Vendredi 4 mars, François Hollande a remis au Palais de l’Elysée la Légion d’honneur au ministre de l’Intérieur et prince héritier d’Arabie Saoudite Mohammed Ben Nayef.
Cette Légion d’honneur, plus haute distinction française, remise au représentant d’un Etat qui pratique la peine de mort par décapitation (70 exécutions depuis le début de l’année), emprisonne et torture sans vergogne toute voix dissidente, dont le jeune écrivain et blogueur Raif Badawi, prix Sakharov 2015, constitue une honte et un déshonneur pour la République française.
L’Arabie saoudite viole quotidiennement le droit international et humanitaire au Yémen. 2,5 millions de Yéménites ont dû fuir les bombardements de la coalition menée par Riyad, et plus de 14 millions de personnes manquent de nourriture, d’eau, de soins, de médicaments et d’autres ressources indispensables à leur survie, constituant les réfugiés et demandeurs d’asile de demain que la France refusera alors d’accueillir.
Suite à l’initiative du groupe des Verts au Parlement européen, alors qu’une majorité d’eurodéputés s’est prononcée le 25 février dernier pour un embargo européen sur la vente d’armes à l’Arabie saoudite, en France la majorité actuelle préfère continuer seule contre tous le «business as usual» avec le régime de Riyad au prétexte de lutter efficacement contre Daesh. Il s’agit surtout pour Paris d’entretenir de bonnes relations avec un gros client de son industrie de l’armement, quitte à faire passer les droits humains par pertes et profits.
Cette remise de Légion d’honneur, plutôt que de soutenir un embargo total sur les ventes d’armes à l’Arabie Saoudite, comme le pratique la Suède et le réclame l’UE, entache l’image de la France en Europe et dans le monde. N’en déplaise au ministre des Affaires étrangères Jean-Marc Ayrault, il ne s’agit pas d’une « tradition diplomatique » mais d’une faute morale.
Les écologistes rappellent à toute fin utile que la France a refusé ces derniers mois d’accueillir Edward Snowden et Julien Assange. Un signal de plus d’un affaissement idéologique de la gauche des lumières, pacifiste, progressiste et indépendante des pouvoirs économiques.
Julien Bayou et Sandrine Rousseau, porte-parole nationaux