La santé est un bien commun, non une marchandise
«La santé n’est pas une marchandise», ont déclaré hier la Coordination nationale des Comités de défense des Hôpitaux et Maternités de Proximité et le Collectif « Pour un Pôle public financier au service des Droits». En tant que candidate écologiste à l’élection présidentielle, je veux faire de la santé un bien commun et m’engage à libérer notre système public de santé de l’emprise de la finance.
L’hôpital public est aujourd’hui en situation d’endettement intenable. Si nous en sommes arrivés là, c’est en très grande partie à cause de la tarification à l’activité (T2A) et à la recherche de la convergence public / privé, qui créent de manière factice des déficits comptables pour les établissements hospitaliers. Endettés, les hôpitaux doivent faire face à des restructurations, des regroupements, qui remettent gravement en cause l’accès aux soins de proximité.
Il nous apparaît donc essentiel de restructurer cette dette par le biais d’institutions financières publiques, car l’hôpital ne peut être considéré au même titre qu’un acteur privé. Nous devons à ce titre lancer un débat sur les modes de financement de l’hôpital.
Pour cela, nous sommes favorables à un moratoire sur la T2A et à la recherche de modes de financements qui s’adaptent aux différentes activités de l’hôpital public, et non l’inverse.
Cela passera sans doute par un mix entre budget global / prix à la journée / tarification à l’activité pour les activités très techniques.
En outre, nous sommes opposés aux investissements des collectivités et des établissements privés par des emprunts pouvant se révéler toxiques. Les dettes publiques ne doivent pas pouvoir faire l’objet de spéculation des marchés financiers, et doivent être gérées par des institutions financières publiques.
Il faut aussi souligner que la gestion par la dette de notre système de santé n’est pas tenable. La prise en charge des maladies chroniques (cancers, diabètes, accidents vasculaires cérébraux) absorbe à elle seule les deux tiers des dépenses de santé et pèse dangereusement sur les comptes de notre protection sociale.
Seule une politique réellement tournée vers la prévention, l’éducation à la santé et la santé environnementale permettra de contenir l’expansion des maladies chroniques et, par conséquent, de limiter l’expansion croissante des dépenses.
Il est possible de financer cette prévention en réalisant des économies sur le coût des médicaments. Seuls ceux ayant un réel intérêt thérapeutique doivent être remboursés. Il faut également organiser le « désarmement promotionnel » de l’industrie pharmaceutique, par la restriction de son budget publicitaire et la réforme du système de visiteurs médicaux. Le déploiement des médicaments génériques passe en effet par l’évolution des visiteurs payés par l’industrie vers le métier d’ « informateurs pharmaceutiques indépendants ».
Enfin je propose de sanctionner plus durement les laboratoires qui ne déclarent pas leurs liens avec la formation des médecins par une pénalité à hauteur de 10% du chiffre d’affaire, qui nourrira la recherche publique et la formation des médecins.
Car c’est en séparant les intérêts privés de la décision publique, dans le milieu de la santé comme ailleurs, que l’intérêt général retrouvera la place qui est la sienne.