La tarification progressive de l’énergie arrive, et c’est une bonne nouvelle. La mise en œuvre rapide de la promesse de François Hollande, soutenue par l’ensemble des partis de gauche, peut en effet créer une véritable avancée pour la sobriété et l’équité sociale. Afin d’atteindre pleinement les résultats attendus, cette tarification doit être simple et rapidement applicable. Et surtout, elle doit s’intégrer dans d’autres chantiers plus vastes, indispensable à la réalisation d’une transition énergétique.
Réduire la facture
Rendre progressif le tarif, c’est réduire la facture pour les plus petits consommateurs et faire payer de plus en plus fortement les unités d’énergie correspondant à un usage non essentiel. Actuellement, la tarification de l’électricité est dégressive, ce qui signifie qu’un gros consommateur la paie moins cher, au kWh, qu’un petit consommateur. Cette tarification dite « marginaliste » est héritée des années 70 : consommer toujours plus d’énergie était alors synonyme de progrès social. Aujourd’hui, elle se heurte à la réalité de notre monde. D’une part la surconsommation de ressources limitées se fait au détriment de l’environnement, d’autre part nous entrons dans l’ère de l’énergie chère.
Le cas de l’électricité est symptomatique : l’obsolescence du parc nucléaire et les investissements de sûreté à réaliser à la suite de la catastrophe de Fukushima, l’incontournable rénovation des réseaux de distribution et le coût du développement avant maturité des énergies renouvelables suggèrent que l’augmentation globale des tarifs de l’électricité est inévitable. De même, le prix des énergies fossiles explose.
Le renforcement de l’efficacité et de la sobriété devient ainsi un objectif central et consensuel des politiques publiques pour des raisons économiques et environnementales aussi évidentes qu’urgentes. Cette évolution nous impose d’aller en toute transparence vers une meilleure répartition des charges entre les consommateurs modestes ou sobres et les autres.
Passer d’une tarification « marginaliste » à une tarification « progressive » est une véritable rupture qui marque le début d’un changement d’ère. La tarification progressive est en réalité l’amorce d’une nouvelle définition du « progrès » : protéger la planète en assurant un plus haut niveau de justice sociale.
Dans ce dossier très technique, jusqu’à présent resté opaque aux débats politiques, nos propositions visent à une mise en place rapide de nouvelles règles, dans le cadre des normes européennes actuelles. Il s’agit d’agir vite, concrètement et massivement. En théorie, un système parfait impliquerait de prendre en compte de nombreux paramètres difficiles à mesurer et à vérifier : état du bâti, type de consommation, type de chauffage, niveau de revenu, composition d’un ménage, etc.). A court terme, cette option nous semble difficile, voire impossible, à mettre en place et inutilement coûteuse.
Diminuer le montant de l’abonnement
Des solutions simples et justes peuvent être décidées immédiatement, en attendant que les dispositifs techniques (compteurs intelligents…) et statistiques (données de consommation des bâtiments…) nécessaires à un système complet de tarification progressive soient accessibles.
Ainsi, pour l’électricité, nous proposons en premier d’atténuer considérablement la dégressivité de la tarification en diminuant fortement le montant de l’abonnement pour les petites puissances (3kW et 6 kW), soit un renversement de la tendance à l’œuvre sous les gouvernements de Nicolas Sarkozy.
À l’inverse, l’abonnement pour les puissances supérieures à 9kW, clairement réservées aux usages de luxe et aux catégories aisées, doit être augmenté et la TVA y être appliquée à un taux normal, contrairement aux petites puissances qui bénéficient d’un taux réduit. Nous proposons également d’introduire la progressivité sur la part du kWh correspondant aux coûts de réseau (le « TURPE », tarif d’utilisation des réseaux publics d’électricité), comme c’est le cas en Italie.
On visera ainsi à répercuter la progressivité sur les tarifs de tous les fournisseurs d’énergie indépendamment de leurs offres commerciales et de leur caractère régulé ou dérégulé. Certaines catégories spécifiques – comme les personnes utilisant des équipements médicaux à domicile – devront être recensées et bénéficier d’aides. Par ailleurs, il va de soi que la tarification progressive doit être générale, sous peine de voir les gros consommateurs la fuir, ce qui aurait pour effet d’anéantir l’intérêt de la mesure et de mettre en péril son équilibre économique. Ces solutions peuvent être transposées plus ou moins directement pour le gaz et les réseaux de chaleur.
