Tous ensemble: mobiliser les écologistes établis hors de France
Motion d'orientation
Région Europe Écologie Les Verts Hors de France
Congrès régional du 29 mai 2011
« Nous plantons les graines de la paix, maintenant et pour le futur »
WANGARI MAATHAI
Seule une transformation écologique et sociale profonde de nos sociétés permettra de surmonter la crise mondiale actuelle. Rien ne se fera à partir de la France seule, ni même de l’Europe. La région Hors de France permet au mouvement Europe Ecologie Les Verts (EELV) de bénéficier des expériences de ses adhérent-e-s, coopérateurs/trices et sympathisant-e-s qui sont établis hors de France, ainsi que des liens qu'ils ont créés avec les partis écologistes de l'étranger. Surtout la région organise et promeut la présence de l'écologie politique parmi les Français de l’étranger.
Plus de 2 millions de Français de l'étranger
EELV souhaite que tous les étrangers vivant en France puissent participer aux élections. Réciproquement cette possibilité est ouverte aux Français résidant dans l’Union Européenne pour les élections municipales et européennes. Participer à la fois à la vie citoyenne du pays d’où on vient et dans le pays où l’on vit devrait être possible pour tous. 2 millions et demi de Français vivent hors de France. Même s'ils sont souvent engagés dans la vie citoyenne, voire politique, de leur pays de résidence, ils restent des citoyens français à part entière.
Les Français vivant hors de France sont déjà représentés par les 155 conseillers de l'Assemblée des Français de l'étranger (AFE), institution consultative rattachée au Ministère des affaires étrangères et européennes. 12 sénateurs, élus par ces conseillers, les représentent au Sénat. Suite à la réforme constitutionnelle de juillet 2008, pour la première fois, 11 députés seront élus par les Français de l’étranger à l’Assemblée Nationale en 2012.
La faiblesse actuelle de la gauche dans cette représentation (57 conseillers et 3 personnalités qualifiées à l’AFE, plus 3 sénateurs) n’est pas à l’image des orientations politiques de la population des Français vivant hors de France. La présidentielle de 2007 a montré une répartition gauche/droite chez les Français vivant hors de France comparable à l’ensemble de la population française. Les derniers scrutins montrent aussi que les Français de l'étranger votent pour les écologistes comparativement plus que les Français résidant en France.
Si la représentation de l'écologie politique parmi les Français de l’étranger a été dans le passé trop faible ou trop éparse pour être efficace, les attentes sont réelles vis-à-vis de notre mouvement. Pour beaucoup, vivre à l’étranger relève d’un désir d'aller vers les autres, d’une curiosité du monde, d’un intérêt pour les échanges culturels. Nombreux sont ceux qui s’impliquent dans l’aide humanitaire et la coopération au développement. Cet engagement hors des frontières de l’hexagone sensibilise aux dérives des modes de développement productivistes et d'une mondialisation libérale ; il fait prendre conscience de l’urgente nécessité d’être plus solidaires. Pour certains, être Français de l’étranger signifie aussi vivre dans une plus grande précarité, lutter pour sa survie dans un environnement de plus en plus dégradé, souffrir d’un état de non droit.
Avec la fin de la coopération française de masse, la réduction des statuts d’expatriés, l’arrivée des générations « Erasmus », la multiplication des ONG, le nombre croissant des binationaux et des familles pluriculturelles, la population des Français vivant hors de France a beaucoup changé. Plus ancrés dans le pays où ils vivent, plus concernés par l’intégration, le respect des modes de vie et de l’environnement, les Français de l’étranger sont de moins en moins des étrangers de passage dans leur pays de résidence.
EELV aussi organisé hors de France
Dans le cadre du parti « Les Verts », les écologistes français établis à l'étranger étaient rattachés aux différentes régions françaises, selon le souhait de l’adhérent-e. A Bruxelles ils ont tout de même créé en 2002 un groupe des Verts français à Bruxelles. En juin 2009, par une motion du Conseil national interrégional (CNIR), la Délégation des Verts aux Français de l'étranger a été créée pour rassembler les Verts établis hors de France, ainsi que les signataires de l'appel Europe Écologie et leurs sympathisants.
