Dans une tribune parue le 28 avril sur le Huffington Post, Marisol Touraine, ministre des Affaires sociales et de la Santé, détaille ses 4 axes de travail pour économiser 10 milliards d’euro en trois ans dans le domaine de la santé : la réduction des séjours hospitaliers, la baisse du prix des médicaments, la réduction de la prescription d’actes médicaux considérés comme redondants et la rationalisation des dépenses administratives des hôpitaux.
EELV dénonce que soit une nouvelle fois privilégiée une logique d’économies de bouts de chandelles, au détriment du confort des patients, de la qualité des soins et de la qualité du travail des professionnels de santé.
EELV en appelle à un véritable changement d’échelle : notre système de santé ne doit plus être centré sur le curatif, mais sur le préventif. Le gouvernement doit développer une approche globale de santé publique et rompre définitivement avec la logique comptable de la loi HPST de juillet 2009.
EELV rappelle que si l’espérance de vie augmente, l’espérance de vie en bonne santé baisse depuis quelques années. L’impact du vieillissement de la population sur l’Assurance maladie est donc croissant. Une réflexion globale sur la prévention de la dépendance doit être engagée.
EELV rappelle que les dépenses de santé sont de plus en plus impactées par le coût des maladies chroniques (cancers, obésité, diabète, etc.) liées aux déterminants environnementaux de la santé : pollution de l’air et de l’eau, alimentation trop riche en lipides, sel et protéines animales, alcool, etc. Il y a une semaine paraissant une étude sur le coût socio-économique des polluants de l’air intérieur : ce sont à minima 18 milliards d’économies potentielles qui pourraient être réalisées si la France s’en donnait les moyens, dont 14 milliards sur les seules particules.
EELV rappelle également la croissance inquiétante de l’infertilité en France, essentiellement du aux perturbateurs endocriniens. Alors que l’association Générations futures publie aujourd’hui une étude sur l’exposition des enfants aux pesticides perturbateurs endocriniens, nous souhaitons que soit relancée sans plus tarder la Stratégie nationale sur les perturbateurs endocriniens (SNPE) laissée en jachère depuis septembre 2013.
EELV appelle donc au lancement d’un grand plan d’investissement en santé environnementale, pour réduire les risques, promouvoir la santé, prévenir pour ne plus avoir à guérir. Il s’agit d’investissement d’avenir dont le montant reste dérisoire au regard des dépenses plus importantes générées par les maladies causées, les états de santé mal pris en charge ou dont les traitements ont été repoussées trop tardivement.
EELV rappelle son attachement à ce que le système de santé soit réellement accessible à toutes et tous. Aline Archimbaud, sénatrice écologiste de Seine-Saint-Denis, a remis en septembre 2013 au Premier ministre son rapport sur l’accès aux soins des plus démunis. Ce rapport ne doit pas rester lettre morte : plus la prise en charge est précoce, plus le coût social et économique est faible. Les barrières doivent donc être levées, avec la suppression des franchises médicales. Il en va de même pour les discriminations que peuvent rencontrer certains patients au sein même du système de santé.
EELV rappelle que la rémunération des médecins est aussi un sujet sur lequel on doit avancer notamment sur la question très sensible des dépassements d’honoraires et que la ministre doit aller plus loin sur ce point. De la même manière l’encadrement des structures privées de soin est un enjeu d’économies. Mêmes non consensuels ces sujets doivent être abordés.
Enfin, EELV rappelle son attachement à la démocratie sanitaire : le patient, l’usager de soins, doit être au centre du système de santé. Il faut pour cela donner plus de places aux associations et aux patients-experts, mais aussi lutter contre les lobbys corporatistes qui piétinent l’intérêt général.
Par conséquence, EELV :
demande le lancement d’un plan d’investissement en santé environnementale et la relance de la stratégie nationale sur les perturbateurs endocriniens
demande l’abrogation de la loi HPST
demande la mise en œuvre des mesures préconisées par Aline Archimaud dans son rapport sur l’accès aux soins des plus démunis, et notamment la suppression des franchises médicales
soutient les « 30 propositions pour améliorer la santé de tous » du Collectif Interassociatif Sur la Santé (CISS).
Sandrine Rousseau, Julien Bayou, porte-parole nationaux
Tribune dans le Huffington Post
Communiqué de presse du CISS, Collectif Interassociatif sur la Santé
Le rapport d’Aline Archimbaud sur l’accès aux soins des plus démunis
Etude sur le coût socio économique des polluants de l’air intérieur :
– Etude
– Article Le Monde
Etude de Générations futures sur les pesticides