Décourager les consommations inutiles
L’objet de la tarification progressive est avant tout la sobriété, en décourageant les consommations inutiles tout en augmentant la rentabilité des investissements dans l’efficacité énergétique. La tarification progressive a un second effet social positif très clair : l’accès facilité des ménages les plus modestes à l’énergie et la stabilisation de leurs factures malgré l’augmentation des prix.
Elle introduit plus de justice entre tous les consommateurs. Mais ne nous leurrons pas sur les objectifs de cette mesure : la tarification progressive, ni d’ailleurs aucun autre système de tarification, ne règlera pas à elle-seule le problème de la précarité énergétique. Celle-ci ne pourra être vaincue que par la mobilisation d’autres mécanismes, comme un « bouclier énergie » (plus ambitieux que le système actuel des tarifs sociaux), une politique volontariste de rénovation des passoires énergétiques, et surtout une plus grande redistribution des richesses.
« Une tarification progressive de l’électricité et du gaz permettra le droit effectif de tous aux services énergétiques de base, tout en luttant contre les gaspillages (…) ». Ce point de l’accord EELV-PS est une première étape vers davantage de sobriété et d’équité dans l’utilisation de l’énergie. La réussite de cette réforme sera de bon augure pour entamer l’immense chantier de la transition énergétique.
Il reste cependant impératif d’engager d’autres réformes pour la reconversion écologique de nos sociétés : suppression des niches fiscales grises favorisant la consommation d’énergie, contribution climat-énergie, prise en main par les collectivités des politiques de distribution d’énergie et d’efficacité, concilier justice sociale et protection de la planète. Le début d’un autre progrès est possible, maintenant.
Ce texte a été signé par Hélène Gassin, vice-présidente de la région Ile-de-France à l’énergie, environnement, agriculture, Denis Baupin, vice-Président de l’Assemblée nationale, Jean-Philippe Magnen, porte-parole national d’Europe Ecologie – les Verts et Thomas Matagne, responsable de la commission énergie d’EELV.
5 réflexions au sujet de “Électricité, gaz, eau : les petits consommateurs enfin avantagés”
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bravo! tout ce qui va dans le sens de plus de justice est bon. Il y a du pain sur la planche il faut qu’on y arrive.
La première des choses aurait été d’isoler les maisons et bâtiments en obligeant les propriétaires à le faire .Les locataires qui n’ont aucun moyen de diminuer leur facture payeront donc davantage . Puis rien sur le pétrole qui est l’énergie la plus polluante avec des ressources en diminution ! Le mélange des genres est extraordinaire ici . A quand chacun son éolienne et ses panneaux solaires fournissant l’énergie individuellement comme il fait son jardin ,il pourra se fournir en énergie sans passer par entreprise intermédiaire . C’est toujours par l’argent que l’on veut faire les choses sachez qu’un riche s’en fiche!
Avez vous pensé à ceux qui habitent à la campagne, qui ont de grandes maisons (même bien isolées) qui chauffent à minima et qui ont de toutes petites retraites? Comme ils sont vieux ils ont abandonné le chauffage au bois qui les chauffait depuis 40 ans et ont opté pour la pompe à chaleur air-eau.
Ils sont également obligés d’avoir un véhicule (car absence de transports en commun) et qui se sentent aussi comme d’autres, oubliés de la société…
Ecologiquement.
Ce projet de nouvelle tarification ( ou similaire )
a été refusé par le sénat, la volonté de la majorité de l’assemblée
nationale ( dont nous faisons partie, je suis adhérent d’EELV 09 )
maintiendra-t-elle la confirmation de cette loi en seconde lecture ?
Et quand ? et la mise en application dans des délais brefs ?
( Avec des décrets d’application clairs et produits à court délai ?
Amicalement
Dans le cadre du Débat sur la transition énergétique qui vient de commencer, il est important de
veiller à la mise en place d’une politique de transition énergétique EFFICACE et rester vigilants… quand je vois des projets d’installations d’éoliennes industrielles dans mon voisinage du Haut Segala alors qu’il n’y a quasi PAS DE VENT (c’est un pays d’eau ) soit de lourds investissements pour un rendement estimé d’environ 10% .(!)je me pose VRAIMENT des questions ! Veut on vraiment faire efficace .. ou bénéficier avant tout de subventions, niches fiscales, certificats verts … ?
+ voir article « Arnaques éoliennes » sur http://www.leseoliennes.be/politique/crisefinance.htm