Communiqué EELV Pays Basque : l’accord de Paris du 12 décembre 2015 : un rendez-vous manqué avec l’humanité
Le 12 décembre dernier à Paris, au sortir de la COP21, la quasi-totalité des nations de notre planète a trouvé un accord au terme duquel elles semblent être conscientes de la nécessité de lutter contre le dérèglement climatique.
Si l’universalité de l’accord doit être salué, ne soyons pas naïfs.
Les manifestations de joie et congratulations réciproques très visibles au sortir de la COP21, et les superlatifs saluant « cet accord historique » ne doivent pas cacher une réalité plus sombre : en l’état, cet accord n’empêchera pas le chaos climatique dans lequel notre mode de vie nous précipite. Il est urgent de le réaliser et d’agir, sans attendre des Etats.
Un rendez-vous manqué…
Sans entrer dans le détail de l’analyse de l’accord de Paris, qu’il conviendra de réaliser avec le recul nécessaire, Europe Ecologie Les Verts Pays Basque tient d’ores et déjà à formuler ses plus vives réserves et craintes sur trois points :
1, L’absence de prise en compte de l’urgence climatique
Elle devrait commander ; or, il y a inadéquation entre le calendrier adopté par l’accord de Paris et l’urgence à agir pour juguler le réchauffement climatique.
« Si nous ne changeons pas nos habitudes nous assisterons à l’effondrement de nos écosystèmes à l’horizon 2040-2100 » (étude scientifique parue dans la revue « Nature » en juin 2012).
Selon le GIEC (groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), les 10, voire les 5, prochaines années sont cruciales pour limiter le dérèglement du climatique. Un de ses membres, Jean Jouzel a précisé qu’il « est essentiel d’agir avant 2020 ».
Or, au terme de l’accord de Paris, à partir de 2020, la réunion des Etats sera obligatoire tous les 5 ans, pour faire le bilan et pour se fixer de nouveaux objectifs, de plus en plus ambitieux.
A cet égard, le « court-termisme » de l’accord est affligeant.
Avant de voir la disparition d’espèces vivantes, les conséquences du réchauffement climatique vont s’emballer, et très rapidement nous assisterons à : la montée des eaux, la multiplication des événements climatiques extrêmes, une insécurité alimentaire,…d’où des impacts conséquents, au-delà des atteintes environnementales, en matière géo-politique, et de paix.
Enfin, puisque seule « la croissance » compte, faut-il rappeler que le coût économique de l’inaction est beaucoup plus élevé que celui d’une vraie transition écologique ?
2, L’absence de sanctions attachées aux objectifs affichés
S’agissant d’un protocole additionnel à la convention-cadre des Nations-Unies sur les changements climatiques, l’accord de Paris a bien une valeur juridique, puisqu’il s’agit d’un traité international, qui devrait donc être intégré comme tel dans notre corpus de règles de droit. Pour entrer en vigueur, il faudra une ratification, acceptation, approbation ou adhésion, par « au moins 55 pays » représentant « au moins 55 % des émissions mondiales ».
Il conviendra aux juristes de s’emparer de ce texte et d’en tirer toutes les implications.
Cependant, les objectifs affichés seront, de facto, sans effet contraignant, puisqu’il s’agit de contributions volontaires des Etats, auxquelles aucune sanction n’est attachée.
De belles déclarations sans suite concrètes sont donc à craindre…
3, La tentation de fausses solutions écologiques
Le contenu de l’accord est également partiellement critiquable : le secteur de l’aviation civile et du transport maritime sont exclus, le désinvestissement des énergies fossiles n’est pas abordé, ni la sobriété énergétique, seule la compensation carbone étant encouragée,…
Par ailleurs, Europe Ecologie Les Verts Pays Basque tient à alerter l’opinion sur des mesures présentées dans l’agenda des solutions, qui n’ont rien d’écologiques : ainsi, par exemple, nous dénonçons l’imposture et le danger de « l’agriculture climato-intelligente » promue par l’agro-industrie, et rappelons que seule l’agriculture paysanne peut s’inscrire dans la transition écologique.
Au contraire, les énergies renouvelables sont à peine évoquées dans l’accord !
Yannick Jadot, député européen EELV, a pu dire que « les Etats n’ont pas encore rompu avec les lobbies qui détruisent le climat ».
Au total, les valeurs qui sous-tendent l’accord de Paris – à savoir la « croissance » à tout prix, même au prix de la destruction d’espèces vivantes et de vies humaines- ne sont pas les nôtres : l’ écologie tend au contraire à préserver la vie !
Une responsabilité accrue pour la société civile et les élu(e)s territoriaux….
A défaut pour les Etats et les multinationales de se sentir réellement responsables de la situation, la mise en œuvre concrète de solutions pour tenter d’éviter le chaos climatique repose donc exclusivement sur la société civile et les élu(e)s territoriaux.
A cet égard, un outil intéressant est institué par l’accord de Paris : les cycles de révision des engagements nationaux. Il s’agira pour nous toutes et tous de faire pression sur les Etats pour qu’ils renforcent les mesures de lutte contre le dérèglement climatique, et qu’ils accélèrent le calendrier de leur mise en œuvre.
En ce qui concerne les ONG, associations, syndicats, et membres actifs de la société (dont quelques artistes engagé(e)s), ils/elles démontrent, sans relâche, que des alternatives existent ; le rôle des élu(e)s responsables sera de plus en plus de soutenir ces forces vives, lesquelles sont menacées actuellement, comme l’a laissé entrevoir le traitement qu’elles ont subies pendant la COP21, prétendument en raison de « l’état d’urgence ».
Enfin, les élu(e)s conscient(e)s des enjeux climatiques et favorables à une véritable transition écologique auront un rôle essentiel. A cet égard, au sortir des élections régionales, 18 candidat(e)s de la liste EELV/société civile ont été élu(e)s dans notre nouvelle grande région. Ces conseillers régionaux écologistes sont parfaitement conscient(e)s de leur responsabilité à cet égard, dans un contexte difficile pour les écologistes.
Europe Ecologie Les Verts Pays Basque n’abandonnera pas son combat pour la mise en œuvre concrète de la transition écologique de la société, seule solution pour lutter contre le dérèglement climatique.
Le 15 décembre 2015
Sophie BUSSIERE
Secrétaire départementale EELV Pays Basque