| Conseil fédéral des 22 et 23 juin 2019 | Le Conseil Fédéral

Un résultat qui nous oblige

Exposé des motifs

Le résultat électoral de ces élections européennes, en France comme en Europe est un motif d’espoir. La vague verte qui a traversé l’Europe a permis l’affirmation de l’écologie politique comme une offre politique en soi. Ce résultat nous oblige à une grande responsabilité.

Cependant les élections européennes ont vu l’affirmation du libéralisme économique qui fait le lit du nationalisme xénophobe. Ainsi l’extrême droite rassemble en France le quart des scrutins exprimés. Ce résultat nous oblige à répondre concrètement aux inquiétudes face à l’avenir ainsi qu’aux difficultés que la population subit. Ce résultat nous oblige à une grande humilité. 

La percée des écologistes en France est nette sur l’ensemble du territoire, y compris dans des communes rurales. Le total des voix écologistes dépasse le score de 2009. Le vote des jeunes qui place EELV en tête, est un motif de satisfaction. Il suggére que la jeunesse qui manifeste pour sauver le climat, se retrouve dans l’offre politique que nous proposons. Ce score nous place à la tête d’une force qui doit prétendre à conquérir le pouvoir, à contrer les politiques libérales et anti-écologiques et à faire face à la montée de l’extrême droite.

Depuis trop longtemps la poursuite de politiques libérales, creusent les inégalités et nourrissent Le repli nationaliste. Ces politiques ont généré des atteintes à la démocratie que nous ne pouvons accepter : dérives sécuritaires, surveillances surdimensionnées, violences policières, atteintes aux libertés de manifester, d’informer…

Le défi est de taille. Certes, la conscience écologique prend de l’ampleur dans l’ensemble de la population mais cette préoccupation croissante ne se traduit pas encore en vote écologiste majoritaire. Nous devons travailler encore nos options politiques, convaincre de leur pertinence et de leur intérêt. Notre devoir est d’élargir notre électorat et de proposer des changements acceptables et désirables pour tou.te.s, à commencer par les plus fragiles.

Forts de ce résultat, Notre responsabilité est aujourd’hui, de nous dépasser pour bâtir le grand mouvement de l’écologie politique capable de conquérir le pouvoir et de l’exercer.

L’urgence écologique nous oblige aussi : il n’y a plus de temps à perdre dans les querelles politiciennes, les petits désaccords et les faux clivages. Nous avons le devoir d’être efficaces. 

L’écologie est un combat collectif. Il se mène avec la société civile mobilisée pour les marches climats, contre les projets inutiles, pour la défense du vivant et de la biodiversité et s’appuie sur celle et ceux qui changent déjà tout dans leur quotidien.

Élargir notre électorat suppose de dessiner des priorités politiques susceptibles de rassembler au-delà des clivages qui ont structuré la vie politique du XXème siècle. Cela ne signifie nullement abandonner l’idéal émancipateur de la gauche mais le reconfigurer en tenant compte des limites de la planète, de la nécessaire réduction rapide des émissions de gaz à effet de serre, de notre devoir de préserver le vivant. Dépasser les clivages du XXème siècle ne signifie pas considérer indifféremment la gauche et la droite de l’échiquier politique : l’écologie politique est née comme mouvement émancipateur et contestataire d’un ordre économique et social, en cela elle se rattache à l’histoire de la gauche. Mais la priorité de l’écologie politique aujourd’hui ne peut être de participer à un « big-bang de la gauche » ou à la « recomposition de la gauche ». 

L’ambition de l’écologie politique aujourd’hui n’est pas de refuser la lutte historique de la gauche, toujours d’actualité, pour une répartition plus équitable des richesses mais de ne plus la lier à la distribution des fruits d’une croissance qui a trouvé ses limites. L’écologie veut articuler cette aspiration avec l’impératif climatique et de redéfinir l’objectif de progrès social en tenant compte des contraintes écologiques. Cela inclut l’accueil des migrant.e.s et la défense des droits des femmes et des minorités. Nous devons construire collectivement de nouveaux imaginaires, de nouveaux idéaux.  Il faut arrêter de polluer l’air que l’on respire, l’eau que l’on boit et les aliments que nous mangeons. Les scientifiques convergent : là est l’urgence pour préserver la possibilité même de la vie et prévenir l’humanité de catastrophes non maîtrisables comme celle d’un réchauffement climatique au-delà de 2°C. Les chaos sociaux, géopolitiques et démocratiques que provoque cet effondrement ont commencé.  

