« Je suis candidat pour que demain soit mieux qu’aujourd’hui », discours de Yannick Jadot
Je veux m’adresser ce soir, et tout au long de la campagne, à celles et ceux qui agissent chaque jour pour la planète et pour une société plus juste,
à celles et ceux qui aimeraient agir mais qui n’en ont pas les moyens ou ne savent pas comment faire,
à celles et ceux aussi qui ont pu être déçus par Europe Écologie les Verts.
Je suis déterminé à ce que cette campagne soit aussi la vôtre, que vous puissiez pleinement y participer, qu’elle ouvre une nouvelle page de l’écologie dans notre pays.
Je mesure la responsabilité qui m’est confiée. Je la reçois avec gravité et détermination, mais aussi beaucoup d’enthousiasme.
Avec gravité, car la France est au bord de la rupture. L’accroissement des inégalités, l’explosion des discriminations, l’affaissement de la démocratie, le dérèglement climatique, l’extinction des espèces, l’épuisement des ressources, les maladies liées aux pollutions : tout cela affaiblit notre pays.
Nous souffrons de ne pas avoir de projet partagé et, faute d’horizon commun, la société explose dans un sauve-qui-peut généralisé. Jamais notre pays n’a connu une telle défiance, jamais la tentation du repli n’a été aussi forte.
J’accueille aussi cette désignation avec détermination.
Aujourd’hui s’ouvre à Marrakech la COP22, une nouvelle conférence mondiale sur le climat. Si la diplomatie française peut être fière de l’Accord de Paris signé lors de la COP21, chaque jour le gouvernement tourne le dos aux devoirs que cet accord impose.
Obsession nucléaire, maintien des centrales charbon, choix du tout camion, diesel, soutien à l’agriculture la plus industrielle : ces choix maintenus depuis des décennies ne sont pas seulement néfastes pour le climat et pour la santé, ils nous privent de centaines de milliers d’emplois et d’entreprises dans tout le pays, maltraitent les animaux et font disparaître les services publics.
Je reviens de Nantes où sont jugés les recours sur l’eau et les espèces protégées, déposés par les écologistes, contre les autorisations de travaux à Notre Dame des Landes. Que de temps perdu et d’entêtement autour de ce projet aussi inutile que destructeur -et toujours illégal au regard du droit européen. François Hollande confiait à des journalistes ne pas croire en ce projet : saisira-t-il enfin l’occasion d’y mettre fin, comme nous le demandons depuis des années ?
Avec détermination donc, car, oui, les solutions sont là.
Je crois en notre intelligence collective. La France n’est condamnée ni au désespoir, ni à la peur du déclassement. Il y a urgence à réformer les institutions pour déverrouiller la démocratie, à faire sauter les rentes pour libérer l’économie, à surmonter les conservatismes et les corporatismes pour débloquer la société.
Ça tombe bien, notre pays regorge d’incroyables forces vitales, dans les quartiers, dans les villes et les campagnes, dans les entreprises et les associations. Nous devons absolument soutenir ces bâtisseurs d’avenir et leur donner les moyens d’essaimer.
Dans cette campagne, nous déclinerons nos propositions pour faire face aux urgences écologiques, démocratiques et sociales. Pour prendre soin de la planète, nous devons réparer la société, la soigner.
Protéger la nature, c’est nous protéger nous-même, c’est nous offrir une perspective d’avenir.
Une France 100% énergies renouvelables, une agriculture paysanne et biologique, une alimentation saine et conviviale, une santé protégée, des transports collectifs accessibles, une fiscalité juste qui favorise l’innovation, des choix industriels qui créent des emplois plutôt que d’en détruire…
Car justement, l’écologie, c’est plus d’emplois, moins d’inégalités et de précarités. L’écologie c’est des territoires vivants et une économie relocalisée.
Alors que des millions de personnes souffrent de ne pas avoir d’emploi, trop de salariés souffrent dans leur travail. Intensification des tâches, dégradation des conditions, précarisation des contrats : nous proposerons des mesures pour améliorer le travail, l’adapter aux capacités et aux talents des femmes et des hommes, le partager, et en garantir les droits. Nous voulons remettre le travail à sa juste place dans nos vies.
