Le mot démocratie est omniprésent dans nos textes. Mais la preuve de démocratie ne peut être que la volonté d’améliorer nos pratiques, et cela en continu. Si l’introduction très récente d’une part de tirage au sort peut être considérée comme une avancée, beaucoup reste à faire.
Le consensus
Il faut réhabiliter le consensus. Il semble qu’on se contente trop souvent de deux démarches : la recherche du petit consensus des arrangements entre chefs ou celle du grand consensus de l’unanimité souvent impossible. Le consensus est en fait le produit d’un processus démocratique exigeant, processus dont nous avons besoin pour donner collectivement une réponse à des questions parfois complexes.
Un consensus s’établit en plusieurs étapes :
1. Élaborer
- Débattre : exposer les différents points de vue, laisser les questions et les réponses s’échanger pour que tout puisse être mis au jour, les dissensus en particulier.
- Trier les éléments de propositions et de discussions en les rangeant dans un plan général ; juxtaposer les ressemblances et mettre en évidence les différences ; adapter le plan si nécessaire.
- Vérifier auprès de tout·e·s que toutes les propositions ont bien été prises en compte dans le résultat intermédiaire ci-dessus.
L’élaboration aura créé une dynamique et fait émerger de nouveaux points de vue ou fait s’en réconcilier d’autres. Il est donc indispensable de répéter cette étape :
2. Élaborer (deuxième fois) : débattre�’trier�’vérifier.
Ensuite :
3. Dégager les options à tous les niveaux.
4. Voter : lancer une suite de votes préférentiels (preferendum = de Borda modifié), un vote sur chaque groupe d’options.
5. Rédiger et publier le résultat complet avec les accords et désaccords explicités.
Puis on adopte les décisions et plus tard on recommence tout le cycle.
Nous avons des progrès à faire
Juste après les élections cantonales où tout le monde s’est affolé du faible taux de participation, le référendum sur le règlement intérieur a mobilisé 30 % des adhérent·e·s. Cela peut s’expliquer par la difficulté des questions posées ou la flemme de renvoyer un bulletin par la poste. Mais si c’était surtout un manque d’intérêt des adhérent·e·s après des mois d’élaboration des statuts en vase clos et de débats fermés ?
On peut produire du consensus pour des éléments statutaires, programmatiques (demandes des commissions par exemple) ou stratégiques, etc. On ne doit plus avoir à prendre des décisions non clairement explicitées soumises à tou·te·s par des « référendums » dont personne n’a pu s’approprier l’objet ni les enjeux. Des éléments-clés de notre programme ne doivent pas apparaître ou disparaître, ni des décisions stratégiques être prises sans impliquer tout·e·s les adhérent·e·s. Parcourir des cycles de consensus doit devenir notre mode normal d’élaboration et de décision. Ces cycles battant le tempo de base de la vie du parti.
Utiliser le vote par internet
Un scrutin peut s’avérer très lourd en moyens et en temps : impression et envoi de matériel de vote, et dépouillement long si les choix sont un peu moins que simple. Rendre ces activités pratiques pourra grandement aider au parcours fréquent du processus de consensus. Pour cela, on pense immédiatement à une solution technique : le vote par internet. Cette solution n’est pas miraculeuse car elle ne résout pas le problème de l’organisation des débats ou de la qualité des questions posées (premières étapes du cycle). Cependant, elle facilite la mise en œuvre du vote (vers la fin du cycle) : voter par internet pour voter beaucoup plus souvent… Des débats se sont tenus sur la fiabilité et la résistance aux attaques informatiques d’une telle modalité. Les avis convergent sur le fait qu’une approche raisonnable est possible. Expérimentons-la.
Proposition
Nous proposons qu’EELV devienne exemplaire en interne par un approfondissement de ses pratiques démocratiques en mettant systématiquement en place des cycles de consensus. Cette exemplarité relayée en externe par tou·te·s les militant·e·s appuiera les transformations démocratiques à mener dans la société.