Notre feuille de route est simple : construire une force et une coalition à vocation majoritaire pour réorienter les politiques à la hauteur de la crise environnementale et sociale que nous traversons. 

Motion

Face à ce défi, EELV acte dès aujourd’hui une démarche d’ouverture et de refondation visant à rassembler autour de l’écologie politique les citoyen.ne.s qui souhaitent faire de l’écologie une force à vocation majoritaire pour les prochaines échéances électorales, municipales, régionales et nationales. 

Et décide :

  • De confirmer la ligne politique choisie par EELV, incarnée par la campagne pour l’élection européenne autant que par les prises de position des élu-e-s et militant-e-s : faire de l’écologie le cœur des choix politiques en affirmant que la lutte contre les inégalités sociales et environnementales est une seule et même lutte et qu’on ne transformera le système actuel, libéral et productiviste, qu’en affirmant que les inégalités environnementales sont au cœur de la formation des inégalités en général. Cette politique écologiste est celle qui commande de réduire drastiquement les émissions de carbone, de préserver la biodiversité, de  transformer notre système productif, de répartir plus égalitairement les richesses, de combattre des modes de consommation dispendieux et scandaleusement émetteurs de carbone, de renégocier des accords de libre-échange pour permettre le  protectionnisme social et environnemental, de refuser que l’activité  humaine soit un simple moyen au service de l’augmentation de la richesse et de la consommation. Il n’est plus acceptable qu’une majorité subisse les injustices sociales et environnementales générées par le productivisme notamment capitaliste pour maintenir les privilèges d’une minorité. Cette ligne doit être affirmée avec pédagogie, nourrie de mesures concrètes et de propositions positives. Le respect des limites planétaires, des logiques d’efficacité et non d’affichage, doit devenir le cœur de la nécessaire transition de la société. 
  • De fédérer les écologistes en réunissant dès 2019 toutes les initiatives, associations, collectifs, mouvements et partis qui font de l’urgence écologique la priorité de leur action, d’associer à cette dynamique toutes celles et ceux qui aujourd’hui agissent et souhaitent agir pour transformer notre société et qui attendent qu’un mouvement incarne l’ouverture, l’intelligence collective, la crédibilité et surtout, une nouvelle espérance. 

Les écologistes ainsi fédérés pourront construire des rassemblements à vocation majoritaire où l’écologie sera au cœur des programmes dans toutes les élections à venir. C’est ce qui permettra de construire une majorité  écologique et sociale pour réussir la transition écologique, pour transformer notre pays, combattre et battre le libéral-productivisme  et le national-populisme et éviter un nouveau duel Macron-Le Pen.

Cette recomposition passe par la création d’un nouvel outil politique écologiste au service de toutes les mobilisations permettant de répondre aux défis de ce siècle : le changement climatique, la défense de la biodiversité, la justice sociale, la solidarité entre tous les humains et avec le vivant.  La forme organisationnelle adéquate de la recomposition politique souhaitée autour de l’écologie (parti, confédération, statuts, nom, etc.) devra être travaillée en permettant l’adaptation au contexte politique nouveau et aux exigences de rassemblement.

Dans le respect des fondamentaux de l’écologie politique le Conseil fédéral rappelle l’attachement des écologistes à la proportionnelle, au non cumul des mandats, à des règles strictes de compatibilité entre des fonctions internes et externes.

Le mouvement écologiste a besoin d’air, il nous faut ouvrir portes et fenêtres, nous changer pour tout changer. Les journées d’été de Toulouse seront l’occasion d’un lancement de cette réflexion, par l’organisation d’ateliers et de plénières permettant un premier échange avec toutes celles et ceux qui sont prêt.e.s à s’engager avec nous sur la voie de l’écologie.

Cette conquête du pouvoir collective doit s’articuler avec la construction d’un récit commun et d’un mouvement capable d’apporter des réponses aux défis écologiques, sociaux et politiques du XXIème siècle qui offrent une autre perspective que celle, dépassée, du libéralisme économique ou celle, démagogique, de l’illusion national-souverainiste.

Unanimité pour

 

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