Les femmes sont des actrices essentielles du développement. Pour renforcer la prise en compte de la dimension du genre dans l’ensemble de nos projets d’aide au développement, le gouvernement a adopté cet été une nouvelle stratégie « genre et développement » pour la période 2013-2017. Cette stratégie prévoit une prise en compte systématique d’un objectif transversal « genre» dans les procédures d’élaboration, de suivi et d’évaluation des projets de développement au Sud.
> Lire l’interview de Pascal Canfin dans la revue « Humanitaires » sur la santé des femmes et des jeunes filles par Boris Martin, rédacteur en chef d’Humanitaire, mis en ligne le 29 juillet 2013
Revue Humanitaire : En janvier dernier vous a été remis le rapport d’évaluation de la politique française « Genre et développement » dont le cadre avait été fixé en 2007, sous la majorité précédente donc. En la matière, et avant même de parler du rapport lui-même, voyez-vous des différences d’approche entre la droite et la gauche ou vous inscrivez-vous dans la lignée de cette politique telle qu’elle a été définie en 2007 ?
Pascal Canfin : Fort heureusement, le soutien de la France à l’égalité entre les femmes et les hommes dans le monde dépasse le cadre des clivages politiques. Mais j’entends aujourd’hui, avec Laurent Fabius, lui donner une place particulière, en cohérence avec l’action du gouvernement qui a fait de ce sujet une priorité politique transversale aussi bien au plan national que dans le domaine international.
Revue Humanitaire : Venons-en à ce rapport qui pointe de manière franche et néanmoins surprenante le fait que « les informations recueillies au cours de l’évaluation n’ont pas permis de déterminer le niveau d’implication de la France dans le plaidoyer bilatéral en faveur du genre et des droits des femmes ». Doit-on en déduire que ce plaidoyer est absent, discret ou en pleine élaboration ?
Pascal Canfin : Notre plaidoyer est constant dans un contexte mondial, comme vous le savez, très marqué par la montée des conservatismes. J’apporte une attention soutenue à ce sujet dans l’ensemble de mes discussions avec les représentantes et représentants des pays partenaires notamment lors de mes déplacements. À l’opposé d’une attitude de donneur de leçons, méthode qui ne fonctionne pas, l’objectif est de convaincre qu’un développement durable et équitable ne pourra se faire sans l’émancipation des femmes et leurs accès aux droits. Il faut toutefois savoir être ferme, y compris au plan européen. Avec le Danemark, je me suis battu, il y a quelques semaines, au sein du Conseil des ministres du Développement, afin que certains États membres ne réussissent pas à affadir les positions européennes sur la santé sexuelle et reproductive, et qu’au contraire l’Union européenne réaffirme l’importance de ce sujet dans le cadre des négociations en cours à l’ONU.