Le 5 août, le gouvernement ultranationaliste hindou de Narendra Modi a révoqué l’autonomie constitutionnelle du Jammu-et-Cachemire (nord) en abrogeant l’article 370 de la Constitution indienne qui conférait à ce territoire une grande autonomie dans la gestion de ses affaires.
Cette décision explosive s’est accompagnée d’un projet de loi qui vise à la dislocation en trois parties du Cachemire, peuplé de 8 millions d’habitants, majoritairement musulmans. La vallée de Srinagar, région à majorité musulmane dans le nord, s’en retrouve isolée et sous l’administration directe de New Delhi.
En outre, depuis cette date, ce gouvernement a déployé plus de 40 000 soldats supplémentaires en renfort au Cachemire, zone qui compte déjà un demi-million de soldats et qui est l’une des plus militarisée au monde. Rappelons, par ailleurs, que l’exécutif presque bicéphale du Pakistan, où l’armée détient des pouvoirs officieux colossaux, a une influence directe s’agissant la déstabilisation de la région – notamment par le financement d’activités terroristes ou, au moins, en ne les empêchant pas. La religion est ici instrumentalisée, des deux côtés, pour cacher des enjeux territoriaux et économiques qui, in fine, ne bénéficient en rien à la population locale.
Si la population survit dans des conditions effroyables au Cachemire pakistanais ou indien, c’est aussi le cas dans la partie que s’est octroyée la Chine, oubliée des deux autres États pour des raisons politiques, .
Comment la population vit-elle cette situation depuis cinq semaines, alors que la classe politique du Cachemire est décapitée, placée en détention, depuis le 4 août, que le black-out y est imposé et que le gouvernement Modi réduit progressivement les libertés démocratiques dans une Inde jadis célébrée pour son slogan « unity in diversity » (« unité dans la diversité ») ? La rencontre avec une activiste cachemirie a permis à la Commission transnationale d’Europe Écologie les Verts d’avoir un point de vue actualisé et personnel des atrocités commises dans cette zone disputée par deux puissances nucléaires, l’Inde et le Pakistan et, par là même, de mesurer les conséquences dramatiques de ce coup de force du premier ministre Narendra Modi.
Alors, EELV ne peut que réitérer que :
- La question du statut du Cachemire doit être réglée au niveau international. Le Conseil de sécurité doit être saisi afin que l’Inde révoque la suspension de l’article 370 de sa constitution qui donne un statut spécial au Cachemire.
- Au vu des politiques du gouvernement ultranationaliste hindou de Narendra Modi, notamment au Cachemire et en Assam, la France ne peut continuer, en l’état actuel des choses, à être un partenaire commercial de l’Inde.
- La France doit conditionner ses exportations au respect des droits humains, notamment lorsqu’il s’agit d’exporter des armes – rafales -, mais aussi des EPR.
- La question de l’indépendance se pose. De récents sondages officieux soulignent qu’une majorité des Cachemiris y serait favorable. Un panel international doit pouvoir y mener à bien un référendum dans les meilleurs délais. En tout état de cause, EELV tient à réaffirmer le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.
- Europe Écologie les Verts appelle le gouvernement indien à laisser au Comité International de la Croix Rouge libre accès aux prisonnier-e-s de la région afin de rendre compte de la situation sur place.
EELV estime qu’il est temps que le Parlement européen condamne ce déni démocratique dont souffrent les Cachemiris. L’UE ne peut accepter d’échanger, et donc de soutenir implicitement, d’être complice, d’un régime nationaliste de plus en plus extrême et, au contraire, doit agir pour la paix et le désarmement.