Le mouvement EELV a permis de franchir une étape supplémentaire et indispensable, celle de créer via l'adoption des statuts fédéraux une région à part entière pour ces écologistes militants à l'étranger : la région Hors de France. Cette région compte aujourd'hui près de 120 adhérents résidant aux quatre coins de la planète. De plus, un nombre important de Français de l’étranger a émis le souhait d’être coopérateur/trice et sympathisant-e du mouvement. Des statuts régionaux vont être adoptés. Des groupes s'organisent d'ores et déjà au niveau des 11 circonscriptions législatives. La région peut aussi compter sur des adhérent-e-s résidant en France pour relayer leurs actions et leurs demandes auprès des instances fédérales.
En consolidant les actions déjà engagées et en réunissant un premier congrès régional, la Région va sortir de sa situation transitoire et se doter d'une équipe totalement légitime et engagée dans une démarche collégiale. Cette équipe aura comme priorité de mettre en oeuvre les statuts adoptés, mieux organiser la communication interne et externe de la Région. Tout en assurant l'ancrage de la région sur le long terme, cette équipe préparera rapidement, avec transparence et méthode, les prochaines échéances électorales, à la fois sur les plans programmatique et stratégique. Elle développera avec l'aide des instances fédérales un site internet aux fonctionnalités multiples, afin de gérer la complexité d'une région aux adhérent-e-s dispersé-e-s sur tous les continents.
Mobiliser les Français de l'étranger pour l'écologie politique
La Région s'attachera à traiter les problèmes auxquels font face les Français de l'étranger : affaires sociales, santé, retraites, sécurité, enseignement, droit, citoyenneté, formation, emploi, environnement, etc. Les réformes menées par la majorité UMP ont conduit à un grave recul des services publics à l'étranger. Les services consulaires sont de plus en plus distants et disposent de moyens en décroissance face à des situations de précarité que connaissent les Français de l'étranger. La protection sociale est en voie de privatisation et perd de son équité. L’accompagnement à la formation et à l'emploi disparait progressivement. L’enseignement français à l'étranger reste élitiste et perd d'importantes marges de manoeuvre pour son développement; la gratuité de l’enseignement secondaire s’est soldée par une augmentation des écolages pour les autres niveaux, et une absence de moyens suffisants pour les bourses aux plus démunis ; l’agence pour l'enseignement français à l'étranger n'obtient même pas les moyens budgétaires équivalents à ses charges croissantes. La sécurité de la communauté française pâtit aussi d'un manque de moyens, notamment pour des plans locaux de sécurité à la hauteur des enjeux. Les droits accordés le sont parfois à géométrie variable. A cela s’ajoutent une politique de l’audiovisuel extérieur minée par des réformes incohérentes et un réseau culturel et de coopération abandonné sinon liquidé. L'ensemble des services publics français à l'étranger subissent les conséquences néfastes d'une révision générale des politiques publiques (RGPP) menée sans réelle vision, dans une logique comptable court-termiste.
L’image de notre pays et la politique française à l'étranger perdent aussi en crédibilité avec une diplomatie déboussolée, une aide au développement en manque de moyens et de stratégie, des politiques françaises et européennes régressives et répressives (notamment en termes migratoires), une absence de stratégie forte face aux enjeux planétaires que sont les changements climatiques, le comportement des transnationales, l’érosion de la biodiversité, naturelle comme culturelle, la pauvreté et les guerres. Il s’agit d’enjeux mondiaux qui touchent quotidiennement nos adhérent-e-s, en particulier celles et ceux qui vivent dans les zones plus vulnérables.
