En réponse à l’intensification du travail, Manuel Valls repousse le compte pénibilité
C’était une avancée de la réforme des retraite : le compte personnel de prévention de la pénibilité doit permettre aux salariés ayant des conditions de travail pénibles de pouvoir cesser de travailler plus tôt ou de bénéficier d’un temps partiel en fin de carrière ou encore d’une formation pour se reconvertir vers un autre métier. C’est à la fois une mesure de justice sociale pour permettre à ceux dont l’espérance de vie en bonne santé est plus courte à cause de la dureté des conditions de travail de bénéficier d’une retraite anticipée et une mesure d’incitation à la prévention pour les entreprises.
Cela faisait longtemps que syndicats et partis de gauche appelaient de leurs vœux un dispositif de ce type. Seulement voilà, encore une fois il suffit que le Medef tousse pour que le gouvernement tombe malade. Manuel Valls annonce ainsi un report partiel de ce compte pénibilité et il revient sur une autre mesure importante : les emplois à temps partiel en deçà de 24h. Désormais il s’agit de s’en remettre à la liberté individuelle de signer de tels contrats. On sait ce que vaut la liberté individuelle d’un salarié face à un employeur.
Et pendant ce temps, les services du ministère du Travail publient leur enquête nationale sur les conditions de travail et pointent le retour de l’intensification du travail. Depuis la dernière édition de cette enquête, en 2005, la situation s’est dégradée. Pour toutes les catégories de salariés, les contraintes temporelles sont plus fortes, les marges de manoeuvre se sont réduites et le rythme de travail est très souvent imposé par un contrôle ou un suivi automatisé.
Ces conditions signifient que les troubles musculo squelettiques vont continuer d’augmenter, ainsi que les risques psychosociaux et que les salariés vieillissant vont rencontrer davantage de difficultés pour se maintenir dans leur emploi.
Ce n’est donc certainement pas le moment de reculer sur le compte pénibilité et d’envoyer ainsi un double mauvais signal : aux entreprises, d’une part, qui devraient se mobiliser contre la pénibilité plutôt que contre le compte et aux salariés les plus modestes, d’autre part, encore accusés de coûter trop cher à la collectivité.
EELV demande à Manuel Valls ne pas céder aux sirènes du patronnat et de tenir l’engagement de son gouvernement de protéger les plus faibles : les salariés exposés .
Sandrine Rousseau, Julien Bayou, Porte Parole nationaux