Nous mettrons en débat notre projet pour une école égalitaire et émancipatrice.
Nous voulons donner le pouvoir aux citoyennes et aux citoyens dans une République refondée.
Nous affirmons qu’une société de confiance ne peut émerger sans le respect plein et entier du pacte républicain, des droits qu’il devrait garantir et des promesses qu’il porte pour chacune et chacun, arrivé hier dans notre pays ou présent depuis Astérix, habitant d’un quartier populaire ou d’une ferme du Larzac. Liberté, égalité, fraternité.
La démocratie, c’est le contrôle de l’État par les citoyens, pas l’inverse. Le fichier global d’informations sur la population est une dérive de plus qui porte atteinte aux libertés publiques, donc à la démocratie.
Nous lutterons contre toutes les discriminations qui minent la société, qu’elles soient sociales, ethniques, liées à l’orientation sexuelle, aux handicaps ou à l’état de santé, aux opinions politiques, religieuses ou syndicales. Et il est plus que temps de mettre fin aux inégalités entre les femmes et les hommes.
L’écologie, c’est une société apaisée, fraternelle, ouverte sur sa diversité et sur le monde.
Osons dire que nous voulons une société qui ne soit pas une compétition perpétuelle, pour avoir le droit de vivre dignement et de nous épanouir.
Osons réclamer le droit au bonheur.
Évidemment, la France doit se redonner un horizon européen. Cette petite mondialisation libérale qu’est devenue l’Union Européenne, technocratique et austéritaire, qui dresse des murs et des barbelés contre les réfugiés, porte en elle le risque de l’effondrement de notre civilisation alors qu’elle devrait en être le ferment.
Le Tafta et le Ceta ne sont pas des solutions, mais font partie du problème. Relançons massivement l’investissement utile pour tisser de nouvelles solidarités sur notre continent, entre l’Est et l’Ouest, le Nord et le Sud, au sein de nos pays et avec le monde qui nous entoure !
La France, quant à elle, doit enfin nouer des relations saines avec les pays du Sud. Ni nostalgie régressive de la colonisation, ni Françafrique qui perdure comme au Gabon. Solidarité, soutien à la démocratie, intérêts mutuels pour un développement soutenable !
Enfin, je mènerai cette campagne avec enthousiasme.
Je veux rassembler les Françaises et les Français autour d’un projet positif, un projet de sens et de cohérence !
Je veux qu’ensemble nous passions un nouveau pacte avec les Françaises et les Français, une nouvelle alliance : celle d’une écologie à la hauteur des défis de la planète et au cœur de la vie quotidienne, une écologie crédible, fière de ses combats et de ses convictions, aimable, populaire et humaniste, ni culpabilisante, ni punitive, mais aimable et bienveillante.
Nous voulons redonner à chacune et à chacun sa dignité, la maîtrise de sa vie, l’envie et le pouvoir d’agir.
Nous donnerons à voir de nouveaux possibles à celles et ceux qui n’attendent qu’un signe pour retrouver l’espoir, qu’une occasion pour réinvestir l’action collective et politique. Toutes et tous ne se disent pas « écologistes », mais peu importe : ils et elles sont prêts à agir si on leur en donne les moyens, s’ils reprennent possession des leviers du changement.
Le récit de l’écologie que je vous propose de porter ensemble pour l’élection présidentielle est profondément subversif, exaltant et pragmatique : mobiliser les énergies vitales de la société pour nous réconcilier avec la nature et avec l’avenir, pour nous réconcilier entre nous, pour nous réconcilier avec nous-mêmes !
La campagne des écologistes commence ce soir. Face aux artisans du renoncement, aux adeptes du « c’était mieux avant » et aux prêcheurs de haine, nous allons semer l’espoir d’une société de confiance.
Je suis candidat pour que demain soit mieux qu’aujourd’hui, avec vous, et grâce à vous.