Déviation de Beynac : lettre ouverte à Germinal Peiro, Président du Conseil Départemental de Dordogne
A la fin de l’été le groupe écologiste à la Région Nouvellee-Aquitaine a saisi Nicolas Hulot, ministre de la transition écologique et solidaire sur la question de la déviation de Beynac (24) porté par le Conseil départemental de Dordogne. Alerté, le ministre a souhaité faire le point et mieux apprécier les enjeux, les avantages et les inconvénients du projet au regard des arguments avancés par les parties et a donc saisi le Conseil général de l’environnement et du développement durable (CGEDD).
Le CGEDD conclut dans son rapport que « considérant le coût du projet, les possibilités importantes d’amélioration (contrôle des traversées piétonnes, sens unique…) des conditions de circulation sur la RD 703 et la rue de la Balme, la mission recommande de procéder à leur mise en place pour l’été 2018, de mettre en œuvre un dispositif de suivi partenarial des conditions de circulation dans la traversée de Beynac et de reporter à ses conclusions la décision de lancer ou non les travaux de la déviation. »
Malgré cela, le Président du Conseil départemental de Dordogne a decidé d’engager la construction d’une route d’un peu plus de 3 kilomètres au coeur de la vallée de la Dordogne, zone patrimoniale reconnue internationalement par l’Unesco puisqu’elle fait partie des rares Réserves mondiales de biosphère françaises.
Le coût global de ce projet de 3 kilomètres est estimé aujourd’hui à plus de 30 millions d’euros. Un montant dépassant les 10 millions d’euros le kilomètre ; à titre de comparaison, le coût moyen d’un kilomètre d’autoroute étant de 6,2 millions d’euros.
La coordination départementale de Dordogne de Europe Ecologie Les Verts a décidé d’adresser au Président du Conseil Départemental une lettre ouverte. Elle vient à un moment de bascule, entre une période qui aurait pu être celle du débat et un avenir très incertain, à l’heure d’une dernière possibilité de sortie par le haut entre les mains d’un seul décisionnaire.
La coordination départementale de Dordogne de Europe Ecologie Les Verts
Monsieur le président du Conseil Départemental
Nous vous adressons cette lettre ouverte au sujet de la déviation de Beynac que vous voulez
imposer, espérant que l’homme de responsabilité est capable d’entendre des arguments étayés.
Même si Madame la Préfète venait à donner une autorisation de travaux dans les prochains
jours, nous vous demandons instamment de sursoir à ceux-ci jusqu’à la fin de la saison estivale.
En effet, il nous apparaît indispensable que notre département ne s’engage pas dans un projet
extrêmement coûteux (prix au km plus élevé que celui d’une autoroute) et aux conséquences
grandement néfastes quant à l’environnement et à l’activité touristique, sans vraie étude des
alternatives autour d’aménagements complémentaires de la traversée de BEYNAC préconisés par
le CGEDD.
Sur la question écologique, outre qu’il s’agit d’un projet routier qui entraînera un accroissement
du trafic et de la vitesse et donc des pollutions, ce projet portera atteinte à un écosystème
extraordinaire reconnu par le label Réserve Mondial de Biosphère octroyé par l’Unesco : la rivière
Dordogne est l’un des seuls 14 sites reconnus de cette façon par l’Unesco en France et c’est aussi
le plus grand d’Europe.
L’activité touristique de la Dordogne, 1er secteur économique du département, repose quant à
elle sur son patrimoine historique et naturel, la beauté de ses paysages, réputés
internationalement. Le classement de Beynac en Site Inscrit à l’inventaire du patrimoine participe
de cette image de marque.
Vous reconnaîtrez avec nous que ce projet de déviation portera atteinte à ce patrimoine
exceptionnel, et nuira à l’image Nature de la Dordogne et donc à l’activité touristique. Comment
attirer des touristes pour admirer depuis le donjon de Beynac une bruyante rocade, se réjouir de
la vue d’un pont en béton depuis un kayak sur la Dordogne, ou encore prendre plaisir à circuler à
vélo sur l’aménagement cyclable le plus cher de France (plus d’un million d’euros le km de piste
cyclable) en étant doublé par des voitures ou des camions roulant à 90km/h ?
Mais au final, la véritable problématique est bien celle de l’utilité de ce projet : ne peut-on pas
accepter de ralentir un peu lors de la traversée de village pendant la période estivale comme
dans la plupart des villages touristiques ? N’existe-t-il pas d’autres priorités pour un
développement local harmonieux ?
Alors nous espérons que vous saurez saisir les conclusions du rapport du CGEDD, et que vous
accepterez au final de sortir par le haut de cette situation en renonçant à ce projet, en choisissant
d’engager la Dordogne dans une voie de développement que veulent les habitant-e-s de la vallée
de la Dordogne comme l’a montré la dernière enquête d’utilité publique.
Ce sont les vœux que nous nous permettons de vous adresser à l’aube de cette nouvelle année
2018 que nous souhaitons apaisée.
La Coordination Départementale EELV Dordogne