La Région engagera les Français de l'étranger dans le débat et les politiques de transformation écologique. Pour en finir avec les injustices environnementales, économiques, sociales et sanitaires, des politiques de transformation radicale sont nécessaires aux niveaux locaux, nationaux, régionaux et internationaux. La transition vers des sociétés écologiques passe par des réformes promouvant une nouvelle fiscalité, une autre politique énergétique, des droits pour tous, une démocratie renouvelée, des services publics repensés, une politique environnementale ambitieuse contre toutes pollutions et dégradations, une politique internationale solidaire et pacifique privilégiant les intégrations régionales et l'émergence d'une gouvernance mondiale démocratique. Les révolutions démocratiques en cours en Afrique et en Orient, que nous soutenons et saluons, vont bouleverser la géopolitique mondiale. Il s’agit d’une occasion historique pour construire une autre mondialisation, plus fraternelle, démocratique et écologiste. Le rôle de l'Union européenne en la matière est crucial. La construction européenne a permis des avancées extraordinaires pour le continent et ses citoyens. Faire avancer une Europe solidaire et écologique reste une priorité face aux politiques néfastes issues de l'Europe libérale voulue par le président de la Commission européenne et incarnée en France par Nicolas Sarkozy. L'Europe juste qui préserve la paix, défend les libertés et respecte la dignité humaine est celle que nous voulons pour les Européens et pour le reste de la planète, car elle peut inspirer et permettre une autre mondialisation. A cette fin, le rôle des régions est aussi important car elle représentent des acteurs pertinents pour développer une coopération internationale de proximité.
Ces débats ne doivent évidemment pas se tenir en vase clos. Les exemples et les évolutions des sociétés où résident les Français de l'étranger sont autant de ressources pour inspirer notre réflexion et notre action. Tout en prenant garde à ne pas faire d’ingérence, l’ancrage local de nos adhérent-e-s et les relations établies avec les mouvements politiques et citoyens de leurs différents pays de résidence seront encouragés, car ils participent au renforcement de l’écologie politique du local au global. Les liens avec les partis écologistes locaux seront bien sûr privilégiés. Par ailleurs, les adhérent-e-s de notre région seront aussi encouragés à exercer leur citoyenneté à l'étranger via des associations promouvant nos valeurs à travers leurs diverses activités, Français du Monde – ADFE notamment.
Les connaissances et les expériences des adhérent-e-s seront aussi valorisées dans le cadre des travaux d'EELV, afin que ce qui se passe hors France alimente la réflexion du mouvement écologiste français. La diversité des situations que vivent les français de l’étranger font de la région HDF un laboratoire d’idées dans lesquels EELV pourra puiser des propositions pour construire un projet solide et en phase avec les réalités mondiales.
Cet effort de mobilisation est à mener particulièrement dans le cadre des élections qui sollicitent les Français établis hors de France : celles des conseillers des Français de l'étranger (Assemblée des Français de l'Etranger), celles des sénateurs et des députés pour les Français établis hors de France, celles des présidentielles et celles des européennes.
Organiser notre mouvement de manière ouverte avec un réseau coopératif fort
Cette mobilisation ne pourra pas se faire sur les modalités politiques du passé, d'autant plus que les Français de l'étranger ont des pratiques citoyennes plus éloignées des cadres habituels. Ceux qui rejoignent notre mouvement n'ont pas forcément une expérience politique ou associative passée. Ils souhaitent pouvoir s'engager sur des problématiques ou des zones géographiques particulières. La richesse du mouvement EELV est de permettre cette diversité d'engagement.
Le réseau coopératif sera ainsi encouragé à s'organiser pour développer des groupes coopératifs locaux, à désigner des représentant-e-s au Conseil Politique Régional et à organiser des débats thématiques en lien avec les travaux programmatiques du parti. Il devra également s'ouvrir sur les sympatisant-e-s, qui ne sont ni adhérent-e ni coopérateur/trice, mais qui souhaitent se rapprocher de notre mouvement ; une agora pourra à terme être créée.
