédois Stefan Löfvén la dernière fois qu'il était à Berlin. Mais le débat ne porte pas vraiment sur ce point en Suède.

 

Non, le problème depuis plusieurs mois est de savoir quoi faire avec les activités liées au charbon. Sigmar Gabriel, le vice-chancelier socio-démocrate allemand, est venu expressément en Suède pour demander à ce que les mines soient maintenues et vendues à une autre entreprise plutôt que fermées. Le premier ministre suédois a donc maintenant beau jeu d'expliquer qu'il ne peut s'opposer à la volonté du peuple allemand. Que le charbon soit exploité par des suédois ou un autre pays, ne change pas grand'chose pour le climat et la vente des mines et centrales au lignite de Vattenfall à une compagnie étrangère ne peut satisfaire aucun écologiste.

 

Faute de majorité au parlement pour fermer les centrales (seuls les verts du Miljöpartiet et la gauche Vänsterpartiet sont pour), cette solution semble difficile et certains membres du Miljöpartiet semblent prêts à vendre les mines à condition qu'une centrale soit fermée.

 

Ceci dit, la récente affaire de l'annulation de la vente d'armes à l'Arabie Saoudite a prouvé qu'une mobilisation citoyenne pouvait permettre aux écologistes de faire basculer le parlement.
Aidez donc les verts suédois à gagner ce bras de fer avec les socio-démocrates, signez et diffusez cette pétitionhttp://gofossilfree.org/sweden/

 

1 commentaire(s)

  1. William Belmont

    Ces traités d’investissement qui existent encore entre Etats membres de l’Union européenne sont une absurdité. Dans l’Union, c’est le droit européen qui doit régir les rapports entre Etats, surtout dans un domaine qui est clairement de la compétence de l’Union (marché intérieur, libre circulation des capitaux). Et pas un droit international de l’investissement qui accorde aux investisseurs étrangers des droits mais ne leur donne aucun devoir. Ce sont les juridictions nationales et de l’Union qui doivent trancher d’éventuels litiges. Et pas des tribunaux arbitraux à l’indépendance plus que douteuse.

Laisser un commentaire