Cela fait cinq ans que la crise dite des dettes souveraines a éclaté en Europe. S’attaquant d’abord à la Grèce, elle a entraîné une réduction drastique des moyens de subsistance des populations. Sous les effets conjugués de la crise et de la cure austéritaire imposée par les banques et les institutions européennes, la qualité de vie s’est effondrée.
En Grèce, d’immenses vagues de privatisations ont touché les plages, les mines, les terres, les forêts, les îles. Autour de l’Acropole des logements touristiques vont pousser comme des champignons, sans aucun bénéfice pour les Grecs. Les mesures de la Troïka ont eu des effets délétères : explosion des tarifs de transports en commun, impossibilité de se faire soigner, maladies graves comme bénignes, un taux de mortalité infantile qui est revenu à son niveau de l’après Seconde Guerre mondiale. Parce qu’on n’arrive plus à se chauffer, on récolte du bois dans les forêts ou on brûle ses meubles, comme il y a quelques siècles. Sans parler des pics de pollution qui ont atteint des sommets.
Les ratonnades contre les migrants sont devenus monnaie courante et un parti néo-nazi, l’Aube Dorée est devenue force parlementaire.
L’impossibilité de renégocier la dette et son rythme de remboursement, le refus de la Troika (voir à ce propos l’appel Troika Basta !) d’interroger les effets de la politique imposée à la Grèce, a mené ce pays dans cette impasse.
Pourtant, aujourd’hui, à la veille de nouvelles élections législatives, un espoir se dessine. L’accession de Syriza en Grèce pourrait constituer une étape essentielle.
Syriza et la coalition formée autour d’elle, qui rassemble notamment les écologistes grecs, n’a pas peur de défendre une renégociation avec ses créanciers européens, sans pour autant vouloir sortir de l’euro ou rejeter l’idée d’intégration européenne. Imposition d’un cadastre et d’un Etat fort, remise à plat du régime fiscal, engagement du pays pour la protection de son patrimoine et de son environnement, autant de mesures nécessaires au redressement du pays.
Si Syriza l’emporte ce week-end, cela interviendra au moment où la Banque centrale européenne engage un tournant de sa politique monétaire en annonçant le rachat de plus de 1000 milliards d’euros de dette. Reste encore à savoir si cela aura un impact sur les économies réelles, s’il ira à la conversion écologique ou s’il alimentera de nouvelles bulles spéculatives. Pour cela, cette politique monétaire doit s’accompagner d’une nouvelle politique budgétaire en Europe et dans les Etats membres, à travers, notamment, une relance des investissements dans les secteurs d’avenir.
Le peuple grec est maître de son destin. Il est scandaleux que la Commission européenne et l’Allemagne, aient pu, anticipant la victoire de Syriza, menacer la Grèce d’une sortie de la zone euro. Il est incroyable que les mêmes commentateurs qui louaient l’esprit citoyen dans l’après-Charlie, dénoncent sans nuance le vote démocratique qui s’annonce en Grèce.
Syriza et sa coalition sont une chance pour la Grèce et une chance pour l’Europe. Leur avènement pourrait permettre d’inverser le rapport de force en Europe et de sortir de l’orthodoxie budgétaire qu’on nous impose partout. La France devra prendre toute sa part à la construction d’une nouvelle politique européenne, plus sociale et plus écologique.
Emmanuelle Cosse, secrétaire nationale d’EELV.