Le réseau coopératif doit être le lieu principal d'innovation et d'échange sur les idées et les pratiques pouvant conduire à la transformation écologique appelée de nos voeux.
Mener une stratégie d'autonomie en 2012
L'écologie politique représente un projet politique à part entière. Il n'est pas question de faire de notre mouvement le satellite d'une toute autre force politique. Notre mouvement a vocation à devenir majoritaire. Il doit donc défendre son projet de manière autonome, tout en dialoguant de manière constructive avec les forces associatives, citoyennes, syndicales et politiques attachées à la sauvegarde de la planète et à l’édification d’un monde plus juste et fraternelle.
Cette autonomie s'inscrit dans un contexte de crise sociétale, où la montée de l'extrême droite et de la défiance vis-à-vis du politique sont alimentées par une majorité de droite ayant démontrée sa tendance à la politique du pire, ainsi que son cynisme en ayant dessiné les circonscriptions législatives à l’étranger à sa convenance. Notre mouvement doit s'attacher à une force de propositions alternatives axées sur une transition entre deux mondes, entre deux modèles de développement, entre deux civilisations. Il ne prétend pas résoudre toutes les questions mais fixer la logique d'un nouveau projet.
Tout comme une candidature écologiste autonome aux présidentielles est cruciale pour diffuser et promouvoir nos idées, notre région s'attachera dès l'été 2011 à mener campagne sur les 11 circonscriptions de l'étranger en proposant 11 candidat-e-s à la désignation par nos instances fédérales. Cette autonomie permettra de faire campagne de manière lisible pour les candidat-e-s d’EELV, mais aussi de mettre en avant les thèmes qui nous sont chers.
Notre région veillera en parallèle à développer un dialogue avec les forces politiques prêtes à porter un projet de transformation écologique et à faire échec à la droite. Sous certaines conditions programmatiques et politiques à définir collectivement, un accord avec ces forces pourrait être négocié et mis en oeuvre. Cette autonomie et un éventuel accord politique passeront pas une décision et une mise en oeuvre transparentes, via une approche participative associant tous les adhérent-e-s et les coopérateur/trice-s.
Au-delà de 2012, repenser la représentation et les politiques publiques pour les Français de l'étranger, tout en s'ouvrant aux pratiques écologistes des pays de résidence
Notre région devra préparer les élections de 2013 pour les conseillers des Français de l'étranger dans les zones de l'Europe et de l'Asie, afin de consolider le nouveau groupe EELV à l'Assemblée des Français de l'Etranger (AFE). Cette présence écologiste renforcée à l’AFE permettra d’obtenir des Sénateurs EELV représentant les Français établis hors de France, sachant que six postes sont renouvelés tous les trois ans (2011 et 2014). Mais l'effort d'EELV Hors de France devra aussi porter sur une révision des schémas de représentation des Français établis hors de France, ainsi que sur une réforme des politiques publiques qui les concernent.
L'Assemblée des Français de l'Etranger n'est pas une institution satisfaisante, car uniquement consultative et très peu connue des Français établis hors de France. Sa légitimité est affaiblie par la très faible participation à l'élection de ses conseillers, tout comme la légitimité des sénateurs élus par un trop petit corps électoral. La région Hors de France devra formuler une proposition de création d'une collectivité publique pour les Français de l'étranger, permettant une gestion plus démocratique des problématiques liées à cette population, une représentation plus proche de l'échelle du pays de résidence et une mise en œuvre plus cohérente des politiques publiques concernant les Français établis hors de France. Ces politiques ne doivent pas subir les conséquences d'une gestion escamotée par des divisions interministérielles ou affaiblie par un Ministère des affaires étrangères et européennes exsangue et désorienté.
La région Hors de France veillera également à développer l'ancrage local et la créativité de ses groupes locaux pour faire bénéficier le mouvement français, comme les mouvements des pays et régions de résidence, d'échanges valorisant la diversité des approches pour une transformation écologique au niveau mondial.
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