Le coup d’État institutionnel au Brésil a été consommé le 31 août dernier, avec le vote des sénateurs qui ont destitué Dilma Rousseff, première femme présidente du Brésil, élue en 2010 avec 54,5 millions de voix, soit 51,64% des suffrages exprimés. Pour nous, démocrates et écologistes, le renversement d’une personne élue légitimement est un grave coup porté, contre la démocratie dans cet immense pays latino-américain.
Le procès mené contre Dilma Rousseff par les véritables délinquants (35 des 81 sénateurs sont mis en examen ou poursuivis pour corruption, fraude ou évasion fiscale comme de nombreux parlementaires brésiliens), qui aujourd’hui contrôlent les deux chambres du parlement, n’est pas le premier de ce genre. Au Honduras, en 2009, c’est aussi un président élu, Manuel Zelaya, qui est écarté de ses fonctions par des parlementaires de ce pays. En 2012 c’est le président du Paraguay, Fernando Longo qui subit le même sort après une procédure montée de toutes pièces et concertée entre les parlementaires et la Cour suprême.
Cette nouvelle modalité de putsch ne nous trompe pas, nous, les écologistes français. Les secteurs sociaux dominants avec l’aide décisive des milieux médiatiques (les « cent familles » qui ont déjà soutenu le coup d’état militaire de 1964 au Brésil), le silence de nos démocraties européennes et l’approbation discrète des États-Unis, veulent maintenir à la marge une large majorité des populations de ces pays.
Au Brésil, les 100 premiers jours des usurpateurs du pouvoir se sont traduits par des mesures qui sont tout un programme : suppression du Secrétariat national des droits de l’homme, du Secrétariat national des droits des Femmes et de l’égalité raciale, du Ministère de la culture (mesure finalement abandonnée), du Ministère du développement agraire chargée de la réforme agraire et du développement durable, de l’organisme fédéral de contrôle chargé de la défense du patrimoine public et de la lutte contre la corruption. On annonce la fin de programmes sociaux comme « Minha casa, minha vida » (Ma maison ma vie) permettant l’accession à la propriété des plus pauvres ou encore comme « Mais medicos » (Plus de médecins) permettant l’installation de médecins étrangers dans les campagnes et les zones urbaines défavorisée où les élites du pays ne se risquent pas.
En 100 jours, 100 mesures ont été prises ou sont prévues qui mettent fin à des programmes sociaux et sociétaux qui ont rétabli dans leur dignité et sortis de la misère des dizaines de millions de Brésiliens.
EELV critique, comme de nombreux brésiliens, la politique productiviste du Parti des travailleurs (cultures industrielles et transgéniques, grands travaux inutiles notamment en Amazonie, etc.) et ses graves conséquences écologiques et sociales, mais condamne fermement toute collaboration avec un gouvernement (dont trois membres accusés de corruption ont déjà dû démissionner) qui proclame la fin des avancées obtenues au Brésil par les plus pauvres ainsi que par les minorités autochtones, les Noirs, les femmes, les personnes LGBT.
EELV soutient la lutte des démocrates brésiliens pour un retour au plus tôt de la démocratie avec des dirigeants élus au suffrage universel.
EELV dénonce le lynchage médiatique dont est actuellement victime l’ancien président Lula qui apparait comme un une menace pour le nouveau gouvernement tant sa grande popularité fait de lui un recours pour de futures élections.
EELV, s’associe aux démocrates qui au Brésil réclament des élections générales directes dès maintenant et la convocation d’une Constituante afin de réformer un système politique à bout de souffle.
pour la commission Transnationale,
Elise Löwy, déléguée à l’international
Françoise Alamartine, co-responsable de la commission