Grand stade de Bordeaux : stade zéro de l’écologie

L’enquête publique sur la construction d’un grand stade à Bordeaux vient de se terminer. Une lecture approfondie du dossier nous a permis de constater des lacunes et de relever de nouvelles incohérences que nous souhaitons faire partager aux bordelais.

Selon le dossier d’enquête, la rénovation du stade Chaban Delmas aurait été examinée et cette solution écartée au profit de la construction d’un nouveau stade. Ceci est faux car malgré nos demandes répétées, nous n’avons jamais obtenu une étude de réhabilitation du stade.

De plus, hasard du calendrier, le conseil municipal vient de voter la tenue d’une demi finale de coupe d’Europe de rugby au stade Chaban. La délibération précise que « le stade est réputé en bon état de marche, et conforme à l’ensemble de la réglementation en vigueur. » Qu’on nous explique plus sérieusement pourquoi ce stade serait encore bon pour le rugby mais définitivement bon à jeter pour le football!

Par ailleurs, l’enquête publique nous le confirme : ce projet est une régression par rapport aux politiques de déplacement moins polluants de l’agglomération. Son éloignement  (12 km du centre ville) limite énormément la venue de spectateurs à pied ou à vélo. Il est dit que le stade « bénéficie » des immenses parkings du parc des expositions. Or, il est avéré qu’une offre importante de stationnement entraîne une augmentation des déplacements en voiture, les spectateurs choisissant la solution selon eux la plus simple. Il est également moins attractif au regard des transports en commun (le tramway sera un terminus qui évacuera deux fois moins de voyageurs que le positionnement central actuel du stade sur la ligne A qui permet d’accéder au stade depuis la rive gauche ou la rive droite).

Ensuite, le projet ne prend pas suffisamment en compte les perspectives climatiques en matière de gestion de l’eau. La pelouse sera renouvelée chaque année. L’arrosage sera assuré par récupération des eaux de toiture et le complément puisé dans l’eau de la Jallère. Or, les experts s’accordent à dire que le climat évolue vers des sécheresses de plus en plus en plus fréquentes (rapport du GIEC de février 2012 par exemple). Dès lors, le prélèvement dans la Jallère deviendra vite la règle et la récupération des eaux de toiture l’exception.

Enfin, l’enquête publique confirme que cette construction porte atteinte aux milieux naturels. Le site est sensible : proximité de trois zones Natura 2000, réserve naturelle de Bruges, zone humide. Certes, des mesures doivent être prises pour compenser la destruction des biotopes, mais détruire et mettre ensuite en place des mesures compensatoires de préservation est une aberration écologique.

Si on avait vraiment voulu protéger l’environnement, on aurait pu le faire sans construire un stade, et cela aurait coûté moins cher…

Et si on avait vraiment voulu protéger l’environnement comme le disent les promoteurs du projet, on aurait étudié plus sérieusement la rénovation du stade Chaban Delmas, situé en zone urbaine!

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