Partout dans le monde, de Berlin à Oakland, un « urbanisme tactique » se met en place, qui consiste à adapter la ville à une autre manière de vivre et de se déplacer, respectant une « distanciation sociale » pendant une certaine période de déconfinement. Il s’agit, notamment, d’anticiper un rejet prévisible des transports collectifs, par crainte de contagion, et de réfléchir aux meilleurs aménagements de voirie, légers et provisoires, pour assurer la distanciation physique requise pour les piétons et les cyclistes. Tout doit être fait pour éviter que le véhicule individuel (non covoituré, de surcroît) ne devienne le refuge des déconfinés, pour ne pas ajouter à la crise du coronavirus l’impact de pics de pollution, à l’heure où l’on sait que les particules fines génèrent de l’ordre de 67 000 décès prématurés par an en France et que la fragilisation des voies respiratoires accentue la morbidité du virus. Europe Écologie Les Verts propose donc :
- de maintenir le télétravail pour tou·tes les travailleurs·euses pour lesquel·les c’est possible ;
- de généraliser les horaires variables dans les entreprises et les administrations, et d’élargir les plages horaires pour celles qui le pratiquent déjà, pour alléger le trafic passagers en heures de pointe ;
- de développer dans toutes les intercommunalités des aménagements cyclables temporaires et les évaluer, pour les pérenniser le cas échéant. À Paris, les élu·es écologistes souhaitent la mise en place d’un vélopolitain, un maillage serré et continu de pistes cyclables reliant tous les quartiers de Paris et de la Petite Couronne. En Ile-de-France, c’est la réalisation du RER Vélo, portée par le collectif Vélo Ile-de-France, un réseau de 9 pistes cyclables reliant les pôles d’Ile-de-France, que les écologistes proposent d’accélérer ;
- d’élargir l’accès à l’aide de l’État à l’acquisition de vélos électriques aux personnes imposables, de suspendre la condition de cumul avec l’aide d’une collectivité locale, et d’augmenter le plafond à 500 euros et 50 % du montant de l’acquisition ;
- d’adapter les espaces de voirie pour permettre aux vélos et aux piétons de se déplacer sans trop s’approcher. À Bordeaux, par exemple, les élu·es écologistes métropolitains proposent la création d’une vaste « zone de rencontre », telle que prévue par le code de la route, avec une circulation limitée à 20 km/h et une priorité donnée aux mobilités actives, piétons et cyclistes ;
- d’expérimenter les zones à circulation restreinte beaucoup mieux adaptées à la maîtrise de la circulation urbaine que les ZFE (Zones à Faibles Émissions) prévues par la LOM (Loi d’Orientation des Mobilités). La ZCR est une zone où l’autorisation de circulation est modulée selon les usagers (riverains, entrepreneurs, livraisons) et les horaires, ce qui permet un contrôle systématique par lecture des plaques. De tels dispositifs permettraient notamment, s’ils existaient, une gestion beaucoup plus fine de la situation de déconfinement ;
- de mettre en place, dans les réseaux de transports collectifs, tous les moyens de précaution sanitaire, préalables indispensables à la reprise d’une fréquentation plus élevée : gel hydroalcoolique à disposition pour tou·tes, masques FFP2 pour les personnels, port du masque obligatoire pour les usagers, désinfection régulière des rames par nébulisation, …
- de rétablir une fréquence élevée des transports collectifs pour éviter toute promiscuité et ce grâce à un soutien financier de l’État du même ordre de grandeur que celui accordé au transport aérien ; en effet, les recettes des transports urbains et régionaux se sont effondrées avec la chute du montant des recettes voyageurs et du versement mobilité des entreprises. Le manque à gagner pour le seul versement mobilité pourrait atteindre 1,9 milliard d’euros, les indemnités de chômage partiel étant exclues de l’assiette de calcul de cette contribution. La demande du GART, de France Urbaine et des représentants des collectivités locales, de neutralisation par l’État de la baisse de ressources, doit être entendue ;
- d’encourager le voyage à vélo pour les vacances d’été : aménager des espaces vélos dans les trains et les cars, qui permettent la distanciation des passagers et des voies de vélo-tourisme. L’approche des vacances estivales doit également être l’occasion de relancer les trains de nuit, sans attendre leur indispensable modernisation.