Nous ne sommes pas sortis du 20è siècle : les grands projets sont toujours présentés comme la solution aux problèmes économiques et la réponse différée à tous les problèmes immédiats grâce aux miracles technologiques futurs. Si nous voulons au contraire faire décroître la production inutile en conscience des limites en ressources financières, énergétiques, en acier, en sable et en ciment ; si nous connaissons les règles de la contre-productivité industrielle et des effets rebond ; si nous comprenons à quel point la course au profit se retourne contre la biosphère ; alors nous savons qu’il faut sortir d’urgence de cette double logique.
Affirmer une cohérence écolo
Détecter les projets néfastes, c’est facile : l’aéroport NDDL, Iter, l’EPR, l’exploitation des gaz de schistes. Mais il est plus difficile de rester cohérent·e·s quand nous sommes embarqué·e·s dans un projet de transport en commun ou de production d’énergie solaire. Que disons-nous clairement et fortement, par exemple, dans le cas du projet Arc Express devenu Grand Paris Express, ou du plan Transgreen/PSM (Plan solaire méditerranéen) qui prévoit un approvisionnement en électricité solaire depuis le Maroc ?
Pourtant, ces projets sont absolument anti-écolos. Ils refusent de considérer : le problème et les alternatives à la racine (besoin de se déplacer, besoin en énergie) ; le bilan environnemental global (en attribution des sols, en énergie, en matières premières) ; les bilans économiques et sociaux (quels financements, qui en profite réellement et au détriment de quoi et de qui).
Alors, quel rôle devons-nous jouer en tant que parti politique ?
Être ferments de démocratie et défendre nos positions
Une lutte que nous connaissons bien est celle du Réseau sortir du nucléaire. Depuis des années, les associations du RSN ont permis à des citoyen·ne·s motivé·e·s d’acquérir des compétences techniques pour devenir capables d’analyser et critiquer le projet le plus néfaste déployé sur le territoire français.
Contre le projet Stuttgart 21 (des travaux ferroviaires ayant un impact majeur sur le centre de la ville) s’est levée une coordination citoyenne, partageant de l’expertise et organisant des manifestations énormes dans un tel domaine. Ceux et celles a qui on ne demande pas leur avis deviennent par la force des choses citoyen·ne·s-expert·e·s, s’auto-organisent et font irruption dans le débat public.
Etc.
Si la démocratie consiste à répondre d’une façon particulière aux questions qui décide ? et comment décide-t-on ?, alors les représentant·e·s de l’écologie politique doivent travailler à toutes les étapes sur tous les aspects des projets (existence, enjeux et contexte, alternatives, etc.) pour encapaciter les citoyen·ne·s et favoriser leur irruption dans le débat, le plus en amont possible. Et les représentant·e·s de l’écologie politique doivent prendre position pour ensuite la dire et la défendre.
Des actes ici et maintenant plutôt que des promesses pour dans jamais
Nous devons prouver notre volonté d’améliorer maintenant la vie quotidienne de tou·te·s en optimisant les ressources déjà créées avant de penser grands travaux aux financement hypothétiques, pour dans (très) longtemps voire jamais.
Les actes à poser concernent donc le projet lui-même, mais également la manière dont le projet est débattu. Nous devons apporter nos propositions et les affirmer face aux procédures officielles ou légales qui sont la plupart du temps insuffisantes. Pour ce faire, nous avons deux outils à notre disposition, qui ne s’excluent pas mutuellement d’ailleurs :
- Organiser nous-même des conventions de citoyen·ne·s sans attendre que la proposition de loi de la Fondation Sciences Citoyennes que nous soutenons doit adoptée.
- Développer et/ou participer à des contre-événements à la manière des sommets altermondialistes comme l’ « alter-Grenelle » qui s’est tenu (à l’initiative de Verts mais sans la représentation officielle du parti engluée dans le processus officiel) au moment du catastrophique Grenelle de l’environnement.
Conclusion
Une priorité d’EELV doit être la coordination de toutes les luttes contre les grands projets pharaoniques qui fleurissent actuellement. C’est indispensable mais pas suffisant. Notre projet général est d’obtenir une inflexion du mode de développement. Démontrer pour chacun de ces projets que d’autres solutions existent pour satisfaire aux besoins soutenables de nos concitoyen-nes est un moyen d’action culturel pour y arriver. Pour cela, la remise en cause de la méthode actuelle de débat public s’impose. La proposition et l’organisation partout où c’est possible de conférences de consensus citoyennes (ou de conventions de citoyen·ne·s – voir avec la FSC) doit être l’outil de base d’EELV pour expliquer ce que serait une méthode de production de décisions soutenables.