Les mesures annoncées hier par le Premier Ministre pour le financement des retraites, même si plusieurs d’entre elles doivent être saluées, ne suffisent pas à constituer la réforme plus globale attendue.
EELV salue pour autant la décision d’ouvrir enfin les chantiers nécessaires à un système de retraites plus juste : prise en compte des années d’apprentissage, des temps partiels et de la pénibilité, égalité homme/femme.
Mais pour EELV, le système des retraites doit se penser en lien avec la question du financement du chômage, de la perte d’autonomie et de la politique familiale. Nous appelons de nos voeux à une réforme structurelle et d’envergure sur notre modèle de protection sociale dans son ensemble, condition indispensable à une réforme durable de notre système de retraites.
Concernant le système des retraites, nous avons quatre objectifs principaux : assurer une plus grande justice sociale, garantir une pérennité du système dans une perspective de croissance nulle ou très faible, penser la retraite en repensant le travail et notamment sa durée tout au long de la vie et son partage, enfin, articuler tout cela à l’instauration progressive d’un revenu universel. Dans cette optique, les propositions du gouvernement nous semblent en dessous des enjeux.
Ainsi l’allongement de la durée de cotisations répond à une logique datée. C’est pourquoi les écologistes y sont clairement opposés. Elle ne résout pas le problème du financement et s’inscrit encore dans une logique du « travailler toujours plus » dans un contexte où les seniors sont frappés massivement par le chômage. C’est donc une mesure injuste et inefficace.
Par ailleurs, à ce stade les mesures portent essentiellement sur les cotisations salariales, deux dimensions manquent au financement des retraites : la taxation nécessaire du capital et la participation des entreprises à l’effort de financement. Or sur ces deux points, la réforme annoncée n’avance pas de propositions suffisantes.
Si nous nous réjouissons de la prise en compte de la pénibilité, le dispositif proposé est encore insuffisant. Certes, il prévoit 1 an de départ anticipé pour 10 ans d’exposition, mais seulement à partir de 5 ans d’exposition aux facteurs de pénibilité. Cette restriction est inutile et pénalisante pour les salariés.
Concernant l’égalité femme- homme, nous prenons acte de la volonté du gouvernement de réduire les inégalités (baisse de niveau du smic pour le calcul des trimestres, fin de la bonification « trois enfants ») mais nous voulons aller plus loin pour rectifier les inégalités (par exemple par une bonification dès le premier enfant), ce qui implique de revoir aussi notre politique familiale. Pour ce qui concerne les jeunes, nous demandons que les stages soient pris en compte dans le calcul de la retraite.
Enfin, le projet gouvernemental présente des manques importants : Rien sur le réhaussement des retraites pour les plus pauvres des seniors, rien sur la solidarité entre les seniors, par une taxation des plus riches (augmentation CSG pour les plus riches par exemple), rien sur une meilleure prise en compte des carrières non linéaires.
A ce stade, pour EELV, les mesures proposées sont donc insuffisantes et ne sont pas à la hauteur d’une réforme des retraites ambitieuse et impérative pour notre pays.
Jean-Philippe MAGNEN, Elise LOWY, porte-parole