Bienvenue au Sarkotour !
Aujourd’hui, Eva Joly a guidé son bus « Sarkotour » de l’île de la Jatte à la Commission Nationale des Comptes de Campagne, sur les traces de la République « irréprochable » de Nicolas Sarkozy, qu’il a appelée de ses vœux en 2007 et bafouée pendant tout son quinquennat.
Cinq ans après l’élection de Sarkozy, les zones d’ombres se font effectivement de plus en plus épaisses sur ses comptes de campagne de 2007. Si l’obligation juridique nous oblige à mettre les informations abordées au conditionnel, il est intolérable que le président de la République en fonction ne réponde pas aux questions qui sont laissées en suspens par les actions et enquêtes de Médiapart, du Canard Enchaîné ou de collectifs comme Jeudi Noir.
Ce tour était donc également une manière de rendre hommage à ces sentinelles de la démocratie qui n’ont cessé de décrypter les ficelles du pouvoir de Nicolas Sarkozy dont il convenait aujourd’hui de défiler la pelote pour le forcer à (enfin) réagir.
En effet, déjà en juin 2007, Eva Joly avait fait polémique avec cette affirmation pourtant pleine de bon sens : « Avec cette suspicion non élucidée, Nicolas Sarkozy n’aurait jamais pu être élu ni en Angleterre, ni aux États-Unis, ni dans les pays scandinaves. »
10h30, premier arrêt à l’île de la Jatte donc, où Nicolas Sarkozy s’est acheté en 1997 un appartement avec l’aide d’un prêt de 3 millions de francs à l’Assemblée nationale, une somme illégalement acquise, puisque l’institution ne pouvait alors délivrer de prêt supérieur à 1,2 million de francs. « Lorsqu’un maire, une personnalité de la République, souhaite s’acheter un bien immobilier auprès du principal développeur de sa ville, il relève du bon sens démocratique de réaliser cette transaction en toute transparence, d’autant plus lorsque ce bien lui assurera par la suite une plus value de 122%. C’est une question de respect envers les citoyens qui vous ont élu et délégué le pouvoir. »
Une seule question s’impose alors : où Nicolas Sarkozy a-t-il trouvé les fonds pour acheter cet appartement puisque l’Assemblée nationale nie avoir pu les lui fournir ?
S’ensuit un passage rue Delabordère, où se trouve la résidence de Martin Bouygues, le « frère » du président de la République, voisin de Liliane Bettencourt. Cette rue enclavée illustre avec force la connivence et l’étroitesse dans laquelle vivent les élites et puissants de ce pays. Ici, seules les bonnes détonnent et paient des impôts.
En passant devant le 21 avenue de la Grande Armée, on voit la banque BNP Paribas où ont été retirés les 50 000 euros suspectés d’avoir financé la campagne de Sarkozy en 2007. Notre bus arrive directement au Fouquet’s, symbole parmi les symboles de la « République des potes » de Nicolas Sarkozy, avant de délivrer à chacun d’entre eux l’ordre suprême de la République, la Légion d’Honneur, par un dévoiement total de ce symbole républicain.
Il est 11h30. Nous reprenons la route et, sur la plus belle avenue du monde, nous réservons une pensée à Bachar-el-Assad, qui était l’invité spécial du président de la République à l’occasion du défilé militaire du 14 juillet 2008.
Enfin, nous arrivons à la fin du parcours. Eva Joly se rend à la Commission Nationale des Comptes de Campagne et de Financements Publiques pour y déposer un recours afin d’obtenir la publication de l’ensemble des comptes de campagne de Nicolas Sarkozy en 2007, notamment les rapports intermédiaires entre la Commission et l’équipe de campagne afin de connaître enfin la vérité sur cette histoire.
Aujourd’hui force est d’admettre qu’il est dommage que ce soit à une candidate d’assurer le travail que devrait réaliser toute démocratie où les pouvoirs sont réellement indépendants les uns des autres.
À ce titre, l’ensemble des comptes de campagnes des candidats à la présidence devrait être public. Une disposition législative évidente que l’on retrouve dans le programme d’Eva Joly.