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Tremblement de terre à Cadarache

Tribune de Jean Pierre Petit, Michèle Rivasi et Christian Desplats en une de Mediapart :

Le 17 janvier 2012, un exercice national (à la demande de l’ASN et de la Préfecture de Région, piloté par l’IRSN),  simulera un séisme impactant le CEA (Commissariat à l’Energie Atomique) de Cadarache et nombre de communes environnantes. Au cours des siècles, des évènements sismiques majeurs ont en effet laissé des traces dans cette zone !
Ce risque n’a pas empêché 14 installations nucléaires de base (INB) dont le CEA est l’opérateur, plus 1 installation nucléaire de base secrète (INBS) dédiée à la propulsion nucléaire pour la Marine Nationale, plus 39 installations classées pour la protection de l’environnement (ICPE) hors INB dont 30 « à caractère nucléaire », plus 2 INB en construction.

 

De plus, Cadarache est le site de création du réacteur thermonucléaire expérimental ITER.

Concernant les risques sismiques, le rapport de l’ASN (Autorité de sûreté nucléaire) du 3 janvier 2012 sur les évaluations complémentaires de la sûreté des installations nucléaires prioritaires au regard de l’accident survenu à la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi, conforte les inquiétudes quant à la non-conformité de certaines installations face à un séisme potentiellement fort.

Le risque sismique est en effet sous-évalué : l’impact d’un tremblement de terre sur le site de Cadarache, notoirement sismique, aura des conséquences sur la stabilité du plasma à l’intérieur du réacteur ITER, même sans destruction du réacteur. En effet, une secousse provoquant un déplacement des structures de seulement quelques millimètres entrainera irrémédiablement une disruption majeure de plasma aux conséquences fatales. La dalle anti-sismique sur laquelle sera installée le réacteur est en cours de finition. Même si elle garantit une sauvegarde globale des infrastructures, elle ne permettra pas de garantir l’intégrité du réacteur dans son ensemble après un séisme, ce qui rendra très aléatoire, voire impossible une remise en service de l’installation.

Le coût d’ITER ne cesse d’exploser ! En décembre 2011, la majorité du Parlement européen (malgré l’opposition du groupe des Verts/ALE) a approuvé un accord  autorisant un fond supplémentaire de 1,3 milliards d’euros au projet ITER. Ce fond sera prélevé sur le budget de l’UE pour la période 2012-2013. La rigueur n’est pas pour tout le monde ! De plus, ce projet international à 15 milliards d’euros ne bénéficie d’aucune assurance !


Qui paiera les dégâts en cas d’accident, si ce n’est encore une fois le contribuable français ? En effet, démantèlement et risques sont à la charge de l’Etat français !

Sourd aux appels de trois prix Nobel de physique, de scientifiques reconnus dans le domaine de la physique nucléaire, de personnalités morales incontestées et de milliers de citoyens, le gouvernement français, qui s’apprête à délivrer, au terme d’une procédure précipitée (avec des habillages juridiques contestables), l’autorisation de création du réacteur thermonucléaire expérimental ITER à Cadarache, s’entête à ignorer les aléas, les risques et les dangers de ce programme international mené à marche forcée, au mépris du principe constitutionnel de précaution, entrainant ainsi notre pays vers un fiasco scientifique et financier inéluctable.

Qu’une seule des questions scientifiques d’importance reste sans réponse avant le démarrage du projet, et c’est tout le programme ITER qui s’effondre, dans un gâchis scientifique et financier incommensurable !

Il n’est pas trop tard ! Avec Georges CHARPAK, prix Nobel de physique, nous déclarons que « plutôt que de masquer une programmation initiale insatisfaisante à la fois sur le plan scientifique et technologique par une escalade budgétaire plus mauvaise encore, mieux vaudrait admettre enfin que le gigantisme du projet ITER est disproportionné par rapport aux espérances, que sa gestion apparait déficiente, que nos budgets ne nous permettent pas de le poursuivre, et de transférer cet argent vers la recherche utile ».

Alors, aujourd’hui, pourquoi ne pas reconvertir le projet ITER en Technopole de Recherche sur les Énergies Renouvelables qui pourrait bénéficier des investissements déjà réalisés (accès, plateforme, bureaux, lycée international…) et y transférer les crédits de recherche déjà mobilisés ? Nous avons des chercheurs et des personnels d’une grande qualité et une mine de nouveaux emplois locaux durables en perspective !

Il ne nous manque pour en décider que le courage politique de résister au lobby nucléaire 

Mardi 17 janvier 2012 à Cadarache, se faire peur, pour rassurer, et puis ?…

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 Michèle RIVASI, députée européenne
Jean-Pierre PETIT, physicien spécialiste des plasmas, ancien Directeur de Recherche au CNRS
Christian DESPLATS, conseiller Régional PACA

Une version longue de ce communiqué, sous forme de tribune, avec les arguments scientifiques opposés à ITER, est consultable en UNE de MEDIAPART : 
http://blogs.mediapart.fr/edition/les-invites-de-mediapart/article/130112/iter-le-naufrage

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