Ces derniers jours, des représentants politiques de tous les bords se sont lancés dans une surenchère dans la mise à l’index de la communauté Roms : « overdose », refus de voir Paris « se transformer en campement géant », « citoyens harcelés par les Roms »… certains vont jusqu’à légitimer par avance les gestes de violence de leurs administrés qui « commettraient l’irréparable ».
Le coup d’envoi de la chasse aux Roms avait été donné par Manuel Valls lui-même cet été, avec ses discours prônant la fermeté dans la poursuite du démantèlement des camps. On l’a vu, la circulaire interministérielle du 29 août 2012 a fait long feu, et l’action du gouvernement en la matière semble s’inscrire dans la continuité de la politique de Brice Hortefeux ou de Claude Guéant.
Hier, un pas de plus a été franchi par le Ministre de l’Intérieur qui a déclaré que seule une minorité de Roms pouvait ou voulait s’intégrer en France, que l’insertion des Roms était impossible pour la majorité en raison « de leurs modes de vie extrêmement différents des nôtres ». Et d’affirmer que les Roms avaient vocation à retourner en Roumanie ou en Bulgarie…
Cette stigmatisation constante, et de plus en plus violente, d’une communauté par un ministre de la République est inacceptable et scandaleuse. Ceci d’autant plus qu’on saisit aisément les motivations qui percent à travers ces discours : les prochaines échéances électorales, et la volonté de Manuel Valls de se poser en champion de la lutte contre l’insécurité. Certes, l’intégration des Roms est difficile. Mais c’est bien parce que la France applique toujours un régime transitoire aux ressortissants roumains et bulgares que les roms n’ont pas accès au marché du travail ; c’est bien parce qu’ils sont parmi les populations les plus vulnérables, les plus exclues, que les familles roms et leurs enfants sont contraints de vivre à même le trottoir des grandes villes. C’est bien parce que la politique d’expulsion des camps est une impasse, que cette communauté de 15.00 à 20.000 personnes focalise tant l’attention des collectivités locales et de leurs élus.
Non seulement ces déclarations mettent à l’index une communauté discriminée à laquelle la France ne donne pas les moyens de vivre, mais de plus, elles s’opposent aux principes de libre circulation des ressortissants au sein de l’Union Européenne, et aux principes de citoyenneté d’une Union européenne dont les Roms sont pleinement membres.
EELV condamne fermement les propos du ministre de l’intérieur qui renforcent la stigmatisation d’une communauté discriminée et portent atteinte à la Charte des Droits Fondamentaux de l’Union Européenne ;
EELV appelle le gouvernement Ayrault à se mettre en conformité avec les engagements européens de la France en matière de droits de l’homme, et à mettre un terme à l’exclusion de cette population déjà particulièrement discriminée dans ses pays d’origine ;
EELV, toujours aussi étonné que le Ministère de l’Intérieur gère seul un dossier de nature interministériel, souhaite que l’Etat renforce les actions définies dans la stratégie nationale d’inclusion des Roms (5/04/2011), notamment en termes de scolarisation des enfants roms, d’accès au marché du travail et au logement.
Elise LOWY, Porte-parole
Photo : « Nous sommes Roms et nous avons les mêmes droits » (